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[CRITIQUE] : Blue Jasmine


Réalisateur : Woody Allen
Acteurs : Alec Baldwin, Cate Blanchett, Sally Hawkins, Peter Sarsgaard, Louis C.K., Bobby Cannavale,...
Distributeur : Mars Distribution
Budget : -
Genre :  Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.

Synopsis :

Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa sœur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.


Critique :

Après un très joli Minuit à Paris, nous avions laissé ce bon vieux Woody Allen l'été dernier avec une déception de taille, sa comédie chorale hautement réchauffée et peu inspirée, To Rome With Love, malgré la présence de la sensuelle Penelope Cruz au casting.
Une bande flou, confirmant que le cinéaste globe-trotter et ses désirs de cadre " carte-postale ", ne s'appliquait et ne s'impliquait réellement qu'un métrage sur deux.

Blue Jasmine ou le film du retour donc, pas aux sources certes, mais vers un cinéma plus exigeant et pensé, un virage quasi-inespéré dans la carrière d'un petit bonhomme aussi sympathique que généreux, dont les plus beaux chefs d’œuvres semblent malheureusement derrière lui, mais dont les angoisses de metteur en scène sont elles, toujours bien présentes à ses côtés.

Un retour dans son Amérique natale - à San Francisco -, mais surtout un véritable comeback à son grand amour, les femmes, et son talent unique pour en dresser des portraits romantico-dramatique aussi savoureux qu'intéressant, genre qu'il n'avait plus vraiment abordé depuis Melinda et Melinda.
Débutant comme une comédie amère, un conflit de classe ou les névroses de l’héroïne se fondent à merveille avec l'univers prolo de sa nouvelle demeure - l'appartement de chez sa sœur -, le film basculera pourtant abruptement vers un ton plus sombre, au moment ou Allen s'enfoncera plus profondément dans le passé de sa Jasmine.


Film à tiroirs aussi mordant que cruel, Blue Jasmine est d'une beauté mystérieuse enivrante, citant autant les grandes œuvres du bonhomme (Alice, September, Une Autre Femme) que le Tramway Nommé Désir de Tennesse Williams, référence presque forcée tant les deux œuvres partagent bon nombre de similitudes.
Comme l’héroïne de la pièce (adapté plus officiellement par l'immense Elia Kazan), Blanche Dubois, Jasmine a perdu son escroc de mari des suites d'un suicide, comme elle, elle vit dans le souvenir désespéré d'une richesse passée mais surtout, comme Blanche, elle est déconnectée de la réalité et se réfugie dans le mensonge.

Si on s'imagine que le film a été écrit pour une Cate Blanchett qui désirait depuis toujours avec le réalisateur New-Yorkais, la comparaison ne serait que plus logique entre les deux personnages, quand on sait que la belle comédienne a incarner Blanche sur les planches du monde entier l'an dernier.
Parlons-en d'ailleurs de la Cate, véritable alter-ego féminine d'Allen, qui n'a jamais été aussi élégante et intense sur grand écran.

Stupéfiante en une Jasmine dont la solitude crève aussi bien son cœur que celui des spectateurs, elle irradie la bande d'une crédibilité émouvante dans un rôle pourtant profondément antipathique.
Entre amertume et fantasme, dépressive, éloignée depuis bien trop longtemps du sens de la réalité - témoin passif d'une réalité qui la dépasse -, la Jasmine d'Allen est d'une richesse éprouvante et puissante.
Comme dans ses plus belles heures de gloire, il filme sa comédienne titre avec un amour et une fascination non feinte, comme ce fut le cas jadis avec les merveilleuses Mia Farrow, Diane Keaton et Gena Rowlands.


Blue Jasmine ou la quête de soi d'une femme brisée bouleversante, doublée d'une satire noire, drolatique et sans concession d'une certaine bourgeoisie américaine, au casting de seconds couteaux impeccable malgré un traitement hyper-simpliste (chaque comédiens/comédiennes proposent des performances déjà vues dans leurs filmos), mais magnifié par un cinéaste inspiré et le talent immense de son interprète.

Cate Blanchett + Woody Allen, une équation aussi logique qu'efficace, entre une comédienne de plus en plus rare et un metteur en scène follement prolifique.

Un duo merveilleux qui s'est certainement réuni pour la seule et unique fois, d’où l'urgence pour tout cinéphile un minimum avertit, d'apprécier à sa juste valeur la cuvée d'Allen 2013, de loin sa meilleure depuis bien, bien longtemps...


Jonathan Chevrier