[CRITIQUE] : Julie (En 12 Chapitres)
Réalisateur : Joachim Trier
Acteurs : Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Norvégien, Français, Danois, Suédois, Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.
Critique :
Il y a quinze ans tout rond, le talentueux cinéaste Joachim Trier faisait irruption sur la planète cinéma avec Nouvelle Donne, premier long joliment grisant dans sa représentation électrisante des des joies, des douleurs et des angoisses de trois amis fraîchement entrés dans la vingtaine.
S'il n'a jamais totalement perdu la jeunesse - sauf peut-être avec son mitigé et très lourd Back Home -, il n'a pourtant jamais offert une vision aussi sage, juste et mélancolique de ceux qui débutent dans la vie, qu'avec son cinquième effort : Julie (En 12 Chapitres), une comédie romantico-satirique " Emma Bovary-esque " offrant un regard pointu et joliment poignant sur comment ce que l'on surnomme " les meilleures années " (comprendre la vingtaine), passent à une vitesse si folle que l'on ne réalise leur importance qu'une fois vécue.
Divisé, comme son titre l'indique, en 12 chapitres - plus un prologue et un épilogue -, le film est une oeuvre lyrique et romanesque (dans la forme la plus scandinave du terme) dont l'authenticité acérée tire sa force du caractère irrégulier et du refus de conformité de sa formidable héroïne, une jeune femme indécise se laissant - volontairement - distraire par les nombreuses distractions/possibilités de la vie, remettant à plus tard toute décision importante sur son avenir.
Et c'est justement dans ce parcours semés d'embûches, de fausses quiétudes mêlés à divers triomphes et désillusions, que Trier dresse le portrait plein de vérité d'une génération aussi enthousiaste qu'angoissée, au travers non pas d'une quête initiatique sur le dur passage à la vie d'adulte, mais bien d'un récit sur l'apprentissage et la découverte (passant souvent par les relations sentimentales) de cette indépendance nouvelle, faite de joies et de regrets.
Intensément concentré sur la liberté d'esprit de son héroïne et son intelligence désinvolte, autant que sur ses relations avec les hommes, ou les amusements d'une jeunesse débridée commencent peu à peu à s'écraser sous le poids silencieux des conséquences de l'irresponsabilité; l'écriture ciselée de Trier et Vogt enracine le manque de direction concrète de celle-ci dans une réalité elle-même incertaine (crise économique et écologique, relans patriarcals dans l'accomplissement supposé de la femme,...), pour mieux jouir de son attitude juvénile à la fois d'excitation et de scepticisme face à la plénitude d'expériences que la vie offre, et ainsi tromper la familiarité et les clichés des portraits sur la vingtaine perdue - comme Noah Baumbach avec son formidable Frances Ha.
Désamorcant constamment les mécanismes de défense aussi bien de son sujet que de son auditoire, avec une émotion naturelle et subtilement crue (bien aidé par une voix off omnisciente mais ironiquement distanciée), passant de la conscience de soi enthousiaste à la contemplation réelle profondément émouvante de la perte et de la douleur; Julie (En 12 Chapitres) est d'une dévotion incroyable dans son identification complexe et envoûtante des aléas d'une femme insaisissable (Renate Reinsve, absolument incroyable), et qui fait tout pour ne jamais l'être, même envers elle-même.
Un film qui tout comme son héroïne en pleine crise existentielle, doute, essaye avec autant d'assurance que de maladresse, expérimente quitte à devoir assumer les conséquences, trébuche face aux incertidutes et aux inquiétudes mais reste constamment digne et follement empathique.
Dans le giron très balisé de la comédie romantique, le cinquième effort de Trier joue tel un funambule avec ses nombreuses tonalités, et à définitivement tout du raz-de-marée sexy, mélancolique et satirique comme on en voit que trop peu, c'est dire toute sa réussite mais avant tout et surtout, son importance.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Norvégien, Français, Danois, Suédois, Américain.
Durée : 2h01min.
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2021
Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.
Critique :
Comédie romantique savoureusement satirique et mélancolique, #JulieEn12Chapitres est une oeuvre lyrique et envoûtante dont l'authenticité acérée tire sa force du caractère irrégulier et du refus de conformité de sa formidable héroïne, incarnée avec justesse par Renate Reinsve. pic.twitter.com/ygNQNLmIkV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 17, 2021
Il y a quinze ans tout rond, le talentueux cinéaste Joachim Trier faisait irruption sur la planète cinéma avec Nouvelle Donne, premier long joliment grisant dans sa représentation électrisante des des joies, des douleurs et des angoisses de trois amis fraîchement entrés dans la vingtaine.
S'il n'a jamais totalement perdu la jeunesse - sauf peut-être avec son mitigé et très lourd Back Home -, il n'a pourtant jamais offert une vision aussi sage, juste et mélancolique de ceux qui débutent dans la vie, qu'avec son cinquième effort : Julie (En 12 Chapitres), une comédie romantico-satirique " Emma Bovary-esque " offrant un regard pointu et joliment poignant sur comment ce que l'on surnomme " les meilleures années " (comprendre la vingtaine), passent à une vitesse si folle que l'on ne réalise leur importance qu'une fois vécue.
Copyright Oslo Pictures |
Divisé, comme son titre l'indique, en 12 chapitres - plus un prologue et un épilogue -, le film est une oeuvre lyrique et romanesque (dans la forme la plus scandinave du terme) dont l'authenticité acérée tire sa force du caractère irrégulier et du refus de conformité de sa formidable héroïne, une jeune femme indécise se laissant - volontairement - distraire par les nombreuses distractions/possibilités de la vie, remettant à plus tard toute décision importante sur son avenir.
Et c'est justement dans ce parcours semés d'embûches, de fausses quiétudes mêlés à divers triomphes et désillusions, que Trier dresse le portrait plein de vérité d'une génération aussi enthousiaste qu'angoissée, au travers non pas d'une quête initiatique sur le dur passage à la vie d'adulte, mais bien d'un récit sur l'apprentissage et la découverte (passant souvent par les relations sentimentales) de cette indépendance nouvelle, faite de joies et de regrets.
Intensément concentré sur la liberté d'esprit de son héroïne et son intelligence désinvolte, autant que sur ses relations avec les hommes, ou les amusements d'une jeunesse débridée commencent peu à peu à s'écraser sous le poids silencieux des conséquences de l'irresponsabilité; l'écriture ciselée de Trier et Vogt enracine le manque de direction concrète de celle-ci dans une réalité elle-même incertaine (crise économique et écologique, relans patriarcals dans l'accomplissement supposé de la femme,...), pour mieux jouir de son attitude juvénile à la fois d'excitation et de scepticisme face à la plénitude d'expériences que la vie offre, et ainsi tromper la familiarité et les clichés des portraits sur la vingtaine perdue - comme Noah Baumbach avec son formidable Frances Ha.
Copyright Oslo Pictures |
Désamorcant constamment les mécanismes de défense aussi bien de son sujet que de son auditoire, avec une émotion naturelle et subtilement crue (bien aidé par une voix off omnisciente mais ironiquement distanciée), passant de la conscience de soi enthousiaste à la contemplation réelle profondément émouvante de la perte et de la douleur; Julie (En 12 Chapitres) est d'une dévotion incroyable dans son identification complexe et envoûtante des aléas d'une femme insaisissable (Renate Reinsve, absolument incroyable), et qui fait tout pour ne jamais l'être, même envers elle-même.
Un film qui tout comme son héroïne en pleine crise existentielle, doute, essaye avec autant d'assurance que de maladresse, expérimente quitte à devoir assumer les conséquences, trébuche face aux incertidutes et aux inquiétudes mais reste constamment digne et follement empathique.
Dans le giron très balisé de la comédie romantique, le cinquième effort de Trier joue tel un funambule avec ses nombreuses tonalités, et à définitivement tout du raz-de-marée sexy, mélancolique et satirique comme on en voit que trop peu, c'est dire toute sa réussite mais avant tout et surtout, son importance.
Jonathan Chevrier