[CRITIQUE] : 2 Guns
Réalisateur : Baltasar Kormakur
Acteurs : Denzel Washington, Mark Wahlberg, Paula Patton, Edward James Olmos, Bill Paxton, James Mardsen,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : 74 000 000 $
Genre : Comédie, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.
Synopsis :
Bobby et Stig passent tout leur temps ensemble et mouillent dans des affaires très louches. Ils ne le savent pas, mais ils appartiennent tous les deux à des agences gouvernementales qui leur ont demandé d’infiltrer un réseau de trafiquants de drogue.
Lorsqu’un casse auquel chacun participe
pour coincer l’autre tourne mal, Bobby comme Stig sont lâchés par leurs
hiérarchies respectives. Ils découvrent qu’ils ont été manipulés…
Désormais, tout le monde veut les voir en prison, ou encore mieux,
morts. Ils ne peuvent plus compter que l’un sur l’autre, et
malheureusement pour ceux qui veulent leur peau, à trop jouer les
malfrats, ils ont pris de mauvaises habitudes…
Si la critique bien pensante s'est salement amusé - et avec un certain sadisme - à égratigner le retour des papys flingueurs de l'action burné des 80's et que, mis à part les succès de la franchise Expendables, le public ne les a pas forcément suivi en salles non plus, force est d'admettre qu'ils ont su ramenés avec eux un genre qui lui, refait désormais son petit boucan à Hollywood : le buddy movie.
Ou le sous genre le plus sympathique du cinéma d'action, qui redevient donc à la mode.
Pas un mal avons-nous envie de dire, pour les cinéphiles qui - comme moi -, biberonnés au cinéma des années 80, mais surtout pour des cinéphiles de plus en plus lassés par une production ricaine bourrée jusqu'à la gueule de blockbusters insignifiants et friqués, et avec pour la plupart du temps des super-héros comme persos principaux.
Carton surprise de cet été au box-office (il a quand même botté le cul des Schtroumpfs, vendus comme archi-favoris dans leur duel), 2 Guns - que Sony aura intelligemment distribué en France avec son titre original -, fleure salement bon la nostalgie " VHS ", de celles que l'on se passait en boucle et en boucle durant nos longues heures de galères et d'apprentissages cinéphiles.
Flairant les douces effluves des péloches cultes de ce bon vieux Walter Hill, le film se posait, sur le papier, comme le frangin caché et survolté de Tango & Cash et Bad Boys (pour le côté deux flics associés mais que tout oppose), le tout à la sauce western dans la droite lignée de Butch Cassidy et le Kid.
Soit donc, au bas mot, une lourde série B foutrement fun et décomplexée, comme on en fait (presque) plus.
Après vision, le verdict est sans appel, le film est bien tout ça et même plus encore, car si il arrive à transcender avec panache une BD éponyme mais palote sur laquelle il s'inspire dans les grandes largeurs, il assume surtout complétement ses quelques défauts et ses incohérences - qui ne sont d'ailleurs jamais feints -, rendant sa vision pour le coup, encore plus savoureuse.
Blindé de gunfights sanglants et violents, de punchlines délirantes, de pépés à tomber (Paula " Damn she's so hot " Patton !); de bourrins au charisme aussi imposant que leur corones, et le tout savamment saupoudré d'une bonne dose de came et de billets vert, 2 Guns c'est tout simplement de l'or en boite, du pur plaisir coupable shooté à la dynamite et magnifié par un duo d'acteurs à l'alchimie démente.
Car si le film fonctionne aussi bien, c'est avant toute chose grâce à l’abatage exceptionnel comico-physique de deux des plus grands cabotinneurs d'Hollywood, Mark Wahlberg et ses biscottos toujours aussi saillants depuis No Pain No Gain - tout comme son franc-parler désormais légendaire -, et l'inestimable Denzel Washington, que l'on avait jamais vu aussi à l'aise dans l'humour.
Les deux prennent un putain de plaisir à se chamailler et à se foutre sur la gueule, leurs réparties et leurs échanges sont judicieusement dosés et ils feraient même entièrement le boulot, si Balthasar Kormakur (poto de Marky Mark depuis l'efficace Contreband) n'avait pas eu la brillante idée de les entourés - comme toute bonne série B - d'un casting de seconds couteaux précieux, cerises sur un gâteau déjà très bien fournit.
D'une Paula Patton caliente à un immense Edward James Olmos à la voix rocailleuse, en passant par un James Mardsen - trop rare - venimeux et un excellent Bill Paxton - encore plus rare -, parfait en roi des crevures (la roulette russe sur testicules à toutes chances de devenir un classique du genre !), tous composent des ingrédients essentiels et d'exception, à ce cocktail old-school certes peu original et aux enjeux souvent brouillons (surtout dans son climax), mais à l'énergie et à la bonne humeur franchement communicative.
Purement efficace et dynamique (Kormakur cadre le tout avec précision et soin), coloré (joli boulot sur la photographie signé Oliver Wood, déjà à l’œuvre sur la première trilogie Bourne) et aux dialogues irrévérencieux aussi percutants que ses fusillades, 2 Guns ne renouvelle certes pas le genre action, mais il apporte joliment sa pierre à l'édifice, et se déguste avec un certain plaisir régressif, puisqu'il a constamment l'ingéniosité et la lucidité de ne jamais chercher plus loin que de divertir son spectateur.
Fun et avec les précieuses et regrettés 80's dans le rétroviseur, il est indiscutablement une bande taillée dans la roche pour tous les fanatiques du cinéma burné, orphelin depuis la tragique disparition du si regretté Tony Scott.
Naturel, spontané, sans complexe et dénué de tout superflu, la péloche prouve par A + B qu'un bon film ne tient qu'à peu de choses habilement assemblées entre elles.
Et de bon film, 2 Guns en est définitivement un.
Jonathan Chevrier