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[CRITIQUE] : Dragons


Réalisateur : Dean DeBlois
Acteurs : Mason Thames, Gerard Butler, Nico Parker, Nick Frost,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min.

Synopsis :
Sur l'île escarpée de Beurk, où depuis des générations Vikings et dragons s’affrontent sans merci, Harold fait figure d’exception. Effacé, écrasé par la stature de son père, le chef de la tribu, Stoïk, ce jeune rêveur défie des siècles de tradition en se liant d'amitié avec un dragon nommé Krokmou. Leur lien improbable va révéler la vraie nature des dragons et remettre en question les fondements mêmes de la société viking.
Flanqué de la farouche, autant qu’aventureuse, Astrid et de Gueulfor, le sympathique forgeron du village, Harold va devoir s’imposer dans un monde déchiré par la peur et l’incompréhension. Alors qu’une dangereuse créature réémerge des brumes du passé, menaçant à la fois les Vikings et les dragons, l’amitié d’Harold et Krokmou pourrait bien être la clef d’un nouvel avenir. Ensemble, ils vont devoir se frayer un chemin fragile vers la paix, en dépassant les limites de leurs deux mondes pour mieux redéfinir les notions de chef et de héros.




On ne cessera de vanter les mérites de la franchise Dragons, véritable fer de lance d'une animation originale, plus adulte et maitrisée chez Dreamworks, un virage qualitatif hautement fondateur puisqu'il aura menée la firme à produire de manière construite, les suites de ces plus grands succès et les projets plus risqués et originaux (même si Kung Fu Panda 4 et, tout prochainement, Shrek 5, viennent totalement contredire cette affirmation).
Une jolie révolution sous couvert d'une belle et riche histoire d'amitié Bigger than Life, alliant la brutalité et l'honnêteté de ses émotions à une richesse mythologique époustouflante, le tout porté par une animation absolument grandiose.

Si l'on considérait cette sépulture inviolable, tant Dean DeBlois l'avait conçu comme un tout complet auquel toute suite serait certes accueillie les bras ouverts, mais avant tout et surtout totalement inutile, le cinéaste lui-même n'était pas du tout de cet avis et, à une heure où la firme firme grandes oreilles Disney s'est laissé aller à adapter/réimaginer (sans imagination, excepté pour le magnifique Peter et le Dragon)/saccager une bonne frange de son catalogue animé, il s'est lui aussi mis en tête de passer par la case du remake live-action de sa propre création.

Copyright 2024 Universal Studios. All Rights Reserved.

Tout autant absurde qu'improbable comme proposition, puisqu'il est presque acquis que toute transposition en prises de vues réelles ne peut qu'enlever une grande partie de la personnalité - colorée -, de l'imagination comme de la liberté inhérente à l'animation (à l'image même de Krokmou, dont le photoréalisme ici, totalement dépendant de son modèle animé, rappelle les errances souvent douteuses des animaux du diptyque Le Roi Lion), Dragons sauce 2025 dépasse in fine d'une griffe de dragon le statut peu reluisant de simple remake plan par plan du film original, auquel il voue une fidélité réconfortante et totale, ce qui est à la fois sa force (aucune digression inutile comme chaque relecture de la firme aux grandes oreilles) comme sa petite faiblesse : il n'y a rien qui le rend véritablement essentiel, quand bien même il lui apporte un regard plus mâture mais également un vrai réalisme visuel et émotionnel, qui tranche frontalement avec ce qui était laissé jadis à l'imaginaire du spectateur.

Reprenant exactement le même pitch à la ligne près (Harold, gamin marginalisé de son petit village vikings de Beurk, va capturer et se lier d'amitié avec une Furie Nocturne, l'un des dragons les plus insaisissables et les plus mortels qui soient - qu'il nommera Krokmou -, avec qui il va démontrer à tous que dragons et humains ne sont pas forcément ennemis, et peuvent même vivre en paix ensemble), la péloche perd un poil.en naturel ce qu'elle gagne en spectaculaire (les séquences de vol sont extraordinaires, et le final est à la fois grisant et terrifiant) mais aussi et surtout en maturité et en émotion brute, comme à travers la relation père/fils douloureuse entre Stoïk et Harold, où les interprétations tout en nuances de Mason Thames et Gerard Butler (oui) viennent donner une profondeur plus déchirante encore que dans son pendant animé - le tout sublimé par John Powell fait son retour à la musique.

Copyright 2024 Universal Studios. All Rights Reserved.

Divertissant par nature puisqu'il reprend exactement tout ce qui faisait la magie du film d'animation originale de 2010, dans une copie tout aussi conforme que fidèle et follement immersive, Dragons justifie par quelques petites touches subtiles sa transposition pour ne pas trop sentir le réchauffé dans son mélange familier de mélancolie et de sincérité.
Il ne vole peut-être pas avec la même grâce que son illustre aîné, mais il a un feu vibrant qui brûle en lui et qui fait qu'il n'est absolument pas comparable, à l'opportunisme paresseux de toutes les transpositions génériques du catalogue Disney.


Jonathan Chevrier



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Existe-t-il des films inutiles ? Vaste question qui s'élargit sur : est-ce qu’il faut trouver de l’intérêt à l’art ? Chacun aura son avis et cette critique n’a pas pour but de donner une réponse définitive. Mais on peut tout de même se demander s’il existe des films qui n'apportent et n'explorent rien de nouveau. Commercialement parlant, aucun film n’est inutile. Dans l’industrie du cinéma actuel, une œuvre reste un produit qui peut attirer un public et rapporter de l’argent. Par contre, artistiquement parlant, c’est plus compliqué. Avec la multiplication des adaptations en live action de dessins animés, on a souvent vu la question : “Mais à quoi ça sert de faire ce genre de film ?

Le genre d’interrogation qui, depuis plusieurs années maintenant, se pose pour des films Disney. Entre les productions qui n'apportent strictement rien à l’œuvre de base (on pense notamment au Roi Lion) et celles qui revisitent avec plus ou moins de succès (dernièrement Lilo & Stitch qui, bien qu’imparfait, réécrivait en grande partie le dessin animé de 2002), la firme aux grandes oreilles est devenue spécialiste dans ce processus.

Mais aujourd’hui, d’autres studios commencent à être pris par la fièvre de l’adaptation. C’est le cas de DreamWorks qui vient de sortir Dragons, live action du dessin animé de 2010. Et là où on pouvait saluer Disney pour les quelques partis pris et changements dans les histoires originelles, ce n’est clairement pas le cas. Réalisée par Dean DeBlois (qui était déjà à l’origine du premier film), l’adaptation ne fait qu’un copier/coller à la scène et à la ligne de dialogue. Difficile de comprendre l’utilité d’une telle démarche, surtout venant du même cinéaste.


Copyright 2024 Universal Studios. All Rights Reserved.

Mais alors, puisque c’est exactement le même film, cela doit être aussi bien que l’original, voire meilleur avec les progrès techniques actuels ? Malheureusement, ce n’est absolument pas le cas. Dean DeBlois oublie un aspect important : ce qui rend bien en animation ne fonctionne pas forcément en live. Et Dragons en est le parfait exemple. Quand bien même la présence de décors naturels venus directement d’Irlande, le film est d’une grande laideur lors des scènes tournées en studio, la faute à une photographie terne et “sale”.
Ensuite, reproduire des mouvements d’animation avec de vrais corps humains ne marche tout simplement pas. Là où dans le dessin animé, on avait des scènes comiques, elles sont maintenant particulièrement ridicules et insupportables.

Mais le principal problème de cette adaptation se voit dans l’aspect des dragons. De base, ces créatures ont un aspect mignon. On peut y voir des créatures parfois touchantes dans leurs actions, proches de chiens ou chats. De ce fait, cela permet de s’attacher à ces “monstres”, nous donnant envie de rejoindre le côté d'Harold et de les protéger. Dans cette version, mis à part Krokmou, tous les autres dragons sont profondément terrifiants. La faute à l’hyper-réalisme de leur design, accentuant leurs crocs, leurs griffes, ou encore les imperfections de la peau. On se range plus du côté des autres villageois et on comprend leurs peurs.

Même en copiant l’original, Dragons n’arrive même pas à sa cheville. Au final, il ne fait qu’accentuer les défauts du film de base (notamment une intrigue et l’écriture des relations très rapides), mais qui étaient pardonnés par la beauté de l’animation et le côté enfantin de l'œuvre. Ce live action ne donne qu’une production moche et sans âme, malgré une bande-son et une histoire sympathiques, mais autant aller revoir le dessin animé de 2010. Se pose de nouveau la question : quel est l’intérêt artistique de ce film ?


Livio Lonardi