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[CRITIQUE] : Rush


Réalisateur : Ron Howard
Acteurs : Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde, Alexandra Maria Lara, Natalie Dormer,...
Distributeur : Pathé Distribution
Budget : 38 000 000 $
Genre :  Action, Drame.
Nationalité : Allemand, Britannique et Américain.
Durée : 2h03min.

Synopsis :

Rush retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. Rush suit la vie frénétique de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace la rivalité depuis leurs tout débuts.


Critique :

Lorsqu' Hollywood se penche sur les coulisses d'un sport de haut niveau, difficile de dire que cela laisse des souvenirs impérissables, mis à part le superbe L'Enfer du Dimanche d'Oliver Stone - axé sur l'envers du décor de la NFL -, aucun film ne s'est réellement démarquer ses dernières années.

Et que dire de l'univers de la Formule 1, littéralement bousillé par un Renny Harlin rarement conscient des navets qu'il se borne à tourner depuis plus d'une décennie, avec son piteux Driven, dans lequel le pauvre Stallone essayait de sauver des pots déjà cassés.

Pourtant, aussi en manque de popularité soit-elle dans le monde, cette discipline du sport automobile a tout pour crever l'écran au cinéma : des bolides qui vont foutrement vite, des pilotes charismatiques mais surtout, un suspens de tous les instants ou chaque coureur (enfin moins aujourd'hui) risque sa vie pour la beauté du sport et de la victoire.


Difficile de faire plus épique, d’où le fait donc que notre curiosité fut salement piqué par ce Rush - et ce, depuis les prémisses de sa production -, signé Ron Howard, grand faiseur de rêve du septième art (dont son engagement pour les adaptations live de l’œuvre de Dan Brown à pas mal entaché son aura), qui promettait de redorer le blason de la F1 au cinéma, via le prisme de la plus grande rivalité de l'histoire de ce sport, celle qui unissait et transcendait James Hunt et Nikki Lauda, durant la majeure partie des années soixante-dix.

Plus qu'une belle affiche, Rush incarnait une promesse de grand cinéma haut en couleur et vrombissant, le tout né sous la plume de l'un des maitres du biopic de la dernière décennie, Peter Morgan (The Queen, Le Dernier Roi d'Ecosse), déjà auteur du sublime Frost/Nixon cornaqué par Howard.

Rush ou le jumeau sportif de Frost/Nixon justement, car comme son ainé, il dresse avec intelligence et subtilité le portrait de deux adversaires que tout oppose : James Hunt est un playboy tête brulée, qui claque son fric autant que le popotin des nanas, et Nikki Lauda, un besogneux, discret, sur de son talent et loin d'être un beau gosse.
Mais qui s'opposent se rejoint toujours sur certains points, car si oui, les deux sont complétement arrogant et différent sur le papier (si Hunt cherchera toujours la reconnaissance de son talent, Lauda lui désirera toujours se venger de la vie et du destin qui lui était pendant longtemps, voulu par son père), ils sont pourtant motivés par le même but - devenir champion à tout prix -, et se voue un respect mutuel, et ce même si ils ne se portent pas forcément l'un et l'autre dans leur cœur.


Car chacun est pour l'autre un mal nécessaire, un mal qui pousse à la progression et à la remise en question, tant la performance de l’un dépend toujours de celle de l'autre.

Une relation d'admiration/haine troublante et complexe entre deux êtres drogués par la compétition (ils paraissent solitaires, voir même agressifs et en manque quand ils ne courent pas), et le sentiment de toute puissance face au danger permanent (à l'époque, on pouvait risquer sa vie à chaque course, la seule différence entre sauter du haut d'une falaise sans parachute et courir, était le simple port du casque), qu'ils bravent non sans une certaine appréhension.
Une relation forte, d’où Rush puise toute sa puissance dramatique.

Profondément humain dans sa vision jamais héroïsé de ses deux héros (les scènes sur la culpabilité de l'instinctif Hunt et la vulnérabilité du cérébral Lauda sont d'ailleurs, les plus poignantes), le film gagne surtout énormément en qualité dans sa vision jamais barbante de la compétition, ou chaque grand prix est shooté à la perfection, comme tourné sur le vif.

Caméras embarquées, vision en courte-focale pour garder une impression de vitesse permanente, des statistiques venant s'incrustées sur l'écran, un montage et un découpage aussi nerveux que follement dynamique; Howard cherche par tous les moyens de cristalliser avec jubilation et méticulosité, l'adrénaline morbide d'un sport qui lui est pourtant totalement étranger.
Même les plus allergiques à la F1 auront du mal à ne pas être emporté par le plaisir contagieux du cinéaste à nous en mettre plein la vue avec classe.


Au final, difficile de dire qui l'ont préfère entre Lauda et Hunt, la faute à la force et à l'intelligence d'un script aux petits oignons certes, mais également grâce à l'implication sans limite de Chris Hemsworth et Daniel Brülh, habités littéralement, aussi bien physiquement qu'au plus profond de leur chair, par les deux personnages bigger than life.

Méticuleux (la folie et la légèreté des seventies y est formidablement reconstitué), spectaculaire, humain et poignant, Rush est un divertissement cinq étoiles, au score époustouflant (Hans Zimmer oblige), au casting dément de justesse (et ce jusque dans ces seconds couteux, notamment avec les sublimes Olivia Wilde et Alexandra Maria Lara), et à l'histoire aussi saisissante que fascinante.

Une expérience de cinéma unique, sublime, intime et puissante, l'un des plus grands chef d’œuvres de Ron Howard, ou quand la beauté du sport arrive à magnifier parfois, celle du septième art.

Immanquable et instantanément culte, indiscutablement le film de la rentrée avec No Pain No Gain.


Jonathan Chevrier

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