[CRITIQUE] : La Rivière des sens
Réalisatrice : Ma Xue
Actrice : Yuan Tian, Ning Feng Song, Weihao Xu.
Distributeur : Space Odyssey
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chinois.
Durée : 1h31min.
Synopsis :
Interdit au - 16 ans.
Durant la période de confinement liée à l'épidémie en Chine, de nombreuses personnes ont non seulement changé leur mode de vie, mais ont également ouvert les portes du désir et de l'exploration de soi. Yang Fan vit à Yanjiao, ville séparée de Pékin par la « rivière blanche ». Sa routine faite de tâches ménagères et de respect des règles sanitaires est bouleversée lorsqu'elle se retrouve entraînée dans un réseau érotique impliquant son mari et un jeune serveur mystérieux.
Critique :
Joli premier effort que #LaRivièreDesSens, union loin d'être chiche en complexités entre le mélo contemplatif et existentiel, le drame érotico-charnel et le film pandémique où l'acte sexuel est moins pensé comme un outil d'objectification, que comme un réflexe banal et libérateur pic.twitter.com/CioPcDBgMj
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 18, 2025
Il y a un parallèle évident, même si pas forcément frappé par le sceau de la subtilité, au cœur du premier long-métrage de la wannabe cinéaste Xue Ma, La rivière des sens (appelé à marquer l'histoire, tant il est le premier film érotique chinois a avoir été réalisé par une femme) : celui opéré entre le traumatisme pas si lointain de la pandémie et de son douloureux - pour beaucoup - confinement, symbole d'une stagnation forcée, d'une privation de liberté contemporaine dont les séquelles restent encore vivaces (à tous les niveaux, économique comme intime et politique); et le cadre de Yan Jiao, ville dortoir en périphérie de Pékin, décrit comme une « ville endormie » et qui reflète tout autant le détachement émotionnel et la stagnation de ses habitants, que l'isolement même du confinement imposé aux personnages au cœur de l'intrigue.
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Union loin d'être chiche en complexités émotionnelles et sexuelles, entre le mélo contemplatif et existentiel sur la banalité du quotidien, le drame érotico-charnel et le film pandémique, ce premier effort prend le (bon) parti de s'éloigner du tout commun de ce sous-genre (très) opportuniste en privilégiant moins son impact sociétal, qu'en jouant la carte d'une exploration délicate et frontale de l'intimité des relations humaines tout aussi en crise, à travers les luttes intérieures et l'éveil sexuel d'une femme mariée et bouleversée, qui tente désespérément de se (re)connecter à l'autre en laissant libre court à ses fantasmes, au moment même où le monde se referme cruellement sur lui-même.
Et c'est la toute la saveur du regard de Ma Xue, qui n'a peur ni ne se refuse rien, comme ses personnages : penser l'acte sexuel tel un réflexe aussi mécanique que banal et non un outil d'objectification, lui qui vient rompre l'isolement social et faire tutoyer à ses personnages un semblant de liberté, au cœur d'une société apathique qui n'a in fine pas attendu la pandémie pour s'en priver.
Un premier effort à la fois prenant et savamment anti-conventionnel, surréaliste et authentique.
Jonathan Chevrier