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[CRITIQUE] : La Main sur le berceau


Réalisatrice : Michelle Garza Cervera
Acteurs : Maika Monroe, Mary Elizabeth Winstead, Raul Castillo, Martin Starr,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min

Synopsis :
Après avoir engagé une nouvelle nourrice nommée Polly Murphy, Caitlin Morales - une mère de famille aisée - découvre que cette dernière n’est pas celle qu’elle prétend être...





Tout amateur du cinéma ricain des 90s et de sa petite salve plutot luscle de thrillers domestiques dont peu ont survécus à l'épreuve du temps, aura un souvenir un chouïa nostalgique en pensant au (très) sympathique The hand that rocks the cradle aka La Main sur le berceau du regretté Curtis Hanson, petite pépite de péloche vénéneuse et Hitchcockienne en diable vissé sur une nounou en deuil - littéralement - d'enfer qui cherchait à se venger de la famille qu'elle rend responsable du suicide de son mari.
Le tout porté par une distribution aux petits oignons : Rebecca De Mornay, Annabella Sciorra, Julianne Moore, Matt McCoy et Ernie Hudson.

Une séance gentiment piquante (mais qui, il est vrai, aurait pu pousser le curseur de sa méchanceté un poil plus loin), qui n'a thématiquement pas vieillit d'un poil quand bien même si sa facture téléfilmesque reste furieusement ancrée dans son époque.

Copyright 2025 20th Century Studios. All Rights Reserved.

Si l'idée d'un remake ne s'imposait pas vraiment (comme 99% du temps), la firme aux grandes oreilles Disney via Hulu, s'en est allé à une nouvelle pensée sacrilège en jouant la carte de la redite " contemporaine ", à travers la caméra experte d'une Michelle Garza Cervera dont on avait adoré le premier long-métrage, Huesera, merveille d'horreur psychologique et corporelle mêlant avec justesse commentaire féministe, étude de personnage complexe et horreur folklorique, pour mieux renouveler avec malice le trope de la figure féminine bouleversée par une maternité imminente.

Et de manière assez surprenante, cette version 2.0 qui reprend stricto sensu l'histoire originale, arrive sans forcer à justifier son existence, tant elle vient supplanter la confiance naïve de la culture suburbaine ricaine des 90s (sur laquelle le film d'Hanson laissait reposer tout son suspense), pour triturer encore plus en profondeur les failles de l'isolement de la vie en banlieue (qui ne l'éloigne pas de la criminalité et du " mal ", mais ne fait que cristalliser son développement insidieux et brutal), tout comme la cupidité perverse d'une humanité - pas uniquement bourgeoise - qui a une tendance malsaine à fermer les yeux sur les détails/red flags troublants entourant une personne, si nous pensons pouvoir tirer profit d'elle.
Où quand l'utilité minimise et/où prime sur une potentielle dangerosité, ici personnifiée par le visage faussement ingénu d'un bourreau aussi désespéré et morose qu'implacable dans son sinistre dessein.

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Odyssée tortueuse et cauchemardesque à la tension lancinante et à la violence joliment latente (le tout renforcé par le score au cordeau d'Ariel Marx), intelligemment plus tournée vers ses personnages que son ainé, le film, sans jamais péter dans la soie de l'originalité, ravive avec nostalgie la flamme du thriller domestique d'époque tout en offrant à Maika Monroe (d’une subtilité étonnante) et Mary Elizabeth Winstead (poignante en mère rongée par la culpabilité et en quête d'absolution), deux de leurs performances les plus mémorables de récente mémoire.

C'est rare, très rare qu'un remake se joue de sa prévisibilité évidente pour mieux surpasser son modèle, c'est dire le talent fou de Michelle Garza Cervera...


Jonathan Chevrier