[CRITIQUE] : Diamant Brut
Réalisatrice : Agathe Riedinger
Acteurs : Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond, Ashley Romano,....
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
Critique :
Tout premier film, même au cœur d'une sélection Cannoise à la qualité de plus en plus relative voire même déclinante (et, quitte à en rajouter une couche, au palmarès dont la cohérence est encore plus discutable), n'a pas forcément le droit aux honneurs d'une présence en Compétition.
C'est dire donc la petite prouesse réalisée par la wannabe cinéaste Agathe Riedinger (un nom pas si inconnu pour les bouffeurs de courts-métrages du bon goût, le film étant d'ailleurs une extension de son court-métrage J'attends Jupiter) avec Diamant Brut, unique premier effort à figurer dans la plus prestigieuse des sections du Festival de Cannes cette année, une place qu'il n'a décemment pas volé malgré ses quelques faiblesses évidentes, lui dont émane une fougue et une authenticité qui ne sont pas sans rappeler Bande de Filles, le troisième long-métrage de Céline Sciamma dont l'aura tutélaire est ici des plus évidentes.
Tout le long-métrage où presque colle à l'exubérance de sa jeune héroïne téméraire, Liane, tellement bouffée par son désir de liberté qu'elle clame et réclame haut et fort, qu'elle se laisse totalement emporter par la seule voie biaisée qui semble pouvoir la lui donner : les réseaux sociaux et la quête obsessionnelle d'une célébrité fugace, monde où son besoin d'être admiré, d'être aimé à distance et d'être réellement quelqu'un aux yeux des autres, ne se fait que le reflet malade d'un contexte social et familial (dont une figure maternelle, censée garantir affection et protection, loin d'être fiable) dévasté par la précarité et le manque d'horizons.
Un diamant brut - tout est dans le titre - qui se présente brutalement et naïvement au monde, dévasté par le tourbillon d'émotions qui la submerge, par cette colère et cette rage continue contre tout et tout le monde qui se font le moteur de son aspiration à être célèbre, à percer sur les réseaux sociaux, à devenir influenceuse (avec l'argent " facile " qui vient avec) et à être sélectionnée dans une émission de téléréalité - but qu'elle pense atteindre, après un entretien auprès d'une directrice de casting qui tarde à la contacter de nouveau.
Une aspiration qui l'a lance sur une voie - un simulacre de la réalité qui n'a presque plus rien à voir avec le monde réel - où elle fait preuve d'une inconscience folle face au danger, que ce soit celui d'un corps qu'elle abîme aux prédateurs qui rôdent sournoisement autour d'elle...
Portrait complexe d'une génération 2.0 où le besoin d'être admiré et désiré pour gagner sa vie et exister, a supplanté toute idée de talent et d'effort, capturé à travers le véritable enfer d'une jeune femme dont l'identité est constamment niée, dont le corps qu'elle pense actif est continuellement réduit à être passif puisque conditionné par le regard et le désir des autres; Diamant Brut captive dans sa manière de partir d'une étude comportementale désespérée, pour mieux dresser et appuyer son discours sociétal pertinent sur la façon dont le capitalisme patriarcal utilise tous ses outils à disposition, pour manipuler une jeunesse qui voit en son modèle de réussite biaisé autant qu'en son établissement des canons de beauté " normatifs ", un idéal empoisonné et emprisonnant impossible à suivre - comme pour Liane et son rapport violent et anxieux avec son propre corps, " incapable " de correspondre à ses dits canons imposés.
Un portrait toujours filmée sans jugement, sans conscience de soi putassière et avec une complicité rare, au plus près de l'âme suppliciée de son héroïne (une incroyable Malou Khebizi, peut-être LA révélation de l'année au sein du cinéma français), qui erre dans l'attente dévastatrice que son rêve de réalise, et qui voit la moindre strate frustrante de son quotidien, comme une menace qui la dévore douloureusement de l'intérieur.
Dommage au fond, que sa vision se fasse lentement mais sûrement plus frénétique que posée, pas aidé par une mise en scène un peu trop baroque pour son bien (ralentis, musique criarde,...), qui tranche avec son aspect parfois joliment profond et frontal.
Un film puissant et fragile à la fois, à l'image de son titre et de son héroïne, qui laisse déjà présager l'émergence d'une potentielle grande voix féminine de demain.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond, Ashley Romano,....
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
Critique :
Portrait fragile et complexe d'une génération 2.0 où le besoin d'être admiré et désiré a supplanté toute idée de talent et d'effort,#DiamantBrut captive dans sa manière de partir d'une étude comportementale désespérée, pour mieux dresser et appuyer son discours sociétal pertinent pic.twitter.com/N6c9i6g22J
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 19, 2024
Tout premier film, même au cœur d'une sélection Cannoise à la qualité de plus en plus relative voire même déclinante (et, quitte à en rajouter une couche, au palmarès dont la cohérence est encore plus discutable), n'a pas forcément le droit aux honneurs d'une présence en Compétition.
C'est dire donc la petite prouesse réalisée par la wannabe cinéaste Agathe Riedinger (un nom pas si inconnu pour les bouffeurs de courts-métrages du bon goût, le film étant d'ailleurs une extension de son court-métrage J'attends Jupiter) avec Diamant Brut, unique premier effort à figurer dans la plus prestigieuse des sections du Festival de Cannes cette année, une place qu'il n'a décemment pas volé malgré ses quelques faiblesses évidentes, lui dont émane une fougue et une authenticité qui ne sont pas sans rappeler Bande de Filles, le troisième long-métrage de Céline Sciamma dont l'aura tutélaire est ici des plus évidentes.
Copyright Pyramide Distribution |
Tout le long-métrage où presque colle à l'exubérance de sa jeune héroïne téméraire, Liane, tellement bouffée par son désir de liberté qu'elle clame et réclame haut et fort, qu'elle se laisse totalement emporter par la seule voie biaisée qui semble pouvoir la lui donner : les réseaux sociaux et la quête obsessionnelle d'une célébrité fugace, monde où son besoin d'être admiré, d'être aimé à distance et d'être réellement quelqu'un aux yeux des autres, ne se fait que le reflet malade d'un contexte social et familial (dont une figure maternelle, censée garantir affection et protection, loin d'être fiable) dévasté par la précarité et le manque d'horizons.
Un diamant brut - tout est dans le titre - qui se présente brutalement et naïvement au monde, dévasté par le tourbillon d'émotions qui la submerge, par cette colère et cette rage continue contre tout et tout le monde qui se font le moteur de son aspiration à être célèbre, à percer sur les réseaux sociaux, à devenir influenceuse (avec l'argent " facile " qui vient avec) et à être sélectionnée dans une émission de téléréalité - but qu'elle pense atteindre, après un entretien auprès d'une directrice de casting qui tarde à la contacter de nouveau.
Une aspiration qui l'a lance sur une voie - un simulacre de la réalité qui n'a presque plus rien à voir avec le monde réel - où elle fait preuve d'une inconscience folle face au danger, que ce soit celui d'un corps qu'elle abîme aux prédateurs qui rôdent sournoisement autour d'elle...
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Portrait complexe d'une génération 2.0 où le besoin d'être admiré et désiré pour gagner sa vie et exister, a supplanté toute idée de talent et d'effort, capturé à travers le véritable enfer d'une jeune femme dont l'identité est constamment niée, dont le corps qu'elle pense actif est continuellement réduit à être passif puisque conditionné par le regard et le désir des autres; Diamant Brut captive dans sa manière de partir d'une étude comportementale désespérée, pour mieux dresser et appuyer son discours sociétal pertinent sur la façon dont le capitalisme patriarcal utilise tous ses outils à disposition, pour manipuler une jeunesse qui voit en son modèle de réussite biaisé autant qu'en son établissement des canons de beauté " normatifs ", un idéal empoisonné et emprisonnant impossible à suivre - comme pour Liane et son rapport violent et anxieux avec son propre corps, " incapable " de correspondre à ses dits canons imposés.
Un portrait toujours filmée sans jugement, sans conscience de soi putassière et avec une complicité rare, au plus près de l'âme suppliciée de son héroïne (une incroyable Malou Khebizi, peut-être LA révélation de l'année au sein du cinéma français), qui erre dans l'attente dévastatrice que son rêve de réalise, et qui voit la moindre strate frustrante de son quotidien, comme une menace qui la dévore douloureusement de l'intérieur.
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Dommage au fond, que sa vision se fasse lentement mais sûrement plus frénétique que posée, pas aidé par une mise en scène un peu trop baroque pour son bien (ralentis, musique criarde,...), qui tranche avec son aspect parfois joliment profond et frontal.
Un film puissant et fragile à la fois, à l'image de son titre et de son héroïne, qui laisse déjà présager l'émergence d'une potentielle grande voix féminine de demain.
Jonathan Chevrier