[CRITIQUE] : America
Réalisateur : Claus Drexel
Acteurs : -
Distribution : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Américain
Durée : 1h22min
Synopsis :
Novembre 2016 : les États-Unis s’apprêtent à élire leur nouveau président.
AMERICA est une plongée vertigineuse au cœur de l’Arizona, à la rencontre des habitants d’une petite ville traversée par la Route 66, les héritiers cabossés du rêve américain qui nous livrent leurs espoirs et leurs craintes.
Critique :
Avec #America, Claus Drexel dessine le portrait nostalgique et sans clichés d’une Amérique oubliée par Hollywood, les média et toute représentation populaire; une Amérique que l’on ne voit jamais, que l’on connaît peu, mais qui n'en est pas moins passionnante à suivre pic.twitter.com/v0I4xMzeVF— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 18 mars 2018
America, le documentaire réalisé par Claus Drexel et son
acolyte photographe Sylvain Leser, porte bien son nom. En pleine période électorale,
il nous plonge dans les profondeurs des Etats-Unis, dans la petite ville de
Seligman en Arizona, où les habitants sont de fervents patriotes et n’ont
jamais quitté leur pays, voire leur état. On découvre le portrait d’une
Amérique oubliée par Hollywood, les média et toute représentation populaire ;
une Amérique que l’on ne voit jamais, que l’on connaît peu.
Cette Amérique où être cowboy est une profession, avoir une arme une obligation et voter Trump une solution. Les quatre-vingt-deux minutes de film consistent en une
succession de plans fixes alternant entre les paysages de la ville et les témoignages
de ses habitants. Aucun contraste, tout nous ramène à ce que l’on dirait être
un autre siècle. Les paysages à couper le souffle, dignes de décors de westerns
sont sublimés par une photographie grandiose. La musique d’Ibrahim Maalouf qui
les accompagne permet au spectateur de plonger dans l’authenticité du film et
de réfléchir aux mots qu’il vient d’entendre.
Ces mots sont prononcés à tour de rôle par différents
habitants de la ville qui donnent leur opinion politique ou religieux, qui s’expriment
crûment sur leur façon de vivre, et qui ne mentent pas à la caméra. C’est ici
la grande réussite de Drexel : représenter l’Amérique profonde sans aucun
cliché, donner la parole à ceux que l’on n’entend jamais et qui, contrairement
à ce que pense l’opinion commune, sont tous très différents. Tandis que
certains nous expliquent pourquoi être armé leur semble vital, d’autres
déplorent la légalité du port d’arme. Et quand beaucoup supportent Donald
Trump, les autres n’y voient qu’un désastre. Mais tous semblent avoir un point
commun : une certaine nostalgie d’un temps où les Américains géraient
eux-mêmes leur vie en communauté, où le shérif et le pasteur étaient les
symboles de pouvoir, où l’on dégainait son colt pour protéger sa femme et ses
enfants.
Dans ce documentaire, tout, de son titre à la façon de filmer en passant par la musique, est d’une simplicité fascinante. Fascinante car l’absence de mise en scène et d’artifices permet au spectateur de toucher du doigt une authenticité rare et précieuse. C’est un moyen de se plonger dans le quotidien de gens dont nous ne savons rien sans juger, juste en écoutant. Enfin, c’est avec des films comme celui-ci que l’on se rend compte de ce qu’est la véritable « America ».
Éloïse Rocca