[CRITIQUE] : Jurassic World : Fallen Kingdom
Réalisateur : Juan Antonio Bayona
Acteurs : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Rafe Spall, Justice Smith, Toby Jones, Jeff Goldblum,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Aventure, Science-Fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h08min.
Synopsis :
Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l'île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l'île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.
Critique :
Bien plus défendable que le film de Trevorrow, toujours plombé par un script limité mais emballé avec passion par un @FilmBayona clairement au rdv, #JurassicWorldFallenKingdom porte joliment le seau Amblin et incarne un conte gothique et poétique méchamment fun, honnête et rythmé pic.twitter.com/VnOpAHOZWY— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 6 juin 2018
On avait laissé la franchise Jurassic Park pas forcément
entre de bonnes mains il y a tout pile trois ans avec Jurassic World,
du peu inspiré Colin Trevorrow, tout autant suite directe du
chef-d'oeuvre de Steven Spielberg que retour aux sources mitigé,
reprenant les questionnements méta du film original (frontière
brouillonne entre la fiction et l'outil marketing), pour l'adapter à une
vision résolument critique et moderne (la lassitude facile du
spectateur).
De l'entertainment bordélique et
inoffensif mais franchement efficace, qui essayait de réfléchir sur son
propre médium et de titiller la fibre nostalgique de son auditoire -
avec brio dans le premier tiers -, tout en se tirant constamment une
balle dans le pied (un chargeur entier d'un AK-47 à ce niveau-là) par la
faiblesse de sa mise en scène (jamais audacieuse ni bandante) et son
manque cruel de rigueur scénaristique.
Tous
- dont nous - espéraient donc que l'arrivée en grande pompeux génial
faiseur de rêves Juan Antonio Bayona à la tête de la suite, Fallen
Kingdom, puisse endiguer ce nivellement vers le bas de la saga, cette
volonté contradictoire de vouloir regarder en arrière pour mieux
avancer, là où les premiers opus c'étaient justement démarqués de la
concurrence par la force de leur essence follement novatrice.
Ce
qu'il arrive - partiellement - à faire, même s'il est une nouvelle fois
plombé par un script fourre-tout et faiblard à la limite du laborieux;
une maladresse criante heureusement (très) souvent contrebalancée par
une énergie et une envie de bien faire incroyable, ainsi qu'un habile
mélange des genres.
Suivant le chemin balisé tracé
par le précédent film (c'est une suite directement avec un casting
vedette identique), tout en s'inscrivant étonnamment dans la même veine
spectaculaire et humaine instaurée jadis par Spielberg (la révérence de
l'élève au maître est évidente, et on pense souvent au Monde Perdu), le
papa de A Monster Calls délocalise un brin la réflexion sur la
surenchère technologique - encore présente - pour lui préférer celle du
respect de la vie animale (discours écologique sincère et sans mauvais
esprit à la clé), dans un grand huit émotionnel vertigineux qui assume
pleinement ses dérives comico-violentes et jubilatoires.
Méchamment
fun, portant fièrement le seau old school des bandes Amblin (avec un
penchant savoureux pour le fantastique à la lisière de l'horreur, mais
surtout un attachement certain pour l'enfance qui est déjà une pierre
angulaire du cinéma de Bayona), impressionnant formellement mais encore
trop sage et bancale pour incarner une vraie aventure singulière sur
pellicule (fantasme déjà tué dans l'oeuf avec la présence de Trevorrow à
la tête de Jurassic World III); Jurassic World : Fallen Kingdom est un
honnête et rythmé blockbuster estival, bien meilleur et plus décomplexé
que son plus jeune ainé (voire même que Jurassic Park 3), un conte
gothique et poétique saupoudré à la surenchère Hollywoodienne, qui porte
fièrement la patte de son cinéaste.
Vu sa maladroite - pour ne pas dire foireuse - campagne promotionnelle, on pouvait s'attendre à bien pire...
Jonathan Chevrier