[CRITIQUE] : Désobéissance
Réalisateur : Sebastian Lelio
Acteurs : Rachel Weisz, Rachel McAdams, Alessandro Nivola,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min.
Synopsis :
Critique :
Tragédie sentimentale bouleversante et intense sur un amour impossible entre deux âmes divisées et malades de ne pas pouvoir établir la moindre connexion par manque de liberté, #DesobeissanceLeFilm est un bijou de drame intime sublimé par deux actrices ahurissantes de justesse. pic.twitter.com/RxqZ49JF5m— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 5 juin 2018
Pour les amateurs de ses deux actrices aussi belles que talentueuses, un film avec l'une des deux Rachel, McAdams et Weisz, ça s'attend toujours avec une certaine impatience.
Mais
un film avec les deux actrices ensemble, sous la caméra d'un cinéaste
talentueux déjà organisé, Sebastian Lelio (A Fantastic Woman), le projet
devient tout de suite gentiment immanquable.
Adaptation
du roman éponyme de Naomi Alderman, et plaçant son intrigue au sein de
la communauté juive-orthodoxe de Londres, où les libertés individuelles
sont sacrifiées sur l'autel de la croyance et de la tradition,
Désobéissance s'attache au retour forcé (suite au décès de son père,
éminent rabbin apprécié de tous) dans ce cadre rigide et restrictif de
Ronit, dont l'apparence physique et la vie personnelle (elle est
photographe à New-York), dénote complètement avec ses anciens
contemporains.
Presque paria d'une communauté
qu'elle a quitté pour d'obscures raisons (mais faciles à déceler) et qui
la renie poliment - sans forcément être hostiles comme d'autres
communautés -, elle y retrouvera deux amis de jeunesse, Dovid, devenu
disciple du rabbin, et sa femme Esti, avant de très vite troubler la
quiétude et la discrétion de leur quotidien...
Tragédie
sentimentale bouleversante et nécessaire sur un amour impossible entre
deux êtres malades de ne pas pouvoir établir la moindre connexion par
manque de liberté (ce qui tranche avec les premiers mots de l'ouverture,
annonçant que les humains au contraire des anges et des démons, sont
libres de choisir leurs destinées), malades de ne pas pouvoir assumer,
être ce qu'elles sont réellement tant elles sont enfermées dans un mode
de vie trop formel et ritualisé pour elles.
Deux
âmes perdues et divisées, qui se retrouvent, se connectent, se dévorent
du regard dans un balai des sens aussi romantique qu'il est puissant de
désir inassouvi.
Véritable homme de la situation
(remember son fantastique Gloria), Sebastian Lelio, jamais juge ni
bourreau pour ses personnages, transcende la certaine prévisibilité de
son oeuvre (qui peut douter qu'Esti résistera à la tentation incarnée
par Ronit ?) pour en faire un beau drame humain à l'atmosphère aussi
bouillante qu'anxiogène, où la complexité des émotions est le ciment
d'un conflit inévitable, où l'idée de suivre son coeur peut avoir des
conséquences proprement dévastatrices.
Authentique,
intense et forcément intime, pas exempt de quelques longueurs
(surtout dans sa seconde moitié) mais à l'épilogue étonnamment ouvert,
criant de vérité sans aligner une pluie de dialogues, Désobéissance
magnifie la retranscription de la passion sur grand écran, et ne serait
pourtant rien sans les prestations ahurissantes de justesse de Rachel
Weisz (flamboyante), Alessandro Nivola (juste et touchant) mais surtout
de Rachel McAdams (parfaite), véritable pivot dramatique du métrage en
femme tiraillée au plus profond de son coeur.
La désobéissance et l'amour ont un prix, l'honnêteté encore plus.
Jonathan Chevrier