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[CRITIQUE] : Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim


Réalisateur : Kenji Kamiyama
Avec : avec les voix de Brian Cox, Gaia Wise, Miranda Otto, Luke Pasqualino,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Aventure, Animation, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h14min

Synopsis :
Ce nouveau chapitre, situé 183 ans avant la trilogie du Seigneur des Anneaux, explore l'histoire de la Maison de Helm Poing-de-Marteau, roi de Rohan. Face à l'attaque soudaine de Wulf, un seigneur vengeur et cruel, Helm et son peuple se barricadent dans la forteresse de Hornburg, rebaptisée Gouffre de Helm. Dans cette lutte désespérée, Héra, la fille de Helm, doit rassembler le courage nécessaire pour diriger la résistance contre un ennemi déterminé à détruire son peuple.



Critique :



En cette époque particulièrement sombre où la Warner, sensiblement dans la mouise avec de grosses dettes sur les côtes, n'hésite même plus à jouer la carte du full reboot sur ses franchises les plus populaires (coucou Harry Potter), l'idée de la voir poncer jusqu'à outrance tout ce qui touche la Terre du Milieu en quête de quelques dollars, n'a rien d'étonnant : pire, l'univers fantastique de J.R.R. Tolkien est même suffisamment imposant, pour que l'on soit client d'un tel opportunisme putassier.

Le hic, c'est que la proposition offerte depuis la trilogie mère, immortalisée dans le marbre du culte par Peter Jackson, n'atteint pas forcément un iota de l'excellence de son modèle : une trilogie Le Hobbit mi-figue, mi-raisin; une série Amazon MGM Studios catastrophique et, prochainement, deux spin-offs dont un prequel centré sur Gollum et chapeauté par Andy Serkis... meh.

Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Et en parlant de prequel, autant admettre dès le départ que l'on attendait pas forcément grand chose d'un projet tel que La guerre des Rohirrim de Kenji Kamiyama, qui promettait d'offrir à la saga une virée du côté de la japanimation, à l'image d'une saga Star Wars qui n'en était pas forcément ressortie grandit de l'expérience - Star Wars : Visions -, tout en brodant un récit de toute pièce sur un petit peu plus de deux heures, dont la légitimité comme la résolution tient en à peine quelques lignes, lui qui se déroule près de 200 ans avant que Frodon ne tripote ce foutu anneau, et se vante à nous expliquer pourquoi la forteresse du Gouffre de Helm a obtenu un tel nom (Spoilers : sans doute grâce à un certain... Helm).

La caricature est grossière certes, mais l'opportunisme pervers derrière le projet l'est sensiblement plus que l'audace supposée du geste, tant le film n'arrive jamais réellement à se créer une identité propre et distinctive, écrasé qu'il est par un fan service envers son matériau d'origine (ne parlons même pas de sa révérence marquée envers Miyazaki, qui déséquilibre encore plus son édifice déjà branlant) qui le limite plus qu'il ne lui offre une assise sur laquelle solidement s'appuyer, la faute notamment à des choix artistiques qui confinent tantôt à la logique plus où moins implacable (son iconographie; son score, qui vient continuellement citer les notes familières des thèmes d'Howard Shore), tantôt au ridicule irritant (l'usage proprement inutile de la voix de feu Christopher Lee).

Mais ce qui lui fait sensiblement le plus mal est définitivement son incapacité à justifier sa propre existence à travers son histoire, une bataille pour la domination monarchique du Rohan dont l'héroïne ressemble étrangement à Eowyn (nièce têtue et brave de Théoden, roi du Rohan, totalement sous-estimée par les hommes qui l'entoure et incarnée à l'écran par... Miranda Otto, trop de coïncidences).

Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Pire, même ses séquences de combats manquent d'un vrai sentiment épique, toutes où presque s'avérant neutres et hâtives, à l'image d'un cadre qui manque cruellement de l'ampleur que la saga, même sous le sceau d'effets visuels pas toujours heureux (coucou Le Hobbit), savait néanmoins offrir quelques images singulières et spectaculaires, avec un vrai sentiment de profondeur.
Paradoxal tant les personnages sont eux plutôt bien croqué, autant narrativement (malgré des dialogues tournant un peu trop autour des notions d'héroïsme et de bravoure) que d'un point de vue animation (avec une expressivité plutôt impressionnante).

Un sentiment particulier se dégage donc de La guerre des Rohirrim, l'impression d'avoir vécu un retour animé en Terre du milieu loin d'être désagréable (même si bardé de défauts et rythmé à la truelle), mais également tout autant dispensable, symbole d'une capitalisation à outrance de la nostalgie par la jungle Hollywoodienne.
La saga Star Wars est déjà passé par là, espérons juste que l'univers de Tolkien sera moins souillé qu'elle a l'avenir...


Jonathan Chevrier