[CRITIQUE] : Vie Privée
Réalisatrice : Rebecca Zlotowski
Acteurs : Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Mathieu Amalric,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Ce film est présenté en Hors Compétition au Festival de Cannes 2025.
Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle décide de mener son enquête.
Dès le générique d'ouverture de son bien nommé Vie Privée (co-écrit avec la romancière Anne Berest mais aussi et surtout avec Gaëlle Macé, avec qui elle avait déjà collaboré sur le brillant Grand Central), sous les sonorités tout aussi entraînantes qu'inoubliables de Psycho Killer des Talking Heads, Rebecca Zlotowski, qu'on avait laissé sur ce qui était, à n'en pas douter, son plus bel effort à ce jour (Les Enfants des autres, où elle abordait le sujet difficile de la maternité détournée au cœur d'un formidable drame intime offrant un regard nouveau et dénué de tout jugement putassier, sur la figure des femmes sans enfants; le tout dominé de la tête et des épaules par une Virginie Efira absolument magnifique), nous happe avec une promesse tout aussi enthousiasmante qu'évidente : celle qu'elle a la ferme intention de se jouer des clichés comme des rebondissements familiers, dans son exploration du polar pur et dur saupoudré de whodunit.
Plus évident encore et sa révérence, totalement assumée, au Meurtre mystérieux à Manhattan de Woody Allen (jusque dans ses propres obsessions et thématiques), tant le film se fait in fine moins l'enquête d'une psychanalyste renommée, américaine pure souche d'origine juive mais au français (presque, si ce n'est pour un vocabulaire qu'elle ne maîtrise pas) parfait, pour découvrir si l'une de ses défuntes patientes s'est réellement donnée la mort - où si un tiers s'est chargé de la zigouiller -, que l'étude même de la psychologie de son austère mais fascinante protagoniste principale (qui place tout à distance, ses désirs comme ses propres émotions, et à une féroce tendance à moins s'écouter qu'à écouter celles et ceux qui se confessent à elle), qui se refuse à être frappé par le sceau de la culpabilité et qui enquête donc, avec son ex-mari complice, pour avoir le fin mot de l'histoire.
Voguant plutôt franchement vers la comédie légère et bourgeoise, tout en ambiguïté et en délicatesse, l'écriture a le bon de ne jamais flirter avec la frontière dangereuse de la parodie, tout en distillant une (très) intéressante réflexion sur comment la rationalité de l'interprétation scientifique et criminelle par une femme habituée à investiger au coeur de l'inconscient de ses patients•es, entre subtilement en conflit avec la surinterprétation psychanalytique (jusqu'à celle, hallucinée, des rêves) de la vérité du privé - et donc potentiellement fausse.
Prenant et joliment ludique tout aussi bien qu'il fait fit de la familiarité de son intrigue, Vie Privée, intelligemment tourné autour de la partition inspirée et inspirante de Jodie Foster (continuez à la faire tourner en France, s'il vous plaît, d'autant que son alchimie avec un Daniel Auteuil des grands jours, est franchement extraordinaire), est la preuve de la densité du cinéma d'une Rebecca Zlotowski capable de tromper la justesse de son réalisme accrue, pour s'offrir une escapade amusée et pleine de malice vers l'onirique.
La belle surprise hors compét, de cette Croisette cuvée 2025.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Mathieu Amalric,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Ce film est présenté en Hors Compétition au Festival de Cannes 2025.
Lilian Steiner est une psychiatre reconnue. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes, elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre. Troublée, elle décide de mener son enquête.
Dès le générique d'ouverture de son bien nommé Vie Privée (co-écrit avec la romancière Anne Berest mais aussi et surtout avec Gaëlle Macé, avec qui elle avait déjà collaboré sur le brillant Grand Central), sous les sonorités tout aussi entraînantes qu'inoubliables de Psycho Killer des Talking Heads, Rebecca Zlotowski, qu'on avait laissé sur ce qui était, à n'en pas douter, son plus bel effort à ce jour (Les Enfants des autres, où elle abordait le sujet difficile de la maternité détournée au cœur d'un formidable drame intime offrant un regard nouveau et dénué de tout jugement putassier, sur la figure des femmes sans enfants; le tout dominé de la tête et des épaules par une Virginie Efira absolument magnifique), nous happe avec une promesse tout aussi enthousiasmante qu'évidente : celle qu'elle a la ferme intention de se jouer des clichés comme des rebondissements familiers, dans son exploration du polar pur et dur saupoudré de whodunit.
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Copyright George Lechaptois |
Plus évident encore et sa révérence, totalement assumée, au Meurtre mystérieux à Manhattan de Woody Allen (jusque dans ses propres obsessions et thématiques), tant le film se fait in fine moins l'enquête d'une psychanalyste renommée, américaine pure souche d'origine juive mais au français (presque, si ce n'est pour un vocabulaire qu'elle ne maîtrise pas) parfait, pour découvrir si l'une de ses défuntes patientes s'est réellement donnée la mort - où si un tiers s'est chargé de la zigouiller -, que l'étude même de la psychologie de son austère mais fascinante protagoniste principale (qui place tout à distance, ses désirs comme ses propres émotions, et à une féroce tendance à moins s'écouter qu'à écouter celles et ceux qui se confessent à elle), qui se refuse à être frappé par le sceau de la culpabilité et qui enquête donc, avec son ex-mari complice, pour avoir le fin mot de l'histoire.
Voguant plutôt franchement vers la comédie légère et bourgeoise, tout en ambiguïté et en délicatesse, l'écriture a le bon de ne jamais flirter avec la frontière dangereuse de la parodie, tout en distillant une (très) intéressante réflexion sur comment la rationalité de l'interprétation scientifique et criminelle par une femme habituée à investiger au coeur de l'inconscient de ses patients•es, entre subtilement en conflit avec la surinterprétation psychanalytique (jusqu'à celle, hallucinée, des rêves) de la vérité du privé - et donc potentiellement fausse.
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Copyright George Lechaptois |
Prenant et joliment ludique tout aussi bien qu'il fait fit de la familiarité de son intrigue, Vie Privée, intelligemment tourné autour de la partition inspirée et inspirante de Jodie Foster (continuez à la faire tourner en France, s'il vous plaît, d'autant que son alchimie avec un Daniel Auteuil des grands jours, est franchement extraordinaire), est la preuve de la densité du cinéma d'une Rebecca Zlotowski capable de tromper la justesse de son réalisme accrue, pour s'offrir une escapade amusée et pleine de malice vers l'onirique.
La belle surprise hors compét, de cette Croisette cuvée 2025.
Jonathan Chevrier