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[CRITIQUE] : Ça : Chapitre 2


Réalisateur : Andy Muschietti
Acteurs : James McAvoy, Jessica Chastain, Bill Hader, Bill Skarsgård,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Épouvante-Horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h50min.

Synopsis :
27 ans après la victoire du Club des Ratés sur Grippe-Sou, le sinistre Clown est de retour pour semer la terreur dans les rues de Derry. Désormais adultes, les membres du Club ont tous quitté la petite ville pour faire leur vie. Cependant, lorsqu'on signale de nouvelles disparitions d'enfants, Mike, le seul du groupe à être demeuré sur place, demande aux autres de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent maîtriser leurs peurs les plus enfouies pour anéantir Grippe-Sou une bonne fois pour toutes. Mais il leur faudra d'abord affronter le Clown, devenu plus dangereux que jamais…



Critique :



Il y avait de quoi avoir sacrément peur face au remake du cultissime Ça, dont la production méchamment houleuse (Cary Fukunaga...) nous avait refroidi un brin, ajouté à l'idée qu'il nous était impossible de voir un autre acteur que l'inestimable Tom Curry, dans la peau du terrifiant Pennywise aka Grippe-sou.
Monument de l'horreur des 90's - vingt-sept ans au compteur -, et de loin l'une des meilleures adaptations d'un bouquin de Stephen King, Ça - Il est Revenu a traumatisé toute une génération.
Bonne nouvelle, en redéfinissant pleinement ce qu'est la peur sur grand écran (précepte que 90% des productions actuelles ont volontairement oubliée), la relecture signée Muschietti clouait in fine le bec à toutes nos craintes et s'imposait comme une réussite éclatante et implacable.



Reprenant avec fidélité et respect le roman d'origine - tout en prenant quelques libertés salvatrices -, il pouvait se voir autant comme un teen movie enivrant tout droit sortie des 80's, qu'un douloureux drame humain sur une poignée de gosses maudits, autant par une figure fantasmagorique implacable (Pennywise) que par une vie qui leur donne plus de coups que de raison (parents abusifs ou absents, manque d'attention/intérêt de la part des adultes, camarades de classes violents, maladies/névroses tenaces,...).
Un cauchemar virtuose, maniant avec finesse le processus de citation/réappropriation (presque comme le ferait si habilement le roi du fantastique racé et intelligent, M. Night Shyamalan) et saluant avec révérence ses icônes inspiratrices, le tout en limitant ses jumpscares au maximum et misant sur une horreur et une violence férocement graphique.
Une violence folle et démesurée, symbolisée par un Pennywise diabolique et flippant à souhait, boogeyman effrayant, capable d'attaquer tout le monde et de n'importe qu'elle manière qu'il soit.
Un monstre cauchemardesque, demi-frère assumé de Freddy Krueger (jusque dans les répliques assassines), qui dérange autant qu'il terrifie, campé avec prestance par un étonnant - vraiment - Bill Skarsgård.



Pile poil deux ans plus tard, Muschietti lui offre donc sa suite et son pendant adulte, définitivement plus casse-gueule sur le papier malgré un casting chevronné pour incarner son Club des ratés (Jessica Chastain, James McAvoy et Bill Hader surtout), et une campagne promotionnelle suffisamment bien encadrée pour foutre la trique au plus insensible des cinéphiles endurcis.
Moins bonne pioche, puisque sans doute bien trop enthousiasmé par sa réussite précédente, le cinéaste renie quasiment tous ses préceptes pour signer une séquelle considérablement inférieure tout autant qu'elle est étrangement prenante, une vraie déroute enivrante qui assume tout du long son étrangeté et sa révérence appuyée (et salutaire tant elle rattrape les petits oublis du premier opus... tout en en faisant d'autres, comme l'absence des conjoints de Bill et Bev), à l'oeuvre mère de Stephen King.
L'histoire on l'a connaît tous - ou presque -, raison de plus pour que Muschietti ne s'attarde pas à l'approfondir plus que de raison, un parti pris osé et à double tranchant tant il annihile justement toute la profondeur essentielle qu'avait besoin les personnages, pour apparaître un tant soit peu empathique aux yeux d'un auditoire qui s'était épris de leur aventure pendant leur enfance, justement parce qu'ils étaient abîmés par la vie, et que la caméra ne faisait pas que simplement supposer le bonheur qui leur était douloureusement refusé.



Le choc de ce manque d'empathie n'en est que plus fort où le temps d'un flashback, on retrouve tous les adolescents face à un Pennywise encore pleinement terrifiant (ce fameux face-à-face ultime à la fin de l'été), et pas encore prêt à devenir une caricature de lui-même, sorte de version low-cost du Freddy Krueger post-Les Griffes de la Nuit (plus comique que sanguinaire), là où il avait pourtant tout en lui pour terroriser aussi bien des ados que des quarantenaires.
Si l'alchimie entre tous les ados fonctionnent, celle entre les adultes, basée sur la reconstruction du Club trois décennies (bon 27 ans...) plus tard à Derry, bafouille et se voit même totalement plombée par le souci pourtant légitime, de devoir leur donner un temps équivalent de présence à l'écran (quitte à tous les séparés tout du long, pour qu'ils revivent chacun leurs enfances et ses traumatismes), alourdissant plus que de raison un rythme mais surtout une durée déjà étirée à l'extrême par des séquences et des quêtes secondaires inutiles (celle d'Henry Bowers notamment) même si, souvent, fantastiques visuellement.
Un comble quand on sait que malgré tout, bien aidé par une ambiance savoureusement macabre, Andy Muschietti arrive tout de même à maintenir une tension palpable au coeur de son intrigue et ne pas totalement payer le prix de sa décision originelle (le choix délicat - et légèrement controversé - de diviser les chronologies des duels passés et présents en deux films, alors qu'elles dialoguent constamment dans le roman), mais là où le premier film privilégiait une épouvante viscérale, intimiste et profondément old school dans sa manière frontale d'attaquer par l'imaginaire foisonnant de ses victimes et de son bourreau, cette suite oublie tout et semble gentiment s'aligner sur une concurrence paresseuse qu'elle battait jadis, à plate couture.


Des jumpscares prévisible (malgré de vraies idées de mise en scènes) à une surenchère visuelle certes fascinante mais souvent à la lisière du ridicule (la scène hallucinatoire du restaurant chinois en tête), en passant par des CGI parfois foireux et une dédramatisation maladroite par un humour un poil pataud et ne faisant que partiellement mouche - parce que trop présent pour incarner un vrai échappatoire pour les adultes -; la terreur y est aseptisée et fragile, trop fragile.
Engoncé dans une sorte de combat improbable entre le passé (les idées du premier film) et le présent (les partis pris du second film), le concept se fissure et, finalement, le deuxième - et dernier, on l'espère - chapitre ne parvient pas à maintenir l'étincelle magique du premier, succombant à un dangereux cocktail de remake mal maîtrisé et redondant (le recyclage des mêmes leçons de vie déjà asséné dans le film précédent), de rappels inédits mais mal placés (des flashbacks déroutant), et d'une focalisation éparse et férocement dispersée (excepté peut-être le personnage de Richie Tozier, à qui l'on offre un arc réellement rafraîchissant).
Dommage, car malgré tous ses gros points faibles, Ça - Chapitre 2 reste un jeu de miroirs complémentaire au premier chapitre, qui se laisse étrangement regarder sans trop de déplaisir, aussi et surtout pour l'interprétation impliquée d'un casting incroyable, dominé par le show fracassant - même s'il est moins présent - de Bill Skarsgård, et la partition dantesque d'un Bill Hader douloureusement relayé au second plan, là où son personnage est sensiblement le mieux traité et fascinant de l'histoire. 


Une belle oeuvre bicéphale en somme, à défaut d'être majeure, qui sacrifie l'intime mélancolique au spectaculaire, mais dont la maladresse la plus impardonnable (au-delà d'un final décevant et poussif, mais moins foutraque que dans le roman), bien qu'elle n'y soit pas totalement pour grand chose, aura d'avoir capitaliser bien trop d'attentes sur sa seule bande, pour pouvoir toutes les combler sur un tout petit peu moins de trois heures, malgré sa jolie intention d'essayer. 


Jonathan Chevrier 





La bande de Derry revient dans ce chapitre final et extrêmement attendu de la saga des Muschetti (Andy à la réalisation et Barbara à la production). Le casting plus qu’alléchant, la longueur inattendue du film (presque 3h pour un film d’horreur grand public !) et la validation de Stephen King lui-même ont fait encore monter la hype, qui ne pouvait désormais plus qu’exploser comme un ballon.
De fait, le film ne parvient pas à garder la fluidité et la simplicité du premier, se perdant dans les méandres des souvenirs, dans de longs flashbacks horrifiques mais répétitifs. Les personnages adultes sont à peine brossés, pour revenir en enfance et dans la terreur presque immédiatement. Le spectateur est baladé, comme les protagonistes, dans l’absurde de ça, déboussolé et ne voyant pas comment vaincre un monstre à la violence et à la perversité infinie.



Mais, si l’on enlève l’arc narratif consacré à une brute revenue d’entre les morts, plein de contradictions et qui ne semble pas servir au récit, le film retrouve sa cohérence en faisant preuve d’une certaine subtilité : le personnage de Richie est exploré plus que dans le premier film où cela fait défaut et ce, sans lourdeur, la confusion régnant à Derry et le peu de caractérisation des adultes s’explique par l’action de Pennywise sur eux, et l’emprise qu’il a sur toute la ville. L’enfance hante littéralement tout le film, montrant à la fois l’indispensable retour des personnages à Derry et la fin de cette saga de films d’horreur.
Au final, Ça : Chapitre 2 est un film dense, plein d’images marquantes et d’ésotérisme, beaucoup dans la métaphore (parfois trop), maladroit et intense, ce qui en fait la conclusion parfaite à une saga phénomène qui fascinera encore dans 27 ans.


Léa 




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