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[CRITIQUE] : Pris au piège - Caught Stealing


Réalisateur : Darren Aronofsky
Acteurs : Austin Butler, Zoé Kravitz, Matt Smith, Regina King, Bad Bunny, Liev Schreiber, Vincent D'Onofrio,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Thriller, Comédie, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Hank Thompson a été un joueur de baseball prodige au lycée, mais désormais il ne peut plus jouer. À part ça, tout va bien. Il sort avec une fille géniale, il est barman la nuit dans un bar miteux à New York, et son équipe préférée, donnée perdante, est en train de réaliser une improbable remontée vers le titre. Quand Russ, son voisin punk lui demande de s'occuper de son chat pendant quelques jours, Hank ignore qu'il va se retrouver pris au milieu d'une bande hétéroclite de redoutables gangsters. Les voilà tous après Hank, et lui ne sait même pas pourquoi. En tentant d'échapper à leurs griffes, Hank doit mobiliser toute son énergie et rester en vie assez longtemps pour comprendre.




Passé un The Whale franchement oubliable, quand il n'était pas tout autant dérangeant (une séance qui imposait son mépris comme sa morale douteuse, intimant son auditoire à défendre une vision rarement bienveillante de l'humanité où la haine se drapait d'une fausse cape d'empathie), il était évident que pour quiconque connaît un tant soit peu la filmographie comme les tics et habitudes de Darren Aronofsky, sensiblement l'un des cinéastes aux avis les plus clivants (et savamment cultivés pour être dans ce sens, aussi) de ces trente dernières années, la potentielle vision de Pris au piège - Caught Stealing, avait de quoi effrayer un brin.

D'autant que pour sa première incursion du bonhomme dans la comédie policière matinée d'action (la première pierre de ce qui ressemble à un nouveau départ créatif, lui qui jouera prochainement la carte du survival horrifique avec son adaptation du Cujo de Stephen King, pour Netflix), le bonhomme semblait loucher mignon sur les premières heures du cinéma de Martin Scorsese - pas forcément son terrain de jeu le plus évident -, voire même celui un poil plus hystérique de Guy Ritchie.

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Petite erreur de jugement, tant cette odyssée débridée et ludique dans les bas-fonds de New York (plus particulièrement East Village), adaptée du roman éponyme de Charlie Huston - également derrière le scénario -, au fond pas si éloigné d'After Hours (jusqu'à la présence de Griffin Dunne à la distribution, et la photographie survoltée de Matthew Libatique), mérite sensiblement son pesant de pop-corn même sous ses gros contours commerciaux, sorte d'Alice aux pays des cauchemars à l'érotisme marquée où un barman humain et tout en regrets, Hank, au rêve de carrière dans le base-ball avorté (la faute à une nuit d'ivresse, une addiction à l'alcool qui lui colle toujours plus où moins à la peau), voit sa gentillesse être mise à rude épreuve après avoir accepté de garder le chat de Russ (un Maine Coon qui ne semble avoir d'intérêt que pour Hank), le punk anglais trafiquant de drogue à la crête iroquoise orange qui lui sert de voisin.

La première pièce d'une descente aux enfers aux quatre coins de la Grosse Pomme qui le verra frôler la mort plus d'une fois, mais surtout côtoyer une sacrée galerie de figures criminelles aussi violentes et excentriques qu'imprévisibles, dont il tente de s'échapper tout en essayant d'en limiter les victimes collatérales.
Étonnamment du velours pour Aronofsky dont la caméra n'est ni timide dans l'action, ni dans le bain d'un humour noir particulièrement corsée (même si ses ruptures de tons ne sont pas toujours maîtrisées, au point d'avoir l'impression parfois d'être face à deux péloches bien distinctes assemblées au chausse-pied), comme sa violence sensiblement crue - mais, heureusement, il y a un happy end pour Bud.

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Un bon polar à l'ancienne sur un gentil loser au mauvais endroit, au mauvais moment, qui doit beaucoup à la performance impliquée d'un Austin Butler solide en antihéros hanté et subtilement complexe (qui a le bon ton d'afficher naturellement ses émotions), surpassant ses traumatismes du passé pour mieux vivre dans le présent, lui dont son alchimie avec une Zoé Kravitz cruellement sous-utilisée mais follement chatismatique, est des plus torrides.
Un Aronofsky mineur certes - voire oubliable -, mais étonnamment déglingué et fun, tant on n'attendait pas vraiment le cinéaste sur ce type de production.


Jonathan Chevrier