[CRITIQUE/RESSORTIE] : 2046
Réalisateur : Wong Kar-Wai
Acteurs : Tony Leung Chiu-Wai, Gong Li, Takuya Kimura, Zhang Ziyi, Faye Wong, Carina Lau, Chen Chang, Maggie Cheung,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Hong-Kongais.
Durée : 2h09min.
Date de sortie : 20 octobre 2004
Date de ressortie : 18 décembre 2024
Synopsis :
Revenu de Singapour grâce à une mystérieuse bienfaitrice, Chow Mo Wan a pris une chambre à l’Oriental Hôtel, à Hong Kong, où il tente de rédiger un récit de science-fiction baptisé 2046. Dès qu’il peut se le permettre, il multiplie banquets et conquêtes. Après avoir revu une ancienne maîtresse, Lulu, il se lie avec une autre femme, Bai Ling, avec qui il entretient une relation torride, amoureuse et…tarifée, tout en aidant la fille de son propriétaire Wang Jing Wen à reconquérir son amant japonais. Avec celle-ci, il tente d’écrire des romans d’aventures mais ne parvient pas, malgré tout, à oublier Su Li Zhen...
Critique :
Il y a une vérité presque cristalline qui se dégage des plus beaux chefs-d'œuvre de Wong Kar-wai : l'amour n'est pas tant une question de symbiose et d'alchimie que de synchronisation totale avec la destinée, tant il y est toujours trop tôt où trop tard pour pleinement s'aimer, et la majorité de ses personnages n'ont de cesse de ruminer leurs désirs comme leurs regrets.
Une tristesse profonde à la fois romantique et charnelle qui atteignait une sorte de perfection cinématographique avec ses mosaïques de mélancolies et d'afflictions que sont In The Mood For Love et 2046, où les vérités de l'amour insatisfait (puisque platonique) y étaient assénées avec une implacable banalité.
Aimer fait souffrir, l'amour est un malheur, une malédiction, même si c'est tout autant la plus belle des choses qui soit.
Estampillé dernier volet de sa « trilogie de l'amour » et suite informelle de In the Mood for Love (avec qui il forme un diptyque incroyablement complémentaire, d'autant que ses prises de vues ont débutés durant sa production) et de son histoire d'amour condamnée d'avance, 2046 lui, définitivement plus complexe que ce soit dès son titre - aux multiples résonnances - comme avec sa structure fragmentée en quatre arcs bien distincts (comme autant de relations amoureuses qui se fond les variations de celle originelle de ITMFL, dans un cocktail mêlant réalité et fiction), s'attache à la tentative désespérée de surmonter un amour qui n'est plus et qui conditionne toute une vie, niché au plus près du chaos des âmes perdues et mélancoliques totalement troublées par les affres du cœur et le balet des sentiments.
Avec le journaliste-écrivain Chow (Tony Leung Chiu-wai, toujours impérial), qui incarne autant une sorte d'artifice de continuité qu'un véritable alter-ego pour le cinéaste (là où, dans le même mouvement, Chow en fait de même avec le héros mélancolique de son roman, où il recycle toutes ses histoires sentimentales passées et malheureuses), le film se fait un labyrinthe merveilleusement déroutant fait de va-et-vient à travers le temps et les époques (avec quelques élans onorico-futuristes donc, même si furieusement enraciné dans le Hong Kong de la fin des années 60), mais aussi à travers les tourments même du cinéma de Wong Kar-wai, de ses thématiques comme de ses élans d'esthète fantastique et sans pareil, qui épouse la beauté de ses interprètes comme pour mieux nous en faire tomber amoureux.
D'une beauté à la fois incandescente et déchirante, puzzle volontairement fragmentée et métaphysique dont chaque pièces s'emboîtent lentement mais sûrement entre elles dans une mélancolie folle, 2046 est un poème grandiose par un passionné de l'amour et du sentiment amoureux qui n'est jamais aussi passionnant que lorsqu'il se refuse - comme à ses personnages - à pleinement y succomber, qu'il plante sa caméra à ses deux extrémités, entre la beauté fleurissante de sa naissance et la frustration déceptive de ses promesses fanées - la poésie rugueuse et éclatante de l'incomplétude sentimentale.
Les spectres du passé hantent les désirs du présent et les fantasmes du futur, dans le coeur comme dans la plume d'un écrivain qui ne peut plus aimer, trop conscient qu'il est que l'on a tous qu'un seul grand amour dans nos existences.
Les couleurs sont chaudes, les corps et les cœurs brûlants mais la vie elle, est d'une froideur magnifique, lancée dans un voyage sans fin, en train, dans le paradis illusoire des souvenirs.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Tony Leung Chiu-Wai, Gong Li, Takuya Kimura, Zhang Ziyi, Faye Wong, Carina Lau, Chen Chang, Maggie Cheung,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Hong-Kongais.
Durée : 2h09min.
Date de sortie : 20 octobre 2004
Date de ressortie : 18 décembre 2024
Synopsis :
Revenu de Singapour grâce à une mystérieuse bienfaitrice, Chow Mo Wan a pris une chambre à l’Oriental Hôtel, à Hong Kong, où il tente de rédiger un récit de science-fiction baptisé 2046. Dès qu’il peut se le permettre, il multiplie banquets et conquêtes. Après avoir revu une ancienne maîtresse, Lulu, il se lie avec une autre femme, Bai Ling, avec qui il entretient une relation torride, amoureuse et…tarifée, tout en aidant la fille de son propriétaire Wang Jing Wen à reconquérir son amant japonais. Avec celle-ci, il tente d’écrire des romans d’aventures mais ne parvient pas, malgré tout, à oublier Su Li Zhen...
Critique :
D'une beauté déchirante, mosaïque fragmentée dont chaque pièces s'emboîtent lentement entre elles dans une mélancolie folle, 2046 est un poème grandiose par un amoureux de l'amour, dont le cinéma n'est jamais aussi passionnant que lorsqu'il refuse à ses personnages d'y succomber. pic.twitter.com/jcqQktqRU0
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 27, 2024
Il y a une vérité presque cristalline qui se dégage des plus beaux chefs-d'œuvre de Wong Kar-wai : l'amour n'est pas tant une question de symbiose et d'alchimie que de synchronisation totale avec la destinée, tant il y est toujours trop tôt où trop tard pour pleinement s'aimer, et la majorité de ses personnages n'ont de cesse de ruminer leurs désirs comme leurs regrets.
Une tristesse profonde à la fois romantique et charnelle qui atteignait une sorte de perfection cinématographique avec ses mosaïques de mélancolies et d'afflictions que sont In The Mood For Love et 2046, où les vérités de l'amour insatisfait (puisque platonique) y étaient assénées avec une implacable banalité.
Aimer fait souffrir, l'amour est un malheur, une malédiction, même si c'est tout autant la plus belle des choses qui soit.
Copyright The Jokers Films |
Estampillé dernier volet de sa « trilogie de l'amour » et suite informelle de In the Mood for Love (avec qui il forme un diptyque incroyablement complémentaire, d'autant que ses prises de vues ont débutés durant sa production) et de son histoire d'amour condamnée d'avance, 2046 lui, définitivement plus complexe que ce soit dès son titre - aux multiples résonnances - comme avec sa structure fragmentée en quatre arcs bien distincts (comme autant de relations amoureuses qui se fond les variations de celle originelle de ITMFL, dans un cocktail mêlant réalité et fiction), s'attache à la tentative désespérée de surmonter un amour qui n'est plus et qui conditionne toute une vie, niché au plus près du chaos des âmes perdues et mélancoliques totalement troublées par les affres du cœur et le balet des sentiments.
Avec le journaliste-écrivain Chow (Tony Leung Chiu-wai, toujours impérial), qui incarne autant une sorte d'artifice de continuité qu'un véritable alter-ego pour le cinéaste (là où, dans le même mouvement, Chow en fait de même avec le héros mélancolique de son roman, où il recycle toutes ses histoires sentimentales passées et malheureuses), le film se fait un labyrinthe merveilleusement déroutant fait de va-et-vient à travers le temps et les époques (avec quelques élans onorico-futuristes donc, même si furieusement enraciné dans le Hong Kong de la fin des années 60), mais aussi à travers les tourments même du cinéma de Wong Kar-wai, de ses thématiques comme de ses élans d'esthète fantastique et sans pareil, qui épouse la beauté de ses interprètes comme pour mieux nous en faire tomber amoureux.
Copyright The Jokers Films |
D'une beauté à la fois incandescente et déchirante, puzzle volontairement fragmentée et métaphysique dont chaque pièces s'emboîtent lentement mais sûrement entre elles dans une mélancolie folle, 2046 est un poème grandiose par un passionné de l'amour et du sentiment amoureux qui n'est jamais aussi passionnant que lorsqu'il se refuse - comme à ses personnages - à pleinement y succomber, qu'il plante sa caméra à ses deux extrémités, entre la beauté fleurissante de sa naissance et la frustration déceptive de ses promesses fanées - la poésie rugueuse et éclatante de l'incomplétude sentimentale.
Les spectres du passé hantent les désirs du présent et les fantasmes du futur, dans le coeur comme dans la plume d'un écrivain qui ne peut plus aimer, trop conscient qu'il est que l'on a tous qu'un seul grand amour dans nos existences.
Les couleurs sont chaudes, les corps et les cœurs brûlants mais la vie elle, est d'une froideur magnifique, lancée dans un voyage sans fin, en train, dans le paradis illusoire des souvenirs.
Jonathan Chevrier