[CRITIQUE] : La Femme qui en savait trop
Réalisateur : Nader Saeivar
Acteur : Maryam Boubani, Nader Naderpour, Abbas Imani, Avin Poor Raoufi,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Autrichien, Allemand.
Durée : 1h40min
Synopsis :
En Iran, Tarlan, professeure de danse à la retraite, est témoin d’un meurtre commis par une personnalité influente du gouvernement. Elle le signale à la police qui refuse d’enquêter. Elle doit alors choisir entre céder aux pressions politiques ou risquer sa réputation et ses ressources pour obtenir justice.
Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques (qui n'a de cesse de se radicaliser à mesure que le temps passe), censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, La Femme qui en savait trop de Nader Saeivar (tourné en secret à Téhéran, et dont le titre français est une référence à peine masquée au roi du thriller, Alfred Hitchcock), aidé de la plume toujours aussi affûtée d'un Jafar Panahi que l'on retrouvera d'ici quelques semaines avec Un Simple Accident (Palme d'Or mérité sur la dernière Croisette, et en salles dès le 10 septembre), aborde de front la condition difficile - voire même tout simplement scandaleuse puisque cloisonnée à l'extrême - de la femme dans la société iranienne, au travers du destin trouble et troublé de Tarlan, mère courage et investie qui se retrouvera, malheureusement, au mauvais endroit au mauvais moment.
Démarrant sur une scène magnifique (trois générations de femmes, de la grand-mère à la petite-fille, passent un beau moment d'intimité et d'union), presque trompeuse quand à la suite des événements, la narration s'attache au calvaire vécue par une femme (magnifique Maryam Boubani), professeure de danse à la retraite et militante convaincue, témoin d'un meurtre odieux commis par un membre influent du gouvernement (celui de sa fille - adoptée -, enfermée dans un mariage désastreux et violent), et qui va voir sa moralité comme son obstination pour que justice soit faite, se heurter aux menaces (qui touchent également ses proches, et renforce de facto son sentiment de culpabilité face à ses convictions profondes) comme à la corruption profonde de sa nation face à laquelle elle ne peut qu'être impuissance.
Chronique sèche et désespérée à la crudité radicale, dénuée de tout misérabilisme putassier, gentiment logée dans l'ombre du néoréalisme italien - à l'instar de nombreuses péloches récentes issues du cinéma iranien -, le film se fait une douloureuse et combative quête de justice d'une femme courageuse et resiliente, lui qui prend les coutures joliment tissées d'un thriller sous tension tout autant que celles d'un pamphlet politique avisé s'inscrivant totalement dans l'actualité - le mouvement Femmes, Vie, Liberté, qui n'a pas faiblit malgré les morts et une couverture médiatique absente -, et ce jusque dans son générique de fin absolument poignant.
Tout en anxiété et en frustration, jamais totalement emprunt de colère et encore moins d'un fatalisme maladroit, La Femme qui en savait trop imprime la rétine par la manière pertinente et percutante qu'il a de pointer la réalité terrifiante d'un patriarcat oppressif et excessif, qui n'attend de la femme que silence et soumission.
Un énième portrait édifiant et douloureusement dévastateur de la réalité d'une Iran dont l'humanité est prête à s'effondrer à tout instant, malgré ses âmes courageuses qui tentent, inlassablement, de braver l'impossible en son coeur.
Jonathan Chevrier
Acteur : Maryam Boubani, Nader Naderpour, Abbas Imani, Avin Poor Raoufi,...
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Autrichien, Allemand.
Durée : 1h40min
Synopsis :
En Iran, Tarlan, professeure de danse à la retraite, est témoin d’un meurtre commis par une personnalité influente du gouvernement. Elle le signale à la police qui refuse d’enquêter. Elle doit alors choisir entre céder aux pressions politiques ou risquer sa réputation et ses ressources pour obtenir justice.
Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques (qui n'a de cesse de se radicaliser à mesure que le temps passe), censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
S'inscrivant pleinement dans ses deux vérités et réalités, La Femme qui en savait trop de Nader Saeivar (tourné en secret à Téhéran, et dont le titre français est une référence à peine masquée au roi du thriller, Alfred Hitchcock), aidé de la plume toujours aussi affûtée d'un Jafar Panahi que l'on retrouvera d'ici quelques semaines avec Un Simple Accident (Palme d'Or mérité sur la dernière Croisette, et en salles dès le 10 septembre), aborde de front la condition difficile - voire même tout simplement scandaleuse puisque cloisonnée à l'extrême - de la femme dans la société iranienne, au travers du destin trouble et troublé de Tarlan, mère courage et investie qui se retrouvera, malheureusement, au mauvais endroit au mauvais moment.
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Copyright Arthood Films, Golden Girls Film |
Démarrant sur une scène magnifique (trois générations de femmes, de la grand-mère à la petite-fille, passent un beau moment d'intimité et d'union), presque trompeuse quand à la suite des événements, la narration s'attache au calvaire vécue par une femme (magnifique Maryam Boubani), professeure de danse à la retraite et militante convaincue, témoin d'un meurtre odieux commis par un membre influent du gouvernement (celui de sa fille - adoptée -, enfermée dans un mariage désastreux et violent), et qui va voir sa moralité comme son obstination pour que justice soit faite, se heurter aux menaces (qui touchent également ses proches, et renforce de facto son sentiment de culpabilité face à ses convictions profondes) comme à la corruption profonde de sa nation face à laquelle elle ne peut qu'être impuissance.
Chronique sèche et désespérée à la crudité radicale, dénuée de tout misérabilisme putassier, gentiment logée dans l'ombre du néoréalisme italien - à l'instar de nombreuses péloches récentes issues du cinéma iranien -, le film se fait une douloureuse et combative quête de justice d'une femme courageuse et resiliente, lui qui prend les coutures joliment tissées d'un thriller sous tension tout autant que celles d'un pamphlet politique avisé s'inscrivant totalement dans l'actualité - le mouvement Femmes, Vie, Liberté, qui n'a pas faiblit malgré les morts et une couverture médiatique absente -, et ce jusque dans son générique de fin absolument poignant.
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Copyright Arthood Films , Golden Girls Film |
Tout en anxiété et en frustration, jamais totalement emprunt de colère et encore moins d'un fatalisme maladroit, La Femme qui en savait trop imprime la rétine par la manière pertinente et percutante qu'il a de pointer la réalité terrifiante d'un patriarcat oppressif et excessif, qui n'attend de la femme que silence et soumission.
Un énième portrait édifiant et douloureusement dévastateur de la réalité d'une Iran dont l'humanité est prête à s'effondrer à tout instant, malgré ses âmes courageuses qui tentent, inlassablement, de braver l'impossible en son coeur.
Jonathan Chevrier