[CRITIQUE] : Avant que nous disparaissions

Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Masami Nagasawa, Ryuhei Matsuda, Hiroki Hasegawa, Mahiro Takasugi, Yuri Tsunematsu, ...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Science fiction
Nationalité : Japonais
Durée : 2h09min.

Synopsis :
Alors que Narumi et son mari Shinji traversent une mauvaise passe, Shinji disparaît soudainement et revient quelques jours plus tard, complètement transformé. Il semble être devenu un homme différent, tendre et attentionné. Au même moment, une famille est brutalement assassinée et de curieux phénomènes se produisent en ville. Le journaliste Sakurai va mener l’enquête sur cette mystérieuse affaire.

Critique :

#Avantquenousdisparaissions est une petite pépite SF totalement frappée et lugubre, un trip complètement dingue sur une femme confrontée au retour improbable de son mari disparu.
Une romance extraterrestre singulière cornaquée avec maitrise par un Kurosawa au sommet de son art. pic.twitter.com/6ADK8wUTZs
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 15 mars 2018

Alors que Creepy sortait tout juste en salle, les festivaliers de Cannes ont pu voir en avant première le nouveau film du réalisateur prolifique qu'est Kiyoshi Kurosawa, sélectionné pour « Un certain regard ». Nous pouvons dès à présent découvrir ce film à la fois drôle et pesant, liant le fantastique à un réalisme désarmant.
Avant que nous disparaissions est une adaptation d'une pièce de théâtre japonaise du même nom, écrite par Tomohiro Maekawa, une parodie des films de science fiction des années 50. Ce qui a séduit le réalisateur qui voulait faire de la science fiction depuis un moment. Mais ce ne serait pas un film de Kurosawa si le film ne distillerait pas en plus un malaise palpable.

Car ce qui est fascinant dans ce film c'est le mélange. La science fiction est belle et bien là, avec ces extraterrestres, robotiques, cherchant à comprendre les concepts humains pour les voler. Mais le réalisateur tend aussi vers le réalisme d'une humanité menaçante et pas si innocente qu'il n'y paraît. Car les « guides » des extraterrestres ne sont pas d'accord pour une invasion, mais ne font rien pour l'empêcher. Kurosawa analyse aussi un couple dysfonctionnel (comme Creepy) et le côté malsain des médias. Le comique s'insinue étrangement pendant le visionnage, tant les situations absurdes prennent le dessus. Et quelques punchlines font mouches.
Avant que nous disparaissions fait référence à des films de science fiction, tel que L'invasion des profanateurs de sépultures, ce que Kurosawa ne nie pas. Mais pas seulement. L'humour, les scènes d'action et l'invasion extraterrestre font penser à The World's End de Edgar Wright. Le côté robotique des aliens et la relation amicale ambiguë entre un humain et un extraterrestre font penser à l'anime japonais Parasite. Et une étrange séquence d'un affrontement entre un homme et un avion font évidemment penser à La Mort aux Trousses de notre cher Hitchcock.

Ce capharnaüm n'est malheureusement pas maitrisé tout le long du film. Certaines scènes d'action peuvent faire tiquer le spectateur, ainsi que le final, long à venir. Et si vous cherchez une explication sur le pourquoi du comment, vous serez forcément déçus.
Film passionnant, Avant que nous disparaissions est une œuvre à part. Mais si vous aimez les films bizarroïdes, à la fois drôle, ambiguë et totalement décalé, il est fait pour vous.

Laura Enjolvy