[CRITIQUE] : Une Intime Conviction
Réalisateur : Antoine Raimbault
Acteurs : Olivier Gourmet, Marina Foïs, Laurent Lucas,...
Distributeur : Memento films
Budget : -
Genre : Thriller, Judiciaire.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l'injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.
Critique :
Thriller psychologique et judiciaire captivant façon plongée haletante et littéralement en apnée dans les arcanes du système judiciaire, #UneIntimeConviction cultive avec pertinence l'esprit du doute et incarne un vrai bon premier film, solidement écrit et incarné pic.twitter.com/QLDboBPYb1— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) February 8, 2019
Qu'on le veuille ou non, nous sommes tous un minimum clients des faits divers qui émaillent notre société, que nous les consommons soit dans les journaux (papiers ou télévisés), ou soit plus volontairement, avec un mélange de fascination et de terreur, en mirant l'une des émissions sur le sujet - et Dieu sait quelles sont de plus en plus nombreuses -, parce que certaines affaires nous intriguent plus que d'autres.
Et celle de la disparition de Suzanne Viguier courant 2000, puis des procès très médiatisés de son mari Jacques Viguier neuf ans plus tard, considéré comme le suspect numéro un - même s'il a toujours clamé son innocence -, fait décemment partie de celles-là.
Terreau propice à une mise en image sur grand écran, tant la France s'est véritablement passionné pour cette histoire d'un homme acquitté puis condamné alors que de nombreuses zones d'ombres ont émaillés les deux procès, et qu'il a été accusé sans la moindre preuve réellement établie; Une Ultime Conviction, premier long-métrage d’Antoine Raimbault, s'attarde non sans une part de fiction (le personnage de Marina Foïs surtout), aux arcanes du second procès, celui de la condamnation.
Thriller psychologique et judiciaire passionnant sur une disparition, près de vingt ans plus tard, encore non élucidée, la péloche ne se pose jamais en juge des failles judiciaires dont il scrute tous les rouages avec une finesse rare, et réussi la prouesse de parvenir tout du long à garder une distance et une objectivité salvatrice, sans que cela n'atteigne l'aura fascinante d'une affaire dont il maitrise tous les détails... ou presque.
Constamment au coeur d'une procédure filmée avec énergie comme une (en)quête de vérité haletante, le cinéaste nous fait l'invité privilégié des coulisses d'un théâtre souvent absurde ou le doute est un spectre légitime hantant un drame complexe et bien réelle, ou certitude et suspicion s'enlacent pour ne plus faire qu'un, à tort où à raison.
Les questions sont posées avec intensité et conviction, autant par des comédiens habités (Olivier Gourmet est parfait dans la peau charismatique de l’avocat Eric Dupont-Moretti, Marina Foïs est habitée et Laurent Lucas est tout simplement exceptionnel en coupable idéal mutique) que par un script fouillé et minutieux, au spectateur de se faire sa propre réponse, mais aussi et surtout de se laisser happer par cette plongée en apnée dans les arcanes du système judiciaire.
Le doute est remis en question, l'intime conviction tout autant, mais une certitude règne en maître absolu : Une Intime Conviction est un excellent premier essai.
Jonathan Chevrier