[CRITIQUE] : Franz K.
Réalisatrice : Agnieszka Holland
Acteurs : Idan Weiss, Peter Kurth, Carol Schuler, Sebastian Schwarz,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Tchèque, Irlandais.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
De son enfance à Prague jusqu’à sa disparition à Vienne, le film retrace le parcours de Franz Kafka, un homme déchiré entre son aspiration à une existence banale et son besoin irrépressible d’écrire, marqué par des relations amoureuses tourmentées.
Il y a une certaine ironie (quelques-uns parleront peut-être de karma, après tout ce nest pas totalement faux non plus) dans le fait que le genre que l'on considère à la fois le plus cheap, facilement déclinable et confondant de banalité - le biopic, surtout dans son penchant propret et académique -, ne cesse d'abreuver le planning des sorties à une heure où, il est vrai, la course aux statuettes dorées cuvée 2025/2026, commence gentiment mais sûrement à avancer ses pions (en France comme ailleurs, pour le coup).
Pas la dernière proposition du moment donc, Franz K. d'une Agnieszka Holland que l'on avait laissé sur le très beau Green Border, s'échine à pousser un peu plus loin les intentions du récent Kafka, le dernier été de Georg Maas et Judith Kaufmann (adapté du roman La Splendeur de la vie de Michael Kumpfmüller et qui, comme Le Port-Salut - c'est écrit dessus -, revenait sur les derniers mois de vie de l'auteur de La Métamorphose), en offrant une commémoration plus expansive de l'écrivain pragois, quand bien même il reste, à raison, l'une de ses figures créatives défiant habilement toute auscultation/interprétation définitive - et encore avec un septième art qui s'est essayé de nombreuses fois à l'exercice.
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| Copyright Bac Films |
Mais, armée de ses bonnes intentions et d'une caméra particulièrement affûtée, la cinéaste polonaise se plie à la tâche d'une manière plutôt audacieuse (tout en ruptures, de ton comme de rythme), tentant de révéler l'homme derrière la légende (campée par un impressionnant Idan Weiss, tout en nuances et en intensité contenue) en s'attachant sur diverses époques au parcours d'un être tourmenté en quête de normalité au coeur du Prague du début du XXème siècle, confronté aux contradictions d'une existence rongée par les attentes familiales - en particularité celles d'une figure paternelle autoritaire - et les obligations d'une vie professionnelle insatisfaisante, porté par un désir sincère de reconnaissance et un imaginaire foisonnant.
Sauf que l'édifice, pertinent mais précaire, s'effrite lentement mais sûrement et la cinéaste se fait presque embrumé par le détachement fasciné de son sujet, privilégiant l'admiration aussi sincère qu'évidente d'une approche formellement culottée mais profondément didactique et métaphoriquement beaucoup trop explicite pour son bien, sans pour autant réussir à pleinement élucider le caractère tout autant énigmatique que poétique de l'homme et de son œuvre.
Comme si, en voulant se départir avec audace du carcan contraignant du biopic conventionnelle, pour mieux se rapprocher par son propre style de son sujet, Holland ne le voyait que mieux se dérober devant sa caméra.
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Ce qui n'empêche pas pour autant, assez paradoxalement, Franz K., techniquement maîtrisé et plutôt juste dans ce qu'il parvient à dégainer, de s'avérer charmant comme divertissant dans son portrait déséquilibré mais intense, entre hommage et analyse, d'une âme tourmentée mais incroyablement fascinante
Si tous les biopics récents pouvaient avoir un tant soit peu de ses ambitions et de son envie de cinéma, sans doute que le genre serait moins irritant à retrouver chaque mercredi - où pas loin - de sorties...
Jonathan Chevrier



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