[CRITIQUE] : The Chronology of Water
Réalisatrice : Kristen Stewart
Acteurs : Imogen Poots, Thora Birch, James Belushi, Charlie Carrick, Tom Sturridge, Kim Gordon,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain, Français, Letton.
Durée : 2h09min
Synopsis :
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025.
Ayant grandi dans un environnement ravagé par la violence et l’alcool, la jeune Lidia peine à trouver sa voie. Elle parvient à fuir sa famille et entre à l’université, où elle trouve refuge dans la littérature. Peu à peu, les mots lui offrent une liberté inattendue...
D'après le roman autobiographique de Lidia Yuknavitch.
Il y a toujours quelque chose de profondément intéressant à l'idée de voir un ou une talentueuse comédienne se décider à sauter le pas - difficile, évidemment - de la réalisation, de profondément intriguant à l'idée de voir si il où elle laissera s'exprimer une vraie vision de cinéma, de voir si il ou elle laissera parler les influences des cinéastes qui ont jalonnés sa carrière... où pas du tout, car il n'est pas gravé dans le marbre de la pellicule que tout doit être marqué par le sceau des influences plus où moins directes.
Car un passage derrière la caméra peut également être motivé par un but sincère de vouloir offrir aux spectateurs, quelque chose de plus intime sur eux/elles-mêmes qu'ils/elles n'avaient pas pu faire passer au travers de films qui n'étaient pas les leur; un désir honnête de raconter des histoires, des destinées qu'ils/elles jugent importantes et passionnantes à vivre dans une salle jamais trop obscure.
En ce sens, celui totalement naturel opéré par Kristen Stewart (qui n'a eu de cesse de, significativement, se battre avec l'image faussé que l'industrie a donné d'elle-même) avec son premier long-métrage, The Chronology of Water, peut intimement se voir comme une incarnation plus où moins consciente et complexe de toutes ses possibilités, adaptation du roman autobiographique éponyme de Lidia Yuknavitch qui fait écho à son court-métrage Come Swim (où l’eau était, là aussi, un élément fondamental de la narration), tout autant qu'il est emprunt d'une aura profondément plurielle et cinéphiles, tant on se délecte à déceler quelques accents Cronenbergiens et Malickiens - voire même quelques notes marquées des cinémas de Pablo Larraín et d'Olivier Assayas.
Cronenbergien puisque tout ici est question de mutation, de transformation, de renaissance, viscéralement méticuleuse et nerveuse, celle d'une jeune femme brisée par un passé familial noyé par l'alcool et les violences, et qui trouvera sa rédemption, malgré une angoisse authentique face à l'inconnue, aussi bien dans la promesse d'une liberté physique (nager, maîtrisé son corps comme sa destinée face à un élément aussi libérateur que mortel) que spirituelle (la littérature et la maîtrise des mots).
Une héroïne, magistralement incarnée par Imogen Poots, qui a tout du double presque parfait pour une cinéaste dont le trop plein d'idées est à la fois une malédiction (puisque pas encore totalement canalisées, et donc complètement sous le joug de l'œuvre " petit abécédaire de l'art et essai ", d'une manière moins marquée qu'un Ryan Gosling, certes) et une bénédiction, tant la liberté expressive et narrative qu'elle s'octroie est totale et imprévisible : montage non linéaire, division en chapitres, répétitions, allitérations,...
Stewart nage à vue, comme son héroïne face à une vie où elle peine à trouver sa voie, ne cherche pas tant un équilibre qu'une envie de s'exprimer pleinement dans le chaos et la confusion, dans la maladresse comme dans le désir brûlant de cinéma.
Un sacré premier effort donc, imparfait mais fascinant.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Imogen Poots, Thora Birch, James Belushi, Charlie Carrick, Tom Sturridge, Kim Gordon,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain, Français, Letton.
Durée : 2h09min
Synopsis :
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025.
Ayant grandi dans un environnement ravagé par la violence et l’alcool, la jeune Lidia peine à trouver sa voie. Elle parvient à fuir sa famille et entre à l’université, où elle trouve refuge dans la littérature. Peu à peu, les mots lui offrent une liberté inattendue...
D'après le roman autobiographique de Lidia Yuknavitch.
Il y a toujours quelque chose de profondément intéressant à l'idée de voir un ou une talentueuse comédienne se décider à sauter le pas - difficile, évidemment - de la réalisation, de profondément intriguant à l'idée de voir si il où elle laissera s'exprimer une vraie vision de cinéma, de voir si il ou elle laissera parler les influences des cinéastes qui ont jalonnés sa carrière... où pas du tout, car il n'est pas gravé dans le marbre de la pellicule que tout doit être marqué par le sceau des influences plus où moins directes.
Car un passage derrière la caméra peut également être motivé par un but sincère de vouloir offrir aux spectateurs, quelque chose de plus intime sur eux/elles-mêmes qu'ils/elles n'avaient pas pu faire passer au travers de films qui n'étaient pas les leur; un désir honnête de raconter des histoires, des destinées qu'ils/elles jugent importantes et passionnantes à vivre dans une salle jamais trop obscure.
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Copyright Les Films du Losange |
En ce sens, celui totalement naturel opéré par Kristen Stewart (qui n'a eu de cesse de, significativement, se battre avec l'image faussé que l'industrie a donné d'elle-même) avec son premier long-métrage, The Chronology of Water, peut intimement se voir comme une incarnation plus où moins consciente et complexe de toutes ses possibilités, adaptation du roman autobiographique éponyme de Lidia Yuknavitch qui fait écho à son court-métrage Come Swim (où l’eau était, là aussi, un élément fondamental de la narration), tout autant qu'il est emprunt d'une aura profondément plurielle et cinéphiles, tant on se délecte à déceler quelques accents Cronenbergiens et Malickiens - voire même quelques notes marquées des cinémas de Pablo Larraín et d'Olivier Assayas.
Cronenbergien puisque tout ici est question de mutation, de transformation, de renaissance, viscéralement méticuleuse et nerveuse, celle d'une jeune femme brisée par un passé familial noyé par l'alcool et les violences, et qui trouvera sa rédemption, malgré une angoisse authentique face à l'inconnue, aussi bien dans la promesse d'une liberté physique (nager, maîtrisé son corps comme sa destinée face à un élément aussi libérateur que mortel) que spirituelle (la littérature et la maîtrise des mots).
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Copyright Les Films du Losange |
Une héroïne, magistralement incarnée par Imogen Poots, qui a tout du double presque parfait pour une cinéaste dont le trop plein d'idées est à la fois une malédiction (puisque pas encore totalement canalisées, et donc complètement sous le joug de l'œuvre " petit abécédaire de l'art et essai ", d'une manière moins marquée qu'un Ryan Gosling, certes) et une bénédiction, tant la liberté expressive et narrative qu'elle s'octroie est totale et imprévisible : montage non linéaire, division en chapitres, répétitions, allitérations,...
Stewart nage à vue, comme son héroïne face à une vie où elle peine à trouver sa voie, ne cherche pas tant un équilibre qu'une envie de s'exprimer pleinement dans le chaos et la confusion, dans la maladresse comme dans le désir brûlant de cinéma.
Un sacré premier effort donc, imparfait mais fascinant.
Jonathan Chevrier