[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #49. Semaine du 19 au 25 mai 2019
Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 19 Mai au 25 Mai.
Dimanche 19 Mai.
Sully de Clint Eastwood sur TF1.
Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au « miracle sur l’Hudson » accompli par le commandant « Sully » Sullenberger. Celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully est salué par l’opinion publique et les médias, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.
De 208 secondes d’héroïsme à 6360 secondes de bravoure, Clint Eastwood offre un film à la carlingue luisante, impeccable mené de bout en bout qui vient le réimplanter comme l’un des grands cinéastes classiques d’Hollywood. Contrairement à l’affreux 15 h 17 pour Paris, le réalisateur ne livre pas une œuvre au patriotisme dégoulinant imposant la figure américaine comme un sauveur universel ; non, ici, il décortique l’acte héroïque, il en questionne la nécessité, s’interroge sur la vérité. C’est dans ce doute que réside toute la force du long-métrage. Dès lors, le rôle de Tom Hanks se complexifie drastiquement. Car ce que semble souligner Eastwood, c’est que l’époque doutera en permanence du héros, mais cela n’a aucune importance, car le héros est solitaire, il est celui qui a un instant précis a su prendre une décision plus qu’une autre.
Lundi 20 Mai.
The Immigrant de James Gray sur Cherie25.
1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui redonne confiance et l’espoir de jours meilleurs…
Lors de sa présentation en compétition, The Immigrant n’avait pas réellement soulevé l’enthousiasme autour de lui. Pourquoi ? D’abord, James Gray n’a jamais était très apprécié par le public de la Croisette, ensuite car ce film inscrit le réalisateur dans une mouvance un peu désuet, le mélodrame. Pourtant le genre est d’une beauté incommensurable et a donné au cinéma des moments suspendus, Out of Africa notamment. Mais, Gray comme tout grand cinéaste tient a s’approprier le genre, délesté de ses apparats, le mélodrame made in James Gray se transforme en une œuvre quasi naturaliste. Epurant sa mise en scène, il y déploie un récit sans explosion, mais imbibé par un tragique poisseux dans lequel émerge pour la première fois une figure féminine. Marion Cotillard. Bluffante. Plus que jamais au sommet.
Mercredi 22 Mai.
Personal Shopper de Olivier Assayas sur Arte.
Maureen, une jeune Américaine à Paris, s’occupe de la garde-robe d’une célébrité. C’est un travail qu’elle n’aime pas, mais elle n’a pas trouvé mieux pour payer son séjour et attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes…
On aurait pu nommer Personal Shopper, The Kristen Stewart Movie, car objectivement ce film est taillé pour elle. Un écrin qui permet de révéler que la saga Twilight, c’est fini depuis longtemps, mais derrière l’actrice un homme, Assayas qui livre ici une œuvre faite d’ambiguïté. Les genres se rencontre, la chronique d’une solitude se mue en une histoire de fantôme qui elle-même devient une sorte de thriller, cet enchaînement troublant conduit a faire de Kristen Stewart le centre de tout. Elle devient pour nous une boussole qui évite de s’égarer et reconnecte le film avec sa première phase, la chronique, celle d’une femme fouillant en elle-même pour pouvoir se reconstruire.
Thibaut Ciavarella