[CRITIQUE] : Eleanor the great

Réalisatrice : Scarlett Johansson
Acteurs : June Squibb, Erin Kellyman, Chiwetel Ejiofor, Jessica Hecht,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.
Synopsis :
Eleanor Morgenstein est une femme de 94 ans pleine d’esprit et pétulante. Après une perte bouleversante, elle raconte une histoire qui prend un tournant dangereux.
Il ne fallait pas trop tortiller de la fesse gauche pour affirmer que les deux premiers longs-métrages les plus attendus au tournant de cette riche année 2025, étaient ceux des comédiennes Kristen Stewart et Scarlett Johansson, toutes deux gentiment adoubées par la dernière réunion cannoise.
Si l'on était ressorti sensiblement séduit par The Chronology of Water où Stewart ne cherchait pas tant un équilibre qu'une envie de s'exprimer pleinement dans le chaos et la confusion, dans la maladresse comme dans le désir brûlant de cinéma, à travers un trop plein d'idées qui était à la fois une malédiction (puisque pas encore totalement canalisées, et donc complètement sous le joug de l'œuvre " petit abécédaire de l'art et essai ") et une bénédiction (une totale liberté expressive et narrative : montage non linéaire, division en chapitres, répétitions, allitérations,...); le mystère restait cela dit entier avec Eleanor The Great qui, sur le papier, apparaissait résolument plus conventionnel et moins imprévisible - d'un point de vue formel comme narratif.
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Mal nous en aura pris tant au détour d'une narration qui nous rappelle au bon souvenir du tout récent Marco, l’énigme d’une vie d'Aitor Arregi et Jon Garaño (qui revenait sur l'incroyable histoire vraie entourant le syndicaliste catalan Enric Marco, qui a prétendu pendant des décennies avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, avant que la supercherie ne doit dévoilée), vissée sur l'odyssée tragi-comique et manipulatrice d'une femme juive de 94 printemps qui se forge une identité de victime, à travers le vécu en camps de concentration de son amie décédée; ScarJo questionne moins la nature d'un mensonge né d'une profonde empathie pour le traumatisme vécu par un être cher, que la manière maladroite de perpétuer sa mémoire en intériorisant sa douleur passé pour mieux conjurer la souffrance causée par sa disparition.
Une supercherie étonnamment touchante, orchestrée sans méchanceté par une femme au crépuscule de sa vie et bouffée par la solitude, contrainte de retourner vivre chez une fille où il n'y a plus de place pour elle - que ce soit physiquement comme émotionnellement parlant.
Un drame matiné de comédie bien plus réflexif et subtil qu'il en a l'air donc, tout du long dominé de la tête et des épaules par une imposante et pétillante June Squibb.
Une sacrée belle surprise donc, et un excellent premier effort.
Jonathan Chevrier





