[CRITIQUE] : After The Hunt
Réalisateur : Luca Guadagnino
Acteurs : Julia Roberts, Andrew Garfield, Ayo Edebiri, Michael Stuhlbarg,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain, Italien.
Durée : 2h19min
Synopsis :
Une professeure d’université est confrontée à un tournant personnel et professionnel lorsqu’une étudiante brillante porte une accusation contre l’un de ses collègues, tandis qu’un sombre secret de son propre passé menace d’être révélé.
On avait laissé le cinéma de Luca Guadagnino en février dernier, sur l'une de ses œuvres les plus... Guadagniniennes, dans ses qualités comme dans ses défauts : Queer, romance désespérée facon méditation douce et hallucinatoire sur la peur de ne pas/plus être aimé, expérience à la fois introspective, sexuellement explicite et excessivement glamour.
Neuf mois plus tard, délesté d'une figure tutélaire pouvant cadrer tant bien que mal toute idée de sortie de route désastreuse (quand bien même les textes de William S. Burroughs sont tout autant excessivement difficiles à manier qu'à adapter), le bonhomme se laisse un brin pousser des ailes au détour d'une ambition qui, sur le papier, titillait méchamment notre intérêt : une exploration de l'éthique de la vertu contemporaine au plus près des dilemmes qui assaillent une professeure de philosophie à Yale (au passé douloureux marqué par la manipulation, mais aussi bouffée par des problèmes de santé croissants), lorsque sa brillante étudiante Maggie confie avoir été agressée par l'un de ses collègues - ami et rival pour briguer un poste de titulaire à Yale.
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Le rapport méta entre le monde hermétique d'une aristocratie universitaire égocentrique qui vénère son conservatisme comme son élitisme, et un microcosme cinématographique peut-être encore plus manipulateur et prompt à la discrimination, n'avait pas besoin d'être plus pointé du bout de la caméra, pour apparaître clair même au spectateur le moins attentif (un univers où la diversité, l'équité et l'inclusion sont des chimères et où la masculinité toxique est tolérée, voire excusée : plus précis, tu meurs).
Mais il apparaît encore plus clairement que la narration, partiale et maladroitement bâtie sur la dichotomie simpliste entre le bien et le mal (saupoudré de discours philosophico-intellectuels proprement superficiels), ne tend pas tant à interroger qu'à offrir des réponses autoritaires sur un sujet casse-gueule (une accusation de viol, dans une sorte de dissection de la société post-#MeToo où la vérité ne vient pas forcément de la voix d'une victime), feintant une nuance psychologique (in fine incohérente) dans son opposition déséquilibrée entre une élite déconnectée arguant être la cible d'accusations exagérées et mensongères (ce qu'appuie justement l'intrigue, en ne montrant jamais totalement le personnage de Hank comme un crétin toxique et égocentrique) de la part de minorités influentes, et cette dite minorité représentée d'une manière affreusement caricaturale, comme une sorte de dictature de la diversité sensationnaliste et instrumentalisée voulant tout abolir (et qui a donc, quoiqu'il arrive, toujours tort).
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Alors certes, on pourra louer la beauté froide de sa rigueur formelle comme l'investissement réel et l'intensité imposante de sa glorieuse distribution (même si Ayo Edebiri semble enchaîner les mauvais choix, passé le déjà critique Opus de Mark Anthony Green), faisant des miracles avec des personnages antipathiques, mais la toxicité du message asséné (couplé à un hommage assumé à Woody Allen dans son générique d'ouverture), provocateur pour le simple plaisir de provoquer (il n'est jamais véritablement question de savoir si le violeur a violé mais si l'héroïne, peu empathique, est une mauvaise personne pour ne pas l'avoir immédiatement pensé en fonction de leurs rapports), s'affirme le film moins comme une oeuvre stimulante intellectuellement que brutalement déconnectée de la réalité, et encore plus dans sa volonté d'étirer un suspense artificiel as hell (puisqu'il n'est jamais important, comme dit plus haut, de savoir s'il y a eu viol où non).
Une grosse déception, et le mot est faible.
Jonathan Chevrier



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