[CRITIQUE] : La Petite Dernière
Réalisatrice : Hafsia Herzi
Avec : Nadia Melliti, Ji-Min Park, Louis Memmi, Mouna Soualem,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Allemand.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025.
Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
On avait découvert le pendant réalisatrice de la talentueuse Hafsia Herzi en 2018 avec Tu mérites un amour, chronique un brin bricolé aussi mélancolique et intense que profondément lucide, sur une jeune femme brisée par une rupture sentimentale, que la cinéaste incarnait justement avec force et sensibilité.
Elle enfonçait in fine le clou quatre ans plus tard avec son film dit de la confirmation, Bonne Mère, magnifique drame social pas si éloigné du lyrisme de La Graine et le Mulet de Kechiche, un effort lumineux et à la sincérité confondante qui pouvait intimement se voir comme une lettre d'amour aux femmes/matriarches fortes et attentionnées qui sont si rarement vues ou appréciées à leur juste valeurs, et dont la dévotion peut parfois amener à un vrai abandon d'elles-mêmes.
Toujours adoubé par une Croisette qui l'a vu exploser devant comme derrière la caméra (la première fois en Compétition), elle nous revient cette fois avec La Petite Dernière, adaptation du roman autofictionnelle éponyme de Fatima Daas (pour laquelle elle a également la casquette de scénariste, pour ne rien gâcher), magnifique drame d'initiation, d'acceptation et d'émancipation sondant avec réalisme les aternoiements d'une jeune femme tiraillée entre sa foi religieuse (elle est la troisième fille d'une famille algérienne et musulmane traditionnelle) et son désir de vivre pleinement sa sexualité comme son homosexualité, au cœur d'un récit idiosyncratique loin des canons habituels du genre, où la cinéaste rend une nouvelle fois hommage de manière franche et directe à son mentor Abdellatif Kechiche.
Car il est difficile de ne pas entrapercevoir, entre quelques plans à la similarité confondante où la propension d'Herzi a créer une intimité rare entre son héroïne (une brillante Nadia Melliti, à qui répond une ténébreuse Ji-Min Park en infirmière/love interest) et sa caméra, une révérence évidente à La Vie D'Adèle, nichée dans les rouages certes pas exempt de lieux communs, d'un portrait générationnel avançant au rythme des battements contradictoires du coeur de Fatima, engoncée dans la vérité d'un âge où l'on se découvre autant que l'on se construit identitairement comme sexuellement (mais aussi sentimentalement), même au coeur d'un cadre où l'on fustige - littéralement - tout ce qui n'est pas la norme.
Dénué de toute fioriture jusque dans son final bouleversant (qui n'est pas sans rappeler celui de Call me by your name), mais aussi et surtout d'une sensibilité folle, toute la richesse de La Petite Dernière réside au coeur des contradictions vitales et viscérales de cette jeune femme refusant toute étiquette, lancée sur la voie de l'émancipation et de la maturité, terreau parfait pour qu'Hafsia Herzi pose sa caméra, ses obsessions et ses questionnements pile poil là où le septième art hexagonal ne s'aventure que sporadiquement.
Un sacré troisième long-métrage donc, à la Queer Palm comme au Prix d'interprétation totalement mérités.
Jonathan Chevrier
Avec : Nadia Melliti, Ji-Min Park, Louis Memmi, Mouna Soualem,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Allemand.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2025.
Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?
On avait découvert le pendant réalisatrice de la talentueuse Hafsia Herzi en 2018 avec Tu mérites un amour, chronique un brin bricolé aussi mélancolique et intense que profondément lucide, sur une jeune femme brisée par une rupture sentimentale, que la cinéaste incarnait justement avec force et sensibilité.
Elle enfonçait in fine le clou quatre ans plus tard avec son film dit de la confirmation, Bonne Mère, magnifique drame social pas si éloigné du lyrisme de La Graine et le Mulet de Kechiche, un effort lumineux et à la sincérité confondante qui pouvait intimement se voir comme une lettre d'amour aux femmes/matriarches fortes et attentionnées qui sont si rarement vues ou appréciées à leur juste valeurs, et dont la dévotion peut parfois amener à un vrai abandon d'elles-mêmes.
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Copyright 2025 June Films/Katuh studio/Arte France Cinema/Mk2 Films |
Toujours adoubé par une Croisette qui l'a vu exploser devant comme derrière la caméra (la première fois en Compétition), elle nous revient cette fois avec La Petite Dernière, adaptation du roman autofictionnelle éponyme de Fatima Daas (pour laquelle elle a également la casquette de scénariste, pour ne rien gâcher), magnifique drame d'initiation, d'acceptation et d'émancipation sondant avec réalisme les aternoiements d'une jeune femme tiraillée entre sa foi religieuse (elle est la troisième fille d'une famille algérienne et musulmane traditionnelle) et son désir de vivre pleinement sa sexualité comme son homosexualité, au cœur d'un récit idiosyncratique loin des canons habituels du genre, où la cinéaste rend une nouvelle fois hommage de manière franche et directe à son mentor Abdellatif Kechiche.
Car il est difficile de ne pas entrapercevoir, entre quelques plans à la similarité confondante où la propension d'Herzi a créer une intimité rare entre son héroïne (une brillante Nadia Melliti, à qui répond une ténébreuse Ji-Min Park en infirmière/love interest) et sa caméra, une révérence évidente à La Vie D'Adèle, nichée dans les rouages certes pas exempt de lieux communs, d'un portrait générationnel avançant au rythme des battements contradictoires du coeur de Fatima, engoncée dans la vérité d'un âge où l'on se découvre autant que l'on se construit identitairement comme sexuellement (mais aussi sentimentalement), même au coeur d'un cadre où l'on fustige - littéralement - tout ce qui n'est pas la norme.
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Copyright 2025 June Films/Katuh studio/Arte France Cinema/Mk2 Films |
Dénué de toute fioriture jusque dans son final bouleversant (qui n'est pas sans rappeler celui de Call me by your name), mais aussi et surtout d'une sensibilité folle, toute la richesse de La Petite Dernière réside au coeur des contradictions vitales et viscérales de cette jeune femme refusant toute étiquette, lancée sur la voie de l'émancipation et de la maturité, terreau parfait pour qu'Hafsia Herzi pose sa caméra, ses obsessions et ses questionnements pile poil là où le septième art hexagonal ne s'aventure que sporadiquement.
Un sacré troisième long-métrage donc, à la Queer Palm comme au Prix d'interprétation totalement mérités.
Jonathan Chevrier