[CRITIQUE] : En première ligne
Réalisatrice : Petra Volpe
Acteurs : Leonie Benesch, Sonja Riesen, Selma Adin, Jasmin Mattei,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Allemand, Suisse.
Durée : 1h32min
Synopsis :
Floria est une infirmière dévouée qui fait face au rythme implacable d’un service hospitalier en sous-effectif. En dépit du manque de moyens, elle tente d’apporter humanité et chaleur à chacun de ses patients. Mais au fil des heures, les demandes se font de plus en plus pressantes, et malgré son professionnalisme, la situation commence dangereusement à lui échapper…
Floria est une infirmière dévouée qui fait face au rythme implacable d’un service hospitalier en sous-effectif. En dépit du manque de moyens, elle tente d’apporter humanité et chaleur à chacun de ses patients. Mais au fil des heures, les demandes se font de plus en plus pressantes, et malgré son professionnalisme, la situation commence dangereusement à lui échapper.
Avant de passer au long-métrage en 2013 avec Traumland, portrait d’une prostituée Bulgare en Suisse, la réalisatrice Petra Volpe commence par faire ses armes sur des courts-métrages, des séries télévisées (l’excellente Le prix de la paix diffusée sur Arte) et également en tant que monteuse ou scénariste sur les projets d’autres, en particulier le Heidi d’Alain Gsponer. En 2017, elle réalise L’Ordre divin, un groupe de femmes dans les années 70 qui se battent pour le droit de vote, qui la fera connaître à l’international. De ses projets, on observe une tendance vers le portrait de femmes avec des visées assez politiques. En première ligne est dans cette continuité.
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L’idée d’En première ligne est née d’une étude publiée par le cabinet de conseil PwC qui démontre que la Suisse va connaître une importante pénurie d’infirmières d’ici 2040. Suite à cette information, Petra Volpe s’est intéressée au métier de ses soigneuses en milieu hospitalier, à leurs conditions réelles de travail. En première ligne est un hommage à ces femmes, essentielles, et pourtant trop invisibilisées.
Petra Volpe a choisi de placer l’action dans une unité de temps et de lieu. Le film commence au début du jour de travail de Flora, se termine à la fin de ce dernier et ne quitte (presque) pas les enceintes de l'hôpital. Nous vivons pratiquement en temps réel la journée classique de cette infirmière. Le travail de recherche et d’observation est tel que le film semble presque être un documentaire. Les gestes de l’actrice, Leonie Benesch (La salle des profs, Les leçons persanes), sont précis (et nombreux). Cette dernière réussit à faire monter la tension de son personnage tout en finesse et en nuance, et amène l’humanité nécessaire à un film au dispositif froid, sans mauvais jeu de mot, presque clinique.
Petra Volpe ne s’est embarrassée d’aucun artifice pour laisser la dureté de son propos parler de lui-même. Nul besoin d’explosion pour évoquer avec clarté une situation de crise. La froideur du dispositif et des décors ne rend que plus évident l’humanité qui ne tient qu’à un fil de son personnage qui fait tout pour ne pas être broyé par un système qui voudrait le transformer en robot tout juste bon à être productif.
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En première ligne montre le quotidien difficile d’une infirmière qui fait tout pour garder son humanité et prodiguer les soins de la manière la plus correcte possible malgré des conditions dégradées. Petra Volpe propose un dispositif clair - un huis clos sur une journée - dans un décor froid qui contraste avec la chaleur naturelle de son héroïne pour alerter sur un sujet de société qui devient de plus en plus inquiétant.
Éléonore Tain