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[CRITIQUE] : Palo Alto


Réalisateur : Gia Coppola
Acteurs : James Franco, Emma Roberts, Nat Wolff, Zoe Levin, Jack Kilmer, Val Kilmer,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
Piégés dans le confort de leur banlieue chic, Teddy, April, Fred et Emily, adolescents livrés à eux-mêmes, cherchent leur place dans le monde. Ils ont soif de sensations fortes et testent leurs limites. L’alcool, les drogues et le sexe trompent leur ennui. Ils errent sans but dans les rues ombragées de Palo Alto incapables de voir clair dans le tourbillon confus de leurs émotions. Sauront-ils éviter les dangers du monde réel ?




Critique :

Gia Coppola ou le Coppola nouveau, qui a la volonté assez surprenante de ne pas se laisser écraser par l'importance de son nom de famille tout en s'évertuant à faire perdurer, avec panache, l'emprise de la dynastie Coppola sur le septième art mondial.

Gentiment caché derrière l'ombre large et imposante de son grand-papa Francis, celle priceless de sa talentueuse de tante Sofia, de son sympathique tonton Roman et de ses cousins acteurs de génie Jason (Schwartzman) et Nicolas (Cage), la jeune demoiselle passe donc directement par la case " derrière la caméra " pour sauter dans le grand bain du septième art.

Photographe de formation, et après avoir squatté les tournages de Sofia (en tant qu'assistante-costumière sur Somewhere) et de Francis (consultante sur le palot Twixt), bref, rien ne laissait présager qu'elle nous arrive cette semaine avec Palo Alto, son premier long, adaptation d'un recueil de nouvelles du couteau-suisse de talent James Franco, et pour lequel a su habilement s'entourer, que se soit de l'aura protectrice et qualitative de sa tante, ou de techniciens de talents comme Richard Beggs, designer sonore ayant bossé plus d'une fois pour la famille Coppola.


Palo Alto ou l'histoire donc, de quatre adolescents livrés à eux-mêmes et issus de la banlieue californienne, Teddy, April, Fred et Emily.
Chacun cherche à tromper l'ennui à sa façon, via l'alcool, la drogue ou encore le sexe.

Une quête continuel de sensations fortes pour un quotidien désenchanté qui caractérise douloureusement une jeunesse complétement désœuvrée et blasée...

Rien que dans son pitch - et même si il n'est pas très honnête de juger un quelconque cinéaste par rapport à ses liens familiaux -, il serait très malhonnête de ne pas admettre que l'on se croirait méchamment chez Sofia Coppola, avec ses chroniques sur l'adolescence brisée des classes aisées, et son thème de prédilection, à savoir la difficulté de trouver sa place et de se construire dans un monde de paraitre (L.A rule's).

Même thématiques donc, mais également même gout pour son casting de " fils et fille de " voir même consanguin (Bailey Coppola fait lui aussi parti du casting, une habitude de rester en famille chez les Coppola), une bande sonore enivrante et à la mode, ainsi qu'une image filtrée et vintage, si le tout ne laisse transparaître aucune faute de gout, en revanche il laisse un sale gout de déjà-vu dans la bouche de cinéphiles ne s'attendant pas réellement à un copie-calque aussi probant de The Bling Ring ou encore Virgin Suicides (clairement cité d'ailleurs, pendant le film).


Mais c'est l'envahissante rançon de la gloire quand on s'appelle Coppola, être automatiquement comparer à ses pairs et encore plus quand on se laisser aller la tentation d'imiter un brin, les magnifiques films de ces ainés.

Dommage, car la Gia montre pourtant de belles aptitudes de réalisatrice - que ce soit sur son découpage ou certains cadres absolument sublimes -, elle qui aura choisit comme baptême du feu, un sujet qu'elle connait mieux que quiconque puisqu'elle même à fait partie de la jeunesse dorée californienne.

S'attachant solidement à ses personnages paumés dont elle épouse pleinement - et avec un regard aussi doux que juste - les trajectoires qui peinent à se trouver un but précis, adolescence en pleine perte de repère qui rappelle  aussi bien (et beaucoup) The Outsiders (de Francis) que Virgin Suicides (de Sofia), et dont l'écriture minimaliste et doucement mélancolique fait joliment mouche, Palo Alto vaut surtout son pesant de cacahuètes pour sa galerie de jeunes talents, pleine de fraicheur et de justesse.

D'une brillante Emma Roberts - dont le talent n'est plus à prouver -, parfaite en adolescente trop mûre pour son age et qui se laissera séduire par un prof de sport trentenaire bourrés de failles - et campé par un impeccable James Franco -, à un excellent Nat Wolff en tête brulée que rien n'arrête, en passant par un Jack Kilmer - fils de la sublime Joanne Whalley et Val Kilmer, ici génial en père à la ramasse -, d'un naturel désarmant, tous captent à merveille toutes les nuances de cette période bizarre de l'existence, et prouve que les Coppola sont vraiment doués pour révéler de jeunes acteurs et les faire exploser face caméra.


Modeste, un peu trop sage mais langoureusement mélancolique, indé chic et doux amer à la fois, Palo Alto malgré ses nombreux défauts, reste un beau film donc, à l’esthétique et au casting irréprochables mais beaucoup trop engluées dans un esprit de " déjà-vu " constant pour réellement convaincre.

A l'avenir, et pour mieux démontrer ses habilités de potentielle grande cinéaste et pleinement s'affranchir du lourd héritage familiale, il est conseillé pour Gia Coppola de voguer dans des eaux un peu moins commune, sous peine de se voir constamment comparer à son illustre tante...


Jonathan Chevrier