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[CRITIQUE] : Désobéissance


Réalisateur : Sebastian Lelio
Acteurs : Rachel Weisz, Rachel McAdams, Alessandro Nivola,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min.

Synopsis :
Une jeune femme juive-orthodoxe, retourne chez elle après la mort de son père. Mais sa réapparition provoque quelques tensions au sein de la communauté lorsqu'elle avoue à sa meilleure amie les sentiments qu'elle éprouve à son égard...


Critique :

Pour les amateurs de ses deux actrices aussi belles que talentueuses, un film avec l'une des deux Rachel, McAdams et Weisz, ça s'attend toujours avec une certaine impatience.
Mais un film avec les deux actrices ensemble, sous la caméra d'un cinéaste talentueux déjà organisé, Sebastian Lelio (A Fantastic Woman), le projet devient tout de suite gentiment immanquable.
Adaptation du roman éponyme de Naomi Alderman, et plaçant son intrigue au sein de la communauté juive-orthodoxe de Londres, où les libertés individuelles sont sacrifiées sur l'autel de la croyance et de la tradition, Désobéissance s'attache au retour forcé (suite au décès de son père, éminent rabbin apprécié de tous) dans ce cadre rigide et restrictif de Ronit, dont l'apparence physique et la vie personnelle (elle est photographe à New-York), dénote complètement avec ses anciens contemporains.
Presque paria d'une communauté qu'elle a quitté pour d'obscures raisons (mais faciles à déceler) et qui la renie poliment - sans forcément être hostiles comme d'autres communautés -, elle y retrouvera deux amis de jeunesse, Dovid, devenu disciple du rabbin, et sa femme Esti, avant de très vite troubler la quiétude et la discrétion de leur quotidien...



Tragédie sentimentale bouleversante et nécessaire sur un amour impossible entre deux êtres malades de ne pas pouvoir établir la moindre connexion par manque de liberté (ce qui tranche avec les premiers mots de l'ouverture, annonçant que les humains au contraire des anges et des démons, sont libres de choisir leurs destinées), malades de ne pas pouvoir assumer, être ce qu'elles sont réellement tant elles sont enfermées dans un mode de vie trop formel et ritualisé pour elles.
Deux âmes perdues et divisées, qui se retrouvent, se connectent, se dévorent du regard dans un balai des sens aussi romantique qu'il est puissant de désir inassouvi.
Véritable homme de la situation (remember son fantastique Gloria), Sebastian Lelio, jamais juge ni bourreau pour ses personnages, transcende la certaine prévisibilité de son oeuvre (qui peut douter qu'Esti résistera à la tentation incarnée par Ronit ?) pour en faire un beau drame humain à l'atmosphère aussi bouillante qu'anxiogène, où la complexité des émotions est le ciment d'un conflit inévitable, où l'idée de suivre son coeur peut avoir des conséquences proprement dévastatrices.


Authentique, intense et forcément intime, pas exempt de quelques longueurs (surtout dans sa seconde moitié) mais à l'épilogue étonnamment ouvert, criant de vérité sans aligner une pluie de dialogues, Désobéissance magnifie la retranscription de la passion sur grand écran, et ne serait pourtant rien sans les prestations ahurissantes de justesse de Rachel Weisz (flamboyante), Alessandro Nivola (juste et touchant) mais surtout de Rachel McAdams (parfaite), véritable pivot dramatique du métrage en femme tiraillée au plus profond de son coeur.
La désobéissance et l'amour ont un prix, l'honnêteté encore plus.


Jonathan Chevrier