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[CRITIQUE]: La Belle et la Belle



Réalisatrice : Sophie Filliéres
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Agathe Bonitzer, Melvil Poupaud...
Distributeur : Memento Films distribution
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Francaise
Durée : 1h35

Synopsis :
Margaux, 20 ans, va faire la rencontre de Margaux, 45 ans. Il s’avère que les deux femmes ne sont qu’une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie…




Critique :


Pour son nouveau film, la cinéaste Sophie Filiéres s’aventure sur un terrain un brin fantastique la rapprochant du Peggy Sue s’est Mariée du monstrueux Francis Ford Coppola. Dès lors, il faut bien reconnaître à la réalisatrice de Arrête ou je continue (2014), une certaine audace en faisant imploser les codes de comédie sentimentale grâce à ce twist fantastique.
Malheureusement, passé la surprise initiale, La Belle et la Belle ne tire pas pleinement parti de son originalité, l’aspect apparaît rapidement comme un simple artifice et la seconde partie du film semble tourner en rond.
Le propos au cœur du récit est lié à l’amour. En faisant tomber amoureuse ses deux Margaux du même homme, la réalisatrice s’interroge : l’amour est-il écrit, déterminé, prédestiné ? Elle capte surtout — et peut-être avant tout — la mutation de ce sentiment, la jeune Margaux est troublée par cet homme-là ou la Margaux de 45 ans est prise d’une certaine mélancolie d’une époque passée.



Dès lors, le film s’éloigne drastiquement de ce postulat fantastique pour aboutir à une réflexion autour du temps, les regrets, les erreurs ou encore la quête du bonheur c’est certes un brin nostalgie, mais emportée par un sens de la cocasserie.
Car, ce qui sauve l’ensemble c’est l’indéniable talent de Sophie Filières pour l’écriture de ses dialogues. En effet, elle parvient à capter les manies du langage avec un certain naturel apportant une vraie fraîcheur et quelques pitreries au récit. Mais surtout, elle esquisse avec beaucoup de subtilité les liens invisibles, ces tics qu’on ignore souvent nous-mêmes, mais qui unissent les deux Margaux.



Le film est aidé par l’ensemble de sa distribution, l’impeccable Melvil Poupaud, la fraîcheur de la jeune Agathe Bonitzer, mais surtout une Sandrine Kiberlain délicieuse, qui incarne avec une certaine délectation les mots de Sophie Filières.
En bref, La Belle et la Belle est une plaisante comédie, on aurait aimé que le twist fantastique qui enrobe le film ne soit pas qu’un simple gadget dont la réalisatrice se débarrasse bien trop facilement.



Thibaut Ciavarella