[CRITIQUE] : Wicked : Partie II
Réalisateur : John M. Chu
Acteurs : Ariana Grande, Cynthia Erivo, Jonathan Bailey, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum, Bowen Yang, Bronwyn James,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie Musicale, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min.
Synopsis :
La suite des aventures d'Elphaba et Glinda, deux sorcières légendaires du pays d'Oz, liées puis déchirées par le destin, poursuivant chacune sa propre quête de vérité et de justice.
Etiquetée comme la Méchante Sorcière de l'Ouest, Elphaba vit désormais en exil, cachée dans la forêt. Elle poursuit sa lutte pour la liberté des animaux muselés, tout en cherchant à révéler la véritable nature du Magicien d'Oz.
Glinda, en revanche, est devenue l'incarnation même du glamour et de la vertu. Installée dans le palais d'Emeraude, elle jouit des privilèges de sa célébrité et œuvre, sous l'influence de Madame Morrible, à renforcer l'image du règne du Magicien auprès du peuple.
Alors qu'elle s'apprête à épouser le prince Fiyero lors d'un somptueux mariage "grandiOz", Glinda ne peut oublier Elphaba. Rongée par le remords, elle tente une réconciliation qui échoue et aggrave encore la situation de son ancienne amie.
Les conséquences seront lourdes pour Fiyero, Boq et Nessarose, la sœur d'Elphaba, surtout lorsqu'une mystérieuse jeune fille venue du Kansas entre en scène.
Face à une révolte populaire dirigée contre Elphaba, les deux sorcières doivent mettre de côté leurs différends. Leur amitié, complexe mais sincère, devient la clé de leur avenir commun. Pour espérer réécrire leur histoire - et celle d'Oz - elles devront apprendre à se comprendre avec clarté, respect et bienveillance.
Le monde d'aujourd'hui est fou, alors il n'y a rien d'illogique à ce que la production cinématographique lui ressemble ne serait-ce qu'un peu.
Si pendant très longtemps, le genre pourtant gentiment célébré de la comédie musicale à souffert d'adaptations pas toujours heureuses des classiques - mais pas que - faisant vibrer les planches (sans doute parce que la majorité des adaptations ont la fâcheuse tendance à écraser par l'opulence toute la créativité de leur matériau d'origine, qui naît avant tout des limites du théâtre, au lieu de justement s'appuyer sur celles-ci), il est désormais frappé d'un mal encore plus sournois et pervers : des comédies musicales qui, malgré leur popularité évidente en salles, s'efforcent stupidement à... ne pas être vendues comme des comédies musicales.
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De la pure absurdité donc, que de bâtir toute une campagne promotionnelle en cachant des séquences entières de chant et de danse, dans un effort alambiqué et contradictoire pour inciter les gens qui n'aiment pas les comédies musicales, à aller en voir une, tout en sachant qu'ils finiront quand-même par la détester pour être ce qu'elle est : une comédie musicale.
Hollywood et sa stupidité légendaire...
Tout le contraire de Wicked de John M. Chu, qui assumait la moindre once de vocalise de son statut de comédie musicale entièrement faite et pensée pour les amoureux du genre pour mieux incarner, avec une assurance folle, une lettre d'amour passionnée et démesurée à l'œuvre de Stephen Schwartz, une vraie et pure comédie musicale cinématographique tout en décors colorés et en séquences de chant et de danse merveilleusement élaborées.
Un incroyable film musical généreux et poignant par un amoureux du genre, pour les amoureux du genre, rien de moins.
Difficile était dès lors de ne pas attendre avec un optimisme cela dit prudent, la seconde moitié de ce qui a tout du long été pensé comme un diptyque dont le ton était annoncé dès le départ, comme sensiblement plus sombre et riche en émotions.
Quand bien même il ne défie pas les mêmes hauteurs (« Defying Gravity », tu l'as) atteinte par son illustre ainé, la faute à un récit encore plus minimaliste (le second acte est, même dans son pendant théâtral, le plus vulnérable des deux), cette Partie II, peut-être un poil plus décousue, n'en reste pas moins une digne héritière - et un solide complément -, elle qui poursuit plutôt justement son exploration sur la véritable nature du mal tout autant qu'elle tisse, dans le même mouvement, une jolie réflexion sur les notions de destinée et de libre arbitre, totalement remises en cause pour Elphaba et Glinda dont l'exubérance comme l'innocence juvénile ont laissés place à une maturité impuissante et désespérée.
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Deux femmes qui ont trop longtemps été des produits de leur environnement douloureusement figées dans la perception publique de leur personnalités (des marionnettes dépourvue d'autonomie au sein d'une pièce orchestrée, façonnée par les apparences et l'importance portée au privilège de la beauté), aux antipodes de leurs pensées et aspirations profondes.
D'un récit d'innocence glissant vers la désillusion, For Good part de cette désillusion pour baliser la voie d'une double rédemption intime et bouleversante où, plus encore que dans la première partie, l'édifice qu'il incarne repose encore un peu plus sur le talent vocal et scénique talent de Cynthia Erivo et Ariana Grande (dont la palette d'émotions est ici merveilleusement développée), dont l'amitié comme l'élan de sororité authentique est le coeur vibrant de la narration mais aussi de l'effort artistique : si chacune brille en solo avec, respectivement, « No Good Deed » et « Girl in the Bubble », leur union sur « For Good » est à deux doigts de vous tirer des larmes.
L'épine dans le pied de l'adaptation de John M. Chu ne réside au final que dans sa nécessité inéluctable d'insérer le Magicien d'Oz à son spectacle, un effet domino maladroit qui lui fait tirer un chouïa en longueur plus que de raison, et ce même si Dorothy reste sensiblement dans l'ombre.
Un brin inégal donc même si complexifie son univers comme ses personnages et leurs relations.
Mais le plaisir que procure sa vision, comme Wicked premier du nom, est de ces petits bonheurs dont on serait bien fou de se priver à une époque aussi morose.
Un grand merci pour les travaux, Mister Chu.
Jonathan Chevrier







