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[CRITIQUE] : The Rider



Réalisateur : Chloé Zhao
Acteurs : Badry Jandreau, Tim Jandreau, Lilly Jandreau,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Américain
Durée : 1h45min.


Synopsis :
Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu'après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu'il ne peut plus s'adonner à l'équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d'une nouvelle identité et tente de définir ce qu'implique être un homme au coeur de l'Amérique.

 



Critique :




Réalisatrice talentueuse, Chloé Zhao fut découverte en 2015 grâce au merveilleux Les Chansons que mes frères m'ont apprise, petite boule de grâce et de délicatesse où l'on suivait les pérégrinations douloureuses entre misère et débrouille extrême, d'une famille sioux dans une réserve indienne du Dakota du Sud.
L'Amérique dans ce qu'elle a de plus beau, apaisant, mais aussi de plus violent et révoltant, porté par le regard aussi tendre que critique d'une cinéaste définitivement à suivre.
Trois ans plus tard, elle revient plus inspirée que jamais avec son second essai, The Rider, véritable bête de festival à la caméra toujours bien vissée sur la communauté de " marginaux " de l'American Dream, logée dans la réserve de Pine Bridge.



Sublime exemple de cinéma-vérité dont la sincérité et la fragilité transpirent de tous les pores de la pellicule, The Rider permet à la réalisatrice sino-américaine de creuser un petit peu plus le sillon de sa vision de l'Amérique, par le prisme du destin empathique de Brady, jeune cowboy qui fut jadis une étoile montante du rodéo, avant que sa vie ne bascule après qu’un cheval, âme sauvage qu'il apprivoise comme personne, ne lui écrase le crâne au cours d’un show.
D'une authenticité et d'une mélancolie rares, Zhao porte un regard bienveillant sur une figure exaltée et torturée (Brady Jandreau, formidable), obligée par la force d'une existence qui donne plus d'uppercut que de coups de pouce, à se reconstruire dans un monde où la seule perspective d'avenir, la seule échappatoire est un métier qu'il ne peut plus tenir.
Où comment trouver un sens à sa vie en la remettant constamment en jeu par péché de tentation et d'idéal, la survie comme seule motivation pour simplement avoir le courage de vivre.



Convoquant avec intelligence les grands espaces ricains comme feu le légendaire John Ford, terre d'espoir et de (fausse) liberté où l'homme vit en communion avec une nature elle aussi précarisée, maltraitée, rejetée par le " monde nouveau ", The Rider incarne tout du long un regard intimiste et vibrant sur les laissés-pour-compte d'une Amérique fatiguée et (presque) agonisante; un regard jamais vulgarisé ni par un ton larmoyant putassier, ni par la mise en scène, sobre et joliment contemplative.
D'une universalité vibrante et déchirante, caressant la cicatrice béante d'une passion bouillante et arrachée arbitrairement par la vie, Chloé Zhao fait de son second long une chevauchée fantastique à l'humanisme terrassant, dont on ressort profondément ému et troublé.
La marque d'un grand film et, définitivement, d'une potentielle grande orfèvre du septième art...


Jonathan Chevrier



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