[CRITIQUE] : Sauvage
Réalisateur : Camille Vidal-Naquet
Acteurs : Félix Maritaud, Eric Bernard, Nicolas Dibla, Philippe Ohrel, ...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Français
Durée : 1h39min
Synopsis :
Léo, 22 ans, se vend dans la rue pour un peu d’argent. Les hommes défilent. Lui reste là, en quête d’amour. Il ignore de quoi demain sera fait. Il s’élance dans les rues. Son cœur bat fort.
Critique :
Camille Vidal-Naquet n’est pas un petit nouveau du cinéma, même si Sauvage est son premier long métrage. Réalisateur de 3 court-métrages, dont un film expérimental en langue des signes, il est aussi professeur d’analyse filmique dans une école de cinéma privée à Paris. Pour son premier long, il a choisi de frapper fort en livrant un portrait sans concession d’un jeune prostitué. Pour être le plus juste possible, Camille Vidal-Naquet a avoué avoir passé 3 ans avec des hommes du bois de boulogne, à les observer et à comprendre leur condition. Même si le réalisateur appuie bien sur le fait que Sauvage est un film plus “doux” que la réalité, le film a ébloui Cannes pendant la Semaine de la Critique 2018, ainsi que le Festival d'Angoulême. Que vaut ce Sauvage, déjà annoncé comme le film sensation de l’année ?
Il serait faux de considérer le film comme une dénonciation des conditions catastrophique du milieu de la prostitution homosexuelle chez les hommes. Même si Sauvage est abrupte et montre avec précision l’état de santé parfois déplorable, les clients ambiguës et la drogue, le film est avant tout un portrait. Léo (on ne prononce jamais son nom dans le film) a juste 22 ans, se prostitue aussi longtemps qu’il s’en souvienne et n’a pas l’air de détester son job. Au contraire, il recherche avant tout de la tendresse. Et il en trouve parfois, chez des hommes seuls qui recherchent aussi pour une nuit des moments d’intimité, pour tromper la solitude. Mais Léo est en recherche d’amour, quelqu’un d’exclusif avec qui il pourra partager ce besoin de tendresse. Il jette son dévolu sur Ahd, un collègue qui sait mener sa loi dans leur parti du bois. Il est là pour faire respecter les prix, pour protéger les autres prostitués si besoin. Mais contrairement à Léo, il ferait tout pour s’échapper à sa condition. Et surtout, il est hétérosexuel. Malgré son attachement indéniable envers lui, Ahd ne partage pas le sentiment amoureux que ressent Léo pour lui.
C’est une personnification atypique, car le personnage n’est ni attaché à l’argent (aucune scène où on le voit compter ses billets, il se contente seulement de les empocher), ni attaché à quoi que ce soit de matériel (refuse d’avoir un téléphone portable car il ne trouve aucune utilité). Il est libre, contrairement à ce qu’on peut penser (de nombreux films sur la prostitution montre leur protagoniste emprisonner dans leur condition). Léo ne remet jamais en question son travail. Il erre dans les rues, malheureux non pas à cause du fait de vendre son corps mais à cause du rejet de Ahd face à son besoin d’amour. Le réalisateur avoue avoir été inspiré par Sans toit ni loi d'Agnès Varda, sans le côté analyse sociale.
Niveau mise en scène, Camille Vidal-Naquet a eu l’intelligence de filmer les scènes de sexe sans voyeurisme, ni embellissement ce qui donne des séquences crues et dures. Pourtant, c’est bien dans la mise en scène que le film pêche, car à force de mettre en avant la sublime prestation de Félix Maritaud (qui mérite ses prix d'interprétation), on en oublie la mise en scène dénuée de lâcher prise, beaucoup trop propre, avec un montage très minutieux inadéquat au sujet et à l’émotion.
Le manque d’enjeu du film se ressent également en plein milieu, où l'errance de Léo devient prévisible après des séquences de violence. De grosses ficelles scénaristiques font aussi leur apparition (comme le pianiste par exemple), gâchant quelque peu les magnifiques séquences d’émotions qui les précédent. Un scénario très répétitif, qui a au moins la bonne idée de faire place à l’émotion.
Vous l’aurez compris, Sauvage n’est pas un film parfait et heureusement, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Un portrait d’un jeune homme naïf, qui nous propose de passer un moment avec lui, pour partager la fulgurance de sa vie. Un torrent d’émotion et d’empathie se dégage envers ce héros et la violence de son rythme de vie. Sauvage porte bien son nom.
Laura Enjolvy
Portrait touchant d'un prostitué émancipé de tout, si ce n'est du besoin le plus fondamental : celui d'être aimé. Un premier film empreint de sentimentalité donc mais qui traite de la prostitution masculine avec discernement, évitant les écueils habituels pour se concentrer sur la quête existentielle de son héros. Le film tient d'ailleurs sa réussite en grande partie de Félix Maritaud dont la moue désinvolte, le regard fiévreux et surtout le talent irradient l'écran.
Au panthéon de la fétichisation, Camille Vidal-Naquet rejoint ainsi Nicolas Winding Refn et son Ryan Gosling avec notamment deux scènes de boîte de nuit où toutes les particules de Maritaud semblent avoir été mises bout à bout pour incarner Sauvage et dans le même temps redéfinir la masculinité. Loin des pubs éculées de Christian Dior. Mais toujours en revanche au plus près des corps.
Enlacés, malmenés, distants, tourmentés, absents, à travers eux ce sont les interactions humaines que le réalisateur inspecte, avec pour seul liant les caresses.
On regrettera simplement que cet intérêt ne se soit pas doublé d'une psychologie plus approfondie ou en tout cas moins maladroite par moment ainsi que la fin, on ne peut plus convenue et qui résulte de cette même carence malheureusement. Un premier film qui confirme toutefois qu'il fait bon vivre dans le cinéma d'auteur français et révèle, accessoirement, un futur grand en la personne de Félix Maritaud.
Anaïs
Léo, 22 ans, se vend dans la rue pour un peu d’argent. Les hommes défilent. Lui reste là, en quête d’amour. Il ignore de quoi demain sera fait. Il s’élance dans les rues. Son cœur bat fort.
Critique :
Malgré quelques défauts (la mise en scène en tête), #Sauvage est beau drame qui porte bien son nom, le portrait tout en errance d’un jeune homme atypique et naïf dont le quotidien violent nous propulse tout du long dans un puissant torrent d’émotion et d’empathie (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/4CtkmDqUIg— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 28 août 2018
Camille Vidal-Naquet n’est pas un petit nouveau du cinéma, même si Sauvage est son premier long métrage. Réalisateur de 3 court-métrages, dont un film expérimental en langue des signes, il est aussi professeur d’analyse filmique dans une école de cinéma privée à Paris. Pour son premier long, il a choisi de frapper fort en livrant un portrait sans concession d’un jeune prostitué. Pour être le plus juste possible, Camille Vidal-Naquet a avoué avoir passé 3 ans avec des hommes du bois de boulogne, à les observer et à comprendre leur condition. Même si le réalisateur appuie bien sur le fait que Sauvage est un film plus “doux” que la réalité, le film a ébloui Cannes pendant la Semaine de la Critique 2018, ainsi que le Festival d'Angoulême. Que vaut ce Sauvage, déjà annoncé comme le film sensation de l’année ?
Il serait faux de considérer le film comme une dénonciation des conditions catastrophique du milieu de la prostitution homosexuelle chez les hommes. Même si Sauvage est abrupte et montre avec précision l’état de santé parfois déplorable, les clients ambiguës et la drogue, le film est avant tout un portrait. Léo (on ne prononce jamais son nom dans le film) a juste 22 ans, se prostitue aussi longtemps qu’il s’en souvienne et n’a pas l’air de détester son job. Au contraire, il recherche avant tout de la tendresse. Et il en trouve parfois, chez des hommes seuls qui recherchent aussi pour une nuit des moments d’intimité, pour tromper la solitude. Mais Léo est en recherche d’amour, quelqu’un d’exclusif avec qui il pourra partager ce besoin de tendresse. Il jette son dévolu sur Ahd, un collègue qui sait mener sa loi dans leur parti du bois. Il est là pour faire respecter les prix, pour protéger les autres prostitués si besoin. Mais contrairement à Léo, il ferait tout pour s’échapper à sa condition. Et surtout, il est hétérosexuel. Malgré son attachement indéniable envers lui, Ahd ne partage pas le sentiment amoureux que ressent Léo pour lui.
C’est une personnification atypique, car le personnage n’est ni attaché à l’argent (aucune scène où on le voit compter ses billets, il se contente seulement de les empocher), ni attaché à quoi que ce soit de matériel (refuse d’avoir un téléphone portable car il ne trouve aucune utilité). Il est libre, contrairement à ce qu’on peut penser (de nombreux films sur la prostitution montre leur protagoniste emprisonner dans leur condition). Léo ne remet jamais en question son travail. Il erre dans les rues, malheureux non pas à cause du fait de vendre son corps mais à cause du rejet de Ahd face à son besoin d’amour. Le réalisateur avoue avoir été inspiré par Sans toit ni loi d'Agnès Varda, sans le côté analyse sociale.
Niveau mise en scène, Camille Vidal-Naquet a eu l’intelligence de filmer les scènes de sexe sans voyeurisme, ni embellissement ce qui donne des séquences crues et dures. Pourtant, c’est bien dans la mise en scène que le film pêche, car à force de mettre en avant la sublime prestation de Félix Maritaud (qui mérite ses prix d'interprétation), on en oublie la mise en scène dénuée de lâcher prise, beaucoup trop propre, avec un montage très minutieux inadéquat au sujet et à l’émotion.
Le manque d’enjeu du film se ressent également en plein milieu, où l'errance de Léo devient prévisible après des séquences de violence. De grosses ficelles scénaristiques font aussi leur apparition (comme le pianiste par exemple), gâchant quelque peu les magnifiques séquences d’émotions qui les précédent. Un scénario très répétitif, qui a au moins la bonne idée de faire place à l’émotion.
Vous l’aurez compris, Sauvage n’est pas un film parfait et heureusement, ce n’est pas ce qu’on lui demande. Un portrait d’un jeune homme naïf, qui nous propose de passer un moment avec lui, pour partager la fulgurance de sa vie. Un torrent d’émotion et d’empathie se dégage envers ce héros et la violence de son rythme de vie. Sauvage porte bien son nom.
Laura Enjolvy
Portrait touchant d'un prostitué émancipé de tout, si ce n'est du besoin le plus fondamental : celui d'être aimé. Un premier film empreint de sentimentalité donc mais qui traite de la prostitution masculine avec discernement, évitant les écueils habituels pour se concentrer sur la quête existentielle de son héros. Le film tient d'ailleurs sa réussite en grande partie de Félix Maritaud dont la moue désinvolte, le regard fiévreux et surtout le talent irradient l'écran.
Au panthéon de la fétichisation, Camille Vidal-Naquet rejoint ainsi Nicolas Winding Refn et son Ryan Gosling avec notamment deux scènes de boîte de nuit où toutes les particules de Maritaud semblent avoir été mises bout à bout pour incarner Sauvage et dans le même temps redéfinir la masculinité. Loin des pubs éculées de Christian Dior. Mais toujours en revanche au plus près des corps.
Enlacés, malmenés, distants, tourmentés, absents, à travers eux ce sont les interactions humaines que le réalisateur inspecte, avec pour seul liant les caresses.
On regrettera simplement que cet intérêt ne se soit pas doublé d'une psychologie plus approfondie ou en tout cas moins maladroite par moment ainsi que la fin, on ne peut plus convenue et qui résulte de cette même carence malheureusement. Un premier film qui confirme toutefois qu'il fait bon vivre dans le cinéma d'auteur français et révèle, accessoirement, un futur grand en la personne de Félix Maritaud.
Anaïs