[CRITIQUE] : Le cinquième plan de La Jetée

Réalisatrice : Dominique Cabrera
Acteurs : -
Distributeur : Les Alchimistes
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
Le cousin de la réalisatrice, Jean-Henri, se reconnaît dans La Jetée de Chris Marker. Il est là de dos, avec ses parents sur la terrasse d’Orly dans le cinquième plan du film. Aucun doute, il reconnaît ses oreilles décollées. Et si c'est lui, il est le héros du film, enfant... Dominique Cabrera est immédiatement happée par cette enquête intime et historique ; quelle était la probabilité pour que Marker et les Cabrera choisissent ce même dimanche de 1962 pour se rendre sur la jetée d'Orly ?

Comédienne et cinéaste (mais pas que) discrète d'un septième art hexagonal qui ne l'a jamais véritablement mis en lumière (il n'est jamais trop tard, cela dit), malgré une filmographie gentiment dense jonglant d'une manière aussi libre qu'enlevée du documentaire à la fiction - cinématographique comme télévisuelle -, Dominique Cabrera continue de rouler gentiment sa bosse au gré de projets éclectiques et inclassables, toujours façonné sur une structure aux multiples niveaux de lectures et une authenticité difficilement discutable (les très beaux Le Lait de la tendresse humaine, Nadia et les hippopotames où encore Folle embellie).

Son nouvel effort, particulièrement original et intriguant sur le papier, Le cinquième plan de La Jetée, suit totalement cette lignée où elle mêle d'une manière audacieuse, l'histoire du cinema au détour d'un film mythique, et sa propre famille.

Flairez plutôt : le propre cousin de la cinéaste, Jean-Henri, lui avoue se reconnaître à un travers un plan (le cinquieme - tout est dans le titre -, où il apparaît avec ses parents sur la terrasse d’Orly) dans La Jetée de Chris Marker, cinéaste cher aux yeux de Cabrera.
Il n'en fallait donc pas plus pour qu'elle entreprend une odyssée à la fois intime et historique pour résoudre ce mystère captivant, analysant avec minutie la probabilité que l'un des cinéastes français les plus novateurs de sa génération, puisse impliquer trois de ses proches dans une œuvre charnière, pour mieux dégainer un bel hommage au bonhomme comme un portrait tendre et bouleversant de sa famille, déracinée et en quête de reconstruction au coeur des 60s après leur depart d'Algérie.

Œuvre délicate et toute en persévérance (sept ans de travail), Le cinquième plan de La Jetée est un petit bout de cinéma émouvant et douloureux, un vrai effort de mémoire fasciné et fascinant qui vaut décemment son pesant de pop-corn au sein d'un premier mercredi de novembre méchamment chargé comme une mule en propositions.

Jonathan Chevrier