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[CRITIQUE] : Terrifier 3


Réalisateur : Damien Leone
Acteurs : Lauren LaVera, David Howard Thornton, Jason Patric, Daniel Roebuck,...
Distributeur : Factoris Films / ESC Films / Shadowz
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min.  

Synopsis :
Après avoir survécu au massacre d'Halloween perpétré par Art Le Clown, Sienna et son frère tentent de reconstruire leur vie. Alors que les fêtes de fin d'année approchent, ils s'efforcent de laisser derrière eux les horreurs passées. Mais au moment où ils se croyaient enfin à l'abri, Art refait surface, bien décidé à transformer Noël en un véritable cauchemar.



Critique :



Après le succès des deux premiers Terrifier, Damien Leone se paye le luxe de ressusciter une nouvelle fois son boogeyman fétiche, apparu pour la première fois dans le court-métrage The 9th Circle en 2008. Mime totalement muet, Art est un personnage du non-sens, sans véritable psychologie, enfin en tout cas dans ses débuts. Ce nihilisme faisait tout le charme du premier opus : ovni fauché (35 000$) qui se parait d’une esthétique vintage réussie pour montrer des mises à mort aussi dégueulasses, sans morale que inventives. Se plaçant beaucoup plus du côté du geste artistique radicale que du slasher de plateforme rasoir gangréné de néons qu’on nous sert ad nauseam. Le second opus s'éloigne de la noirceur et du côté expérimental du premier en introduisant une figure de final girl, certes sympathique, mais plutôt conventionnelle. Qu’en est-il du troisième film ?

Copyright ESC Distribution

Terrifier 3 continue de proposer des saynètes gores pleines d’idées farfelues et plutôt jouissives pour les aficionados du genre. Un type de film rafraîchissant dans notre société hygiéniste où les clean girls et les mascu de salle de sport pullulent sur nos petits écrans. Bien que dans la lancée des deux premiers, notre regard habitué ne peut que nuancer quelques aspects. Bien sûr, il y a quelques mises à mort particulièrement marquantes à base de rats, de spray cryogène et de parties génitales en morceaux mais le pari d' impliquer autant d' enfants dans la tambouille n’est pas toujours gagnant. En s’obligeant à jouer avec le hors champs, il se crée des limites complexes. Si l’utilisation du design sonore est réussi et laisse imaginer le pire, l’utilisation de l'ellipse est bien moins convaincante. Quel regret que cette scène de centre commercial qui finit en pétard mouillé. 

On regrettera aussi tout l’arc narratif lourdingue autour de cette supposé bataille entre le bien et le mal. Amorcée dans le deuxième opus, cette intrigue devient particulièrement encombrante ici, d’autant plus qu’elle invoque un imaginaire chrétien avec la subtilité d’un témoin de jéhovah. Terrifier 3 se rapproche alors de n’importe quelle saga de slashers et perd une partie de ce qui faisait son essence. Pire encore, l’utilisation de la parole dans le camp des antagonistes - je n’en dirai pas plus - est presque un sacrilège et rend la fin particulièrement anticlimatique. On saluera par contre l’effort de mixité parmi les victimes. On sent que les critiques taclant le premier film de misogyne - et oh combien à raison - ont été écoutées. Comme quoi, pas besoin d’avoir des boobs pour se faire étriper et hurler de douleur. Qui l’eut cru ? 

Copyright ESC Distribution

Terrifier 3 commence à montrer les symptômes de fatigue d’une saga qui n’avait peut-être pas lieu d’être. Si les séquences gores sont toujours aussi réussies à la fois visuellement qu’en termes de sound-design, les quelques tentatives de diversifier les bases du premier film tombent pour la plupart à l’eau. Il n’en reste pas moins un film rafraîchissant dans un paysage audiovisuel trop aseptisé.


Éléonore Tain


Copyright Jesse Korman

Le cinéma d’horreur, par le dédain exprimé par certaines personnes à son encontre, permet parfois de belles histoires avec des titres devenant cultes du jour au lendemain. C’est exactement ce qui est arrivé avec la désormais saga Terrifier, réalisée par Damian Leone. Reprenant un personnage d’un segment de All Hallow’s eve, Art le clown, il décide de l’inclure dans un long-métrage fauché du nom de Terrifier. Malgré le manque de moyens apparent, le film se crée une réputation par la nature violente de certaines séquences, notamment une mise à mort très graphique, ainsi qu’un humour noir qui peut largement surprendre. Sa suite va alors lui permettre d’exploser plus largement, en se créant notamment un culte par la façon dont il appuie encore plus la pédale de l’horreur graphique, virant par moments dans du cartoonesque jusqu’à un meurtre aussi long qu’éprouvant. Remboursant largement son budget de 250 000 dollars, Terrifier 2 appuie Art le clown comme une icône de l’horreur moderne.

Copyright ESC Distribution

Ce troisième opus était donc attendu par les aficionados du genre, profitant d’une plus grande visibilité ainsi que d’une distribution en salle largement satisfaisante pour les amateurs d’horreur craspect. On peut alors se dire que ce nouveau film est peut-être le meilleur de la saga dans la façon dont il est plus équilibré tout en conservant ce qui fait son intérêt. Ainsi, Terrifier 3 est aussi méchant que les précédents, se permettant de reprendre la bienveillance apparente des fêtes de fin d’année pour détruire de l’intérieur toute structure, en particulier celle de la famille, notamment lors d’une séquence explosive avec de jeunes enfants. Damian Leone ne se retient rien tout en prenant mieux en compte certains points faibles des précédents, comme l’écriture un peu plus solide ou la photographie plus professionnelle. Le rythme est aussi moins inégal que le premier volet tout en esquivant la durée parfois trop longue d’une suite qui virait vers l’expérience graphique hautement clivante.

Ces points positifs nous permettent de mieux mettre de côté quelques déceptions, notamment certains personnages dont l’écriture aurait pu (dû ?) être plus fouillée. On pense ainsi à un protagoniste annoncé comme plus essentiel mais dont la mort se révèlera hors-champ. D’ailleurs, comme annoncé par le réalisateur lors de la première mondiale, cet opus pave la voie pour un quatrième volet, ce qui rend sa conclusion peu aboutie. La volonté de cliffhanger est louable mais son acheminement aurait pu être plus solide, avec peut-être autant d’intérêt que les effets spéciaux (le gore va vraiment loin, notamment dans une séquence de douche très graphique).

Copyright ESC Distribution

Conservant donc son esprit méchant jusqu’au-boutiste, Terrifier 3 perpétue sa nature de série B généreuse dans sa violence graphique. Plus abouti à différents niveaux, ce troisième volet est peut-être le meilleur dans ce qu’il conserve de gore en profitant au mieux des apprentissages de ses prédécesseurs. On verra donc comment la licence se réorientera par la suite mais, en attendant, on peut grandement apprécier cette comédie horrifique violente et acide à souhait, parfaite pour Halloween et les fans de films d’horreur en quête d’un titre clairement sanglant en tous points.


Liam Debruel






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