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[CRITIQUE] : Les Aigles de la République


Réalisateur : Tarik Saleh
Acteurs : Fares Fares, Zineb Triki, Lyna Khoudri, Amr Waked,...
Distributeur : Memento
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français, Suédois, Danois, Finlandais, Allemand.
Durée : 2h09min

Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025.

George Fahmy, l’acteur le plus adulé d’Egypte, accepte sous la contrainte de jouer dans un film commandé par les plus hautes autorités du Pays. Il se retrouve plongé dans le cercle étroit du pouvoir. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, il entame une liaison avec la mystérieuse épouse du général qui supervise le film.




Devant la sensiblement riche sélection de cette 78ème édition du Festival de Cannes, ce serait mentir que ne pas affirmer que l'on attendait pas gentiment au tournant, à l'instar du Woman and Child de Saeed Roustaee, le bien nommé Les Aigles de la République de Tarik Saleh, appelee à être la conclusion de sa trilogie cairote entamé avec les fantastiques Le Caire Confidentiel et La Conspiration du Caire.
Et ce ne serait pas honnête non plus de ne pas dire, dans le même mouvement et tout comme pour le Roustaee, que l'on a été un brin déçu par ce nouvel effort, aussi efficace soit-il.

Cocktail ambitieux partant d'une simili-comédie d'espionnage sous fond de satire cinématographico-propagandaire, avant de virer lentement mais sûrement vers le thriller politique à la Pakula (revenu au goût du jour de la moins subtile manière qui soit, depuis le triomphe du Argo de Ben Affleck), dont l'écriture stéréotypée n'est jamais contrebalancée par une sophistication formelle encore une fois, efficace mais bien moins puissante que par le passé; le film laisse tout du long la fâcheuse impression que le cinéaste ronronne et ne voit jamais plus loin que ses acquis, peut-être trop bien trop conscient que son inspiration s'est peut-être essoufflée comme les mécanismes de ses conspirations fictionnelles, de plus en plus alambiquées.

Copyright Yigit Eken

Et ce, même s'il reprend ici la même structure que La Conspiration du Caire, en plongeant dans les arcanes du régime militaire et autoritaire du général Abdel Fattah Al-Sisi, vissé sur les aternoiements d'un comédien ultra-populaire menacé puis obligé par les services secrets d'incarner le président dans un biopic produit entièrement à sa gloire.
Où comment permettre à Saleh, en plaçant le cinéma au centre de son intrigue politico-criminelle, de lâcher une mise en lumière glaçante - mais bien réelle - sur l'étouffement de la culture comme sur la facilité d'user des figures populaires, comme outils au sein d'une dynamique de pouvoir qui cherche soit à légitimer, soi à asseoir son emprise par l'image.

Mais ce kaléidoscope sombre et pessimiste d'une nation dont il charge sans réserve le régime en place, où son anti-héros vedette (un toujours exceptionnel Fares Fares) ne brille absolument pas par son intelligence, manque bien trop d'envie et d'originalité dans sa construction - manichéenne - comme dans ses rebondissements - un brin chaotiques - et sa mise en scène - conventionnelle -, pour n'être plus qu'un sympathique spectacle par un cinéaste capable de bien, bien mieux... comme Saeed Roustaee, encore une fois.


Jonathan Chevrier