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[CRITIQUE SÉRIES] : INTO THE BADLANDS : Clipper's rules


(Critique de la saison 1).

Si Alfred Gough et Miles Millar se sont bien plus illustrés sur le petit que le grand écran (on leur doit le scénario original de l'excellent Spider-Man 2, et ils ont également participé à l'écriture du script de L'Arme Fatale 4 et du très moyen Numéro 4), le duo est surtout connu pour avoir narré pendant dix ans la jeunesse romancée du jeune Clark Kent dans la série Smallville; référence du teen movie super-héroïque dont on utilise encore le moule du côté de la CW - Arrow mais surtout The Flash. Absent de la télévision US depuis le four aussi bien critique que créatif Charlie's Angels - revival foireux de la série culte -, ils ont patiemment préparé leur retour avec deux projets aussi ambitieux qu'il sont méchamment référencés sur le papier : Into The Badlands tout d'abord, et prochainement The Shannara Chronicles sur MTV.
Diffusé par une chaine câblée peinant grandement à se renouveler entre deux cartons imposants - AMC, qui a commandé sa première saison sans mirer son pilote -, le show, véritable ovni dans une rentrée télé pourtant riche en surprises, veut à la fois remettre au gout du jour les arts martiaux à la télévision - tout comme la mésestimé Kingdom -, tout autant que de surfer sur la renaissance improbable du genre post-apocalyptique grâce au triomphe (mérité) de Mad Max Fury Road.


Dans un futur lointain et post-apocalyptique, sur un territoire contrôlé par sept barons rivaux, Quinn, l'un des plus puissants d'entre eux, doit faire face à la montée en puissance d'une redoutable adversaire, la Veuve, qui fait preuve d'un appétit féroce pour l'affrontement. Dans ces périlleuses contrées, Sunny, le plus redoutable guerrier Clipper, s'embarque dans une dangereuse odyssée en compagnie d'un jeune garçon, M.K., doté de mystérieux pouvoirs et semblant lié à son passé. Ensemble, ils vont tenter d'accéder au-delà des badlands et trouver la liberté...
Relecture post-apocalyptique du roman chinois La Pérégrination vers l’Ouest, fortement influencé par le cinéma de John Ford (maitre du western) et le genre wu xia pian (Il Était une fois en Chine, Tigre et Dragon), empruntant autant aux Mad Max de George Miller (références évidentes du genre post-apo au futur régressif) qu'au dessin animée culte Ken Le Survivant; Into The Badlands réunit une pléthore de codes avec adresse pour incarner un show unique et jamais vu auparavant, un divertissement total, fascinant et généreux dont la seule faiblesse, apparente, est le manque de moyen budgétaire l'obligeant à revêtir une esthétique des plus kitsch.


Dans un monde dystopique, les Badlands (au nom encore une fois pas si éloigné du Wasteland de Mad Max) ou les épées et le kung fu sont les seules armes pour conquérir et combattre son prochain, le duo Millar et Gough prend son temps développer un univers original aux multiples possibilités scénaristiques, posant lentement (trop parfois) les bases de son arrière-plan manipulateur pour mieux articuler ses personnages vers une révolution par le sang, aux conséquences ravageuses.
Violente, prévisible mais pas pour le moins hautement séduisante, jonglant sur le fil tenu du drama fantastique et de la série B nanardesque pleinement jouissive (du gore décomplexé au jeu des acteurs parfois très limite, sans oublier une pluie de dialogues insignifiants) et portée par des scènes de combats lisibles et minutieusement orchestré (rappelant clairement le dyptique IP Man avec le vénéré Donnie Yen), qui incarnent sans aucun doute les plus impressionnantes sur le petit écran; la première salve de six épisodes qui composent la première saison d'Into The Badlands, certes un poil trop courte, offre une spectacle solide et crédible de bout en bout et parvient sans peine à se hisser parmi les meilleures nouvelles séries de la rentrée 2015 - au même titre que Master of None et Quantico.

Mieux, elle permet de mettre en lumière les talents athlétiques et scéniques de Daniel Wu (véritable révélation du show), proche de Jackie Chan et découvert dans New Police Story, qui ne devrait pas tarder à frapper à la grande porte d'Hollywood dans un futur proche... et non dystopique.


Jonathan Chevrier


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