[CRITIQUE] : Un monde merveilleux
Réalisateur : Giulio Callegari
Acteurs : Blanche Gardin, Angélique Flaugère, Laly Mercier, Lucie Guien,...
Budget : -
Distributeur : KMBO
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h18min
Synopsis :
Dans un futur un peu trop proche où les humains dépendent des robots, Max, une ancienne prof réfractaire à la technologie, vivote avec sa fille grâce à des petites combines. Elle a un plan : kidnapper un robot dernier cri pour le revendre en pièces détachées. Mais tout dérape. Flanquée de ce robot qui l’exaspère, elle s’embarque dans une course-poursuite pour retrouver sa fille et prouver qu’il reste un peu d’humanité dans ce monde.
À la différence d'un giron horrifique qui commence déjà mignon à titiller l'angoisse du spectateur sur les dangers d'une technologie de moins en moins contrôlée et de plus en plus intrusive, à l'heure même où l'IA a dépassé le stade des conversations pour s'imposer au forceps comme un outil - dangereux - de nos quotidiens; la comédie elle, si l'on oublie consciemment quelques panouilles anthologiques (on pense à toi, L'Homme Parfait de Xavier Durringer) s'est elle rarement essayé à l'exercice, sans doute parce qu'il est plus ardu de faire rire avec un sujet qui ne porte pas forcément à le faire.
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Copyright TS Productions - Marianne Productions - 2025 |
Et ce, quand bien même certains cinéastes ont réussi des tâches plus ardus encore, en jouant la carte d'explorations douce-amère du conflit entre l'humanité et l'universalité du sentiment amoureux, et l'ouverture à une véritable intimité avec une entité créée de toute pièce - les fantastiques Her de Spike Jonze et I'm Your Man de Maria Schrader, en sont les plus beaux exemples.
C'est sur un terrain loin d'être défraîchi que s'aventure donc avec force et débrouillardise Giulio Callegari pour son premier long-métrage, Un Monde Merveilleux (titre dont l'ironie ne tarde pas à poindre le bout de son nez), modeste petit bout de cinéma funambule qui louche plus où moins adroitement - mais avec ambition - sur les terrains du film d'anticipation et du road movie sauce buddy movie, cloué aux basques, dans un futur à peine éloigné de nous, d'une ex-enseignante contestataire et réfractaire à la modernité, qui tente par tous les moyens - souvent illégaux - de joindre les deux bouts, et qui n'hésitera à s'embarquer dans les pires galères possibles et inimaginables, aux côtés de ce qui l'exaspére le plus - un robot domestique dernier cri, T-O -, pour retrouver la chair de sa chair mais aussi et surtout, une humanité qu'elle avait sensiblement laissé de côté...
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Version burlesque et légère d'un Terminator sans apocalypse nucléaire, où les machines n'auraient pas encore totalement pris le pas sur un homme totalement dépassé, le film, rythmé au cordeau (même pas quatre-vingt minutes au compteur) et à l'humour gentiment cynique, ne serait sans doute rien sans la présence lumineuse de Blanche Gardin (sans aucun doute, l'humoriste/actrice à la carrière la plus éclectique de la dernière décennie), merveilleuse en quadragénaire désabusée dont la méfiance envers les nouvelles technologies ne fait que renforcer son propre isolement, comme celui de sa fille.
Un joli et prometteur premier effort.
Jonathan Chevrier