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[CRITIQUE] : Les Proies


Réalisateur : Sofia Coppola
Acteurs : Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Colin Farrell, Elle Fanning,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre :  Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h33min.

Synopsis : 
En pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d'un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Alors qu'elles lui offrent refuge et pansent ses plaies, l'atmosphère se charge de tensions sexuelles et de dangereuses rivalités éclatent. Jusqu'à ce que des événements inattendus ne fassent voler en éclats interdits et tabous.



Critique :




Qu'on se le dise, et ce même si son dernier long métrage n'a pas fait bander plus que cela critiques et spectateurs en salles, la jolie Sofia Coppola n'a strictement plus rien à prouver à personne.
Plus qu'une simple " fille de ", elle avait mis tout le monde d'accord sur son talent dès son premier long en 2000, le sublime Virgin Suicides, avant de littéralement fracasser la baraque avec ses deux autres chef d’œuvre Lost in Translation et Marie Antoinette.



Une grande cinéaste donc qui, à l'instar de son glorieux pater, l'immense Francis Ford, n'aura pas forcément bien négocié le virage des années 2010, elle avec le sympathique mais plat Somewhere (qui permit tout de même de révéler l'excellente Elle Fanning) et le moyennement bandant The Bling Ring; lui avec le ronflant Tétro et le gros tâcheron intersidéral Twixt (avec Val " Gérard Depardieu " Kilmer).
Dans un souci de rendre ses lettres de noblesses à un nom prestigieux qui ne fait plus vraiment rêver les cinéphiles - sauf si celui-ci est conjugué au passé -, la Sofia revient donc en grande pompe en cette fin d'été ciné, après un joli passage cannois - prix de la mise en scène en prime -, avec Les Proies; faux remake du film de Don Siegel porté jadis par le vénéré Clint Eastwood, mais in fine vraie adaptation du roman éponyme écrit par Thomas P. Cullinan.



Concu presque comme une relecture un brin scolaire d'une péloche hautement subversive et ambigu, contant l'arrivée troublante, en pleine guerre de Sécession, d'un soldat blessé au sein d’un internat de jeunes filles; The Beguiled en v.o, prend décemment le part d'offrir une vision féminine pertinente du matériau original, à travers un canevas imposant de portraits de femmes tourmentées par le désir masculin et les fantasmes aux plurielqu'il peut susciter (incarné par un Colin Farrell, Eastwood du pauvre pas charismatique pour un sou en menace/moteur du récit).
Faux thriller mais vrai drame prenant, intimiste et subtilement féministe comme la cinéaste en a si bien le secret, captant langoureusement le trauma d'une pureté mis en péril par un jeu de séduction/guerre des sexes à la perversité implacable (le désir sexuel doublé aux échos de la guerre de Sécession en fond), Les Proies cite autant le traitement du film de Siegel que le premier long de la cinéaste, Virgin Suicides, aux thèmes loin d'être opposées.



En revanche, on pourra décemment reprocher à la belle Sofia, de ne jamais prendre position envers ses personnages (qu'elle ne juge pas), ou même de botter en touche face à toute potentielle envolée transgressive ou déstabilisante, en misant sur une pudeur et un masque d'innocence séduisant mais point mordant.
Poème pictural à la réalisation léchée, élégant mais pas vénéneux (bye bye la dimension politique ou encore l'impact visuel de la tension du film de Siegel), Les Proies est un pur film " Coppola " autant dans ses faiblesses que dans son maniérisme et ses infinies qualités, qui risque une fois de diviser les spectateurs à son sujet.
Un bon - et court - moment de cinéma, mais pour le retour en grâce toutefois, on repassera.


Jonathan Chevrier



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