[CRITIQUE] : Légendes Vivantes
Réalisateur : Adam McKay
Acteurs : Will Ferrell, Paul Rudd, Steve Carrell, David Koechner, Kristen Wiig, Harrison Ford, James Marsden, Christina Applegate,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : 50 000 000 $
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Le journaliste présentateur Ron Burgundy se voit offrir un poste sur une chaîne d'information 24h/24 et intègre le network avec son ancienne équipe.
Critique :
Pour tous les amoureux du cinéma US con-con sur les bords - et le mot est faible -, Will Ferrell est un roi absolu que l'on se doit de vénérer à sa juste valeur tant son idiotie est magique, et ce même si dans nos contrées, le bonhomme est salement boycotté par les spectateurs.
Roi du box-office sur ses terres, quasi-has been ou presque dans le reste du monde - merci les distributeurs hexagonaux d'ailleurs - même si il est l'objet d'un culte assez important, voilà la cruelle destinée de ce géant de la comédie, un doux dingue dans les tous les sens du terme, habitué aux parodies sportives potaches mais toujours de bons gouts pour les initiés.
Révélé par le Saturday Night Live, le bonhomme a connu son vrai premier succès en solo avec l'immensément bon Ron Burgundy - Présentateur Vedette, énorme pastiche du milieu du journalisme télé dans les années 60 qui intronisa au panthéon du culte le personnage de Ron Burgundy, macho/loser pathétique et présentateur à la moustache fringante, qui incarnait la classe absolu de San Diego, tout en étant un abruti pas fini.
Accompagné d'une équipe de journalistes tout aussi délirante que lui - ainsi que du chien le plus intelligent du monde, Baxter son fidèle compagnon -, le bonhomme faisait la pluie et le beau temps du journalisme locale, avant de devoir partager le leadership de l'information avec ce qui sera sa future femme, l'ambitieuse aux dents longues Veronica.
Tout un programme donc, pour ce qui reste l'une de ses meilleures péloches et qui méritait depuis belle lurette, une suite.
Dite suite qui mit du temps à se monter avant de finalement débarquer dans les salles obscures US en décembre dernier, et injustement chez nous cette semaine, balancé vulgairement et sans aucune promotion, dans les bacs à DVD/Blu-Ray (on est quand même l'un des derniers pays du monde à avoir l'opportunité de le mirer, hors téléchargement illégal).
Avec le même casting que le premier opus et toujours signé par l'excellent Adam McKay - l'un des seuls à pouvoir capter à la perfection le génie de Ferrell -, Légendes Vivantes (titre assez ridicule soit dit en passant) est un excellent second opus, loin de l'aura cultissime et qualitative du film original certes, mais il réussit la prouesse, après avoir attisé une pluie d'attentes diverses, d'incarner une divertissante et surprenante suite foutraque à souhait, sous forme de remake plus ou moins bien inspiré mais constamment désopilante.
C'est avec une nostalgie certaine que l'on retrouve donc Ron, congédié pour ses nombreux écarts de conduite et son incompétence légendaire, et qui doit faire face également à la perte de sa bien-aimée Veronica, lassée de ses débordements de conduites.
Sauf qu'après toutes ses galères - et un job d'animateur de parc aquatique qu'il foirera également dans les grandes largeurs -, la chance lui sourira enfin lorsque qu’on lui offrira l'opportunité de collaborer pour une nouvelle chaîne d’actualité en continu à New York.
Restera plus pour lui que de convoquer ses anciens coéquipiers - Champ, Brian et Brick -, pour aller à l'assaut de la Grande Pomme, et de foutre un grand coup de pieds dans la fourmilière de l'information télévisée.
Anchorman 2 ou une séquelle au sein de laquelle toutes les qualités peuvent également - et étrangement - apparaitre comme des défauts aux yeux des cinéphiles, même si toutes les intentions du duo McKay/Ferrell (qui s'occupe ici de leur première suite) ne vogue vers qu'un seul et unique but : faire rire.
Au choix de chacun donc (personnellement, je suis clairement du premier camp), de se laisser ou non enivrer par son charme vintage, sa force comique volontairement crétine, imposante et foutraque qui donne lieu à des scènes purement surréalistes, son cabotinage hautement jouissif et ses caméos à gogo - la guerre des JT y est encore plus imposante que dans Présentateur Vedette -, car Légendes Vivantes repousse encore un peu plus loin les limites de l'extrême, entre dressage de requin, blagues racistes, misogynes et rétrogrades à gogo et un n'importe quoi global et méchamment bien maitrisée - du moins, plus qu'on le pense -, tout en n'hésitant même pas une seule seconde à replonger dans la redite à coups de clins d’œils lourdement forcé au film original.
Ou comment jouer avec audace, sur le comique de répétition sans aucun complexe et surtout sans ne jamais trop en abuser.
Même si il sent un brin le déjà-vu parfois dans sa volonté de s'inscrire dans la continuité et de faire du pied aux fans de l’œuvre originale (beaucoup de scènes rappellent le premier film, notamment celle finale d'avec Baxter), et qu'il ne s'épargne pas quelques longueurs - on frôle les deux heures de délire - ainsi qu'un rythme assez inégal, on reste porté tout du long par cet immense délire jubilatoire qui fait évoluer considérablement certains de ses personnages - Brick surtout - et amuse autant les spectateurs que ses artisans.
Une farce satirique et génialement odieuse qui interroge avec pertinence sur les mœurs de la société ricaine tout autant que sur la manipulation médiatique et son côté entertainment d'aujourd'hui.
Au casting Will Ferrell, plus impliqué et dévoué à son personnage que jamais, confirme ses talents d'incroyable meneur de troupe d'inadaptés à la société, et explose littéralement l'écran par son charisme et son humour hautement fédérateur et communicatif, mais qui sera certainement une fois de plus, pas récompensé à sa juste valeur.
A ses côtés, Steve Carrell nous plie toujours en quatre (et même plus encore que pour le précédent film), se payant en prime une love story avec la fabuleuse Kristen Wiig, et même si Paul Rudd y est un poil en retrait, on prend toujours autant de plaisir à le retrouver aux côtés des deux membres influents du Frat Pack (Carrell et Ferrell).
Derrière côté second-couteaux, on ne pourra qu'offrir une mention spécial à l'incroyablement mésestimé James Marsden, génial en ordure jusqu'au bout des ongles (et aux noms de scènes assez cocasse), mais également à Harrison Ford en présentateur/loup-garou ou encore au duo improbable Jim Carrey/Marion Cotillard en journalistes canadiens qui s'excusent souvent.
Imprévisible dans son jusqu'au-boutisme et donc totalement attachant dans sa bêtise et son exagération la plus sincère, le film se moque des conventions pour incarner un ovni total, libéré de toutes contraintes narratives et décomplexé à souhait, certes moins barré que le merveilleux Casa de Mi Padre, mais quand même méchamment savoureux.
Au bas mot, Légendes Vivantes s'inscrit déjà au titre de meilleur comédie de l'année 2014, et explose pour le moment tous ses petits concurrents, en attendant les sorties des deux hits de Seth Rogen dans l'hexagone (Nos Pires Voisins et The Interview), ainsi que de l'attendu Dumb and Dumber To.
Qu'on se le dise, si le titre français est légèrement à chier, il a au moins raison sur une chose, Will Ferrell est une légende incontesté et incontestable du rire, et on ne peut que souhaiter une longue vie au roi...
Jonathan Chevrier