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[CRITIQUE] : The Two Faces of January


Réalisateur : Hossein Amini
Acteurs : Viggo Mortensen, Oscar Isaac, Kirsten Dunst, Daisy Bevan,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain, Français et Britannique.
Durée : 1h53min.

Synopsis :
1962. Un couple de touristes américains très élégants, le charismatique Chester MacFarland et sa jeune épouse Colette, arrive à Athènes. À l’Acropole, ils rencontrent Rydal, jeune guide américain parlant grec, arnaqueur de touristes à l’occasion. Séduit par la beauté de Colette et impressionné par la fortune de Chester, Rydal accepte sans hésiter leur invitation à dîner. Les McFarland se révèlent moins lisses qu’il n’y paraît : le luxe et leur raffinement cachent bien mal leur part d’ombre.




Critique :

Difficile de ne pas admettre que ce premier passage derrière la caméra du scénariste à la renommée prestigieuse, Hossein Amini (Drive certes, mais pas que), était méchamment scruté du coin de l’œil par les cinéphiles que nous sommes, tant il est toujours assez curieux de voir comment les plumes de talents s'en sortent une fois lancée dans le grand bain de la réalisation.

Si on lui souhaite un parcours aussi radieux que celui du génial David Koepp - dont les sympathiques réalisations n'entachent en rien son aura de génial scénariste, bien au contraire -, le bonhomme s'est quand même atteler à du très, très lourd pour son premier long, la transposition sur grand écran de The Two Faces of January - Les Deux Visages de janvier en vf.

Ou une œuvre méconnue de Patricia Highsmith, dont l'univers pervers, tortueux et exotique rappelle clairement son roman le plus célèbre, Monsieur Ripley, déjà adapté par deux fois sur grand écran (Plein Soleil et Le Talentueux M. Ripley).
Un thriller hautement exigeant dont il signe également le script - on n'est jamais mieux servi que par soi-même -, et pour lequel il se paye un casting titre royal, avec les présences des précieux Viggo Mortensen, Kirsten Dunst et Oscar Isaac.

Bref, tout pour attirer son cinéphile en salles, avec une belle promesse d'intrigue Hitchcockienne à souhait dans des décors absolument paradisiaque.


The Two Faces of January suit, en 1962, l'histoire d'un couple de riches touristes américains, Chester et sa belle femme Colette, qui effectuent un grand tour d'Europe.
Débarqué à Athènes, les deux sympathisent avec le jeune guide américain plutôt doué en grec, Rydal.

Croyant avoir affaire à des compatriotes pigeons, cet arnaqueur à la petite semaine proposera de leur servir de guide, sauf que ces dits touristes se révèlent bien moins innocents qu'ils n'en ont l'air.
Petit à petit, les uns et les autres vont se retrouver liés par des relations complexes, troubles et même copieusement dangereuses...

A l'instar de Monsieur Ripley, l'ombre imposante d'Hitchcock plane clairement au-dessus de la tête du premier film d'Amini.

D'un point de vue esthétique tout d'abord, via une musique lourde et pesante ou aux décors follement cinégéniques et paradisiaques mais loin des clichés de la carte postale touristique vu la noirceur de l'intrigue (les ruines du Panthéon, le grand bazar d'Istanbul ou encore les collines de Crète), sans oublier le blond de son héroïne.


Mais scénaristiquement surtout, dans ce qui ressemble à une tragédie grecque (le titre cite par ailleurs le mythe de Janus, le dieu aux deux visages) sous forme de cavale au suspense maitrisé et qui exploite avec habileté les ressorts de la duplicité et du ménage à trois : triangle amoureux compliqué, rivalité, jalousie, relation œdipienne, désirs enfouis, mensonges, faux-semblants,...

Travaillant son intrigue sombre et retors tout autant que son esthétique absolument irréprochable - une reconstitution d'époque soignée dans un cadre solaire, doublé d'un tournage en Cinemascope -, The Two Faces of January aurait tout du spectacle old school fascinant et dépaysant référence si il ne retombait pas parfois, dans quelques travers hautement dommageable, comme une certaine prévisibilité dans l'action, de trop nombreuses (et écrasantes) influences ou encore un rythme pas toujours entrainant et qui se perd parfois la faute à une multiplication assez conséquente des faux-semblants.

Des défauts certes notables mais qui n’entache pourtant en rien la vision de cette péloche labyrinthique et tortueuse, bon vieux thriller old school sous fond de jeu de massacre élégant et sordide, une réussite à mettre notamment au crédit de la maestria de son casting absolument parfait - même si la sublime Kirsten Dunst parait un poil sous-employée.

Viggo Mortensen tout d'abord, formidable et tout en nuance dans la peau de l'escroc, père de substitution d'un Oscar Isaac excellent en jeune homme débrouillard, et dont la relation amour/haine qui les lient est un sommet d'affrontement psychologique pétri d’ambiguïté, sous le soleil terrifiant et écrasant de la Turquie et de la Grèce.



Drame à la fois solaire et troublant, comme son titre l'indique, The Two Faces of January comporte deux visages, celui d'une péloche peu original, étouffé un brin par ses références et prévisible mais pas pour le moins précieuse et séduisante, traitant de la cruauté des rapports humains, et un autre de péloche hautement maitrisée, vénéneuse et à la beauté renversante.

Au spectateur de choisir quel visage le séduit le plus, quand à celui d'Hossein Amini en tant que réalisateur, il s'avère tout de même in fine, suffisamment étonnant pour que l'on soit méchamment enthousiaste vis à vis de la suite de sa carrière...


Jonathan Chevrier