[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #43. Semaine du 7 au 13 avril 2019
Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 7 Avril au 13 Avril
Dimanche 7 Avril.
La Folle Histoire de Max et Léon de Jonathan Barré sur TF1.
1939. La guerre vient d’éclater, Max et Léon doivent s’engager. Si au départ ils ne réalisent pas les conséquences d’une telle mission, ils vont découvrir que la guerre n’est pas une affaire à prendre à la légère. Alors quand la défaite frappe, Max et Léon n’ont qu’une idée, fuir cette guerre…
Derrière La Folle Histoire de Max et Léon se cache l’un des duos — humoristes — français les plus talentueux de leurs générations, le Palmashow. Avec ce premier film, Grégoire Ludig et David Marsais tentent — comme beaucoup avant eux, le passage délicat entre télévision et cinéma. Pour l’occasion, ils renouent avec un genre un tantinet désuet, la comédie de guerre. Jouant la carte de l’hommage aux comédies type La Grande Vadrouille ou La 7e Compagnie, le film parvient à s’extirper de ces influences écrasantes. En effet, le Palmashow fait du Palmashow, autrement dit, ses répliques sont imbibées de jeu de mot et de références à la pop culture ; et les situations lorgnent vers une absurdité burlesque. Loin de n’être qu’une succession de petites vignettes humoristiques, Ludig/Marsais parviennent à tisser un récit d’aventure génialement divertissante.
Lundi 8 Avril.
Brazil de Terry Gilliam sur Arte.
Fonctionnaire modèle d’une sinistre mégalopole, Sam Lowry a des problèmes avec sa mère, et avec son employeur, l’État, omniprésent et tout-puissant. Pour couronner le tout, des songes bizarres l’entraînent chaque nuit à la recherche d’une jolie femme, blonde et inaccessible. À chaque fois qu’il croit la rejoindre, leurs trajectoires divergent et le rêve s’interrompt brutalement. Un jour, chargé d’indemniser la veuve de monsieur Buttle, un brave homme éliminé par erreur par la police, Sam découvre que la belle de ses rêves n’est autre que la voisine du défunt et qu’elle se nomme Jill Layton…
Grotesquement orwellien. Voilà comment on pourrait — certainement — le mieux définir Brazil, film chef-d’œuvre pour un Terry Gilliam au sommet de son art qui signe ici une réflexion sur la société du divertissement, cruellement visionnaire. D’une inventivité visuelle permanente, Brazil manie l’outil de l’humour avec précaution, lorgnant vers l’absurde, l’ex Monty Python n’en fait pas ressortir du pur rire, mais bien un certain effroi. Car le monde que décrit Gilliam est comme gangrénée par une folie inarrêtable, ou le héros n’existe plus, réduit à néant par un État tout-puissant; qui fait de l’individu un rouage d’un mécanisme qu’il peut changer si celui-ci est défectueux. Ainsi, Brazil s’impose comme une œuvre, certes désespérée, mais assurément gigantesque.
Mardi 9 Avril.
Populaire de Régis Roinsard sur 6Ter.
1958. Rose Pamphyle est une jeune femme qui est promise à un garagiste et doit devenir une femme au foyer. Mais, Rose ne veut pas de cette vie. Elle devient alors secrétaire pour Louis Echard, patron d’un cabinet d’assurance. Son don pour la machine à écrire donne l’idée à son patron de la faire participer à un concours de vitesse dactylographique.
Alors que le cinéaste prépare son retour cette année avec le film Les Traducteurs, retour sur l’une des surprises de l’année 2012 : Populaire. Reconstituant avec amour le charme des 50’s Roinsard signe un film à l’énergie virevoltante. Empruntant le sentier de la romcom, le film s’extirpe des convenances pour se faire une petite place aux carrefours des influences les plus opposées, comme si une Audrey Hepburn rencontrer Rocky. Originale dans son fond et sa forme, le film parvient à être léger sans être inconsistant, charmant sans être naïf. C’est un peu comme plonger dans un univers sentant l’odeur des chez nos grands-parents sans pour autant puer le renfermé. Du grand cinéma populaire.
Thibaut Ciavarella