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[CRITIQUE] : Sur un fil

Réalisateur : Reda Kateb
Acteurs :  Aloïse SauvagePhilippe RebbotJean-Philippe Buzaud, Sara Giraudeau,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de "Nez pour rire". Vite - peut-être trop vite - entrée dans l’association, elle se retrouve à l’hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d’apporter de la joie et du réconfort.




Critique :



Il y a toujours quelque chose de profondément intéressant à l'idée de voir un ou une grande comédienne se décider à sauter le pas difficile de la réalisation et  passer derrière la caméra, à l'idée de voir si il où elle laissera s'exprimer une vraie vision de cinéma, de voir si il où elle deviendra une voie importante, de voir si il ou elle laissera parler les influences des cinéastes qui ont jalonnés sa carrière...

Où alors... pas du tout.
Car oui, un changement de casquette peut être motivé également par un but sincère de pouvoir offrir aux spectateurs, quelque chose sur eux/elles-mêmes qu'ils/elles n'avaient pas pu faire passer au travers de films qui n'étaient pas les leur, de raconter des histoires, des destinées qu'ils/elles jugent importantes et passionnantes à vivre dans une salle jamais trop obscure.

Copyright Jérôme Prébois

C'est clairement dans ce second mouvement que s'inscrit Reda Kateb avec son premier long-métrage, Sur un fil (dont la multiple résonance, même méta, n'est pas qu'un simple détail), qui se nourrit autant de sa propre expérience personnelle que du livre Le journal du docteur Girafe de Caroline Simonds, fondatrice de l’association " Le Rire Médecin " (rebaptisé " Nez pour rire " dans le film) qui forme et emploie des clowns hospitaliers dans le but d'offrir un peu de rires et de soleil dans le cœur d'enfants hospitalisés - des vrais héros du quotidien, rien de moins.
Sur le papier, on pense instinctivement à un autre premier long-métrage pas si loin de nous, Le Grand Cirque de Booder et Gaëlle Falzerana sorti l'an dernier, dont le cadre, et en partie, le sujet, étaient similaires.

Mais au récit soliste (ce qu'il est, une fois encore en partie, puisque sensiblement vissé sur les atermoiements d'une jeune artiste de rue - excellente Aloïse Sauvage - qui, à la suite d'une grave blessure, se reconstruire au contact d'enfants malades), Kateb préfère un drame plus choral dans sa célébration pleine de tendresse d'un métier dont on oubli l'importance (clown, essentiel dans le milieu hospitalier tant le rire est une arme indispensable face à la maladie), où le rythme un brin boiteux et la mise en scène tout aussi fragile, se voit continuellement contrebalancer par sa modestie, par sa démarche à la fois dénuée de tout cynisme et de tout sentimentalisme putassier.

Copyright Jérôme Prébois

Et sa magie, même fugace et appuyant mignon sur notre corde sensible, fait joliment son office, lui qui convoque l'aura d'un divertissement populaire presque perdu, pour mieux donner du corps et du cœur à un vrai petit bout de cinéma bon et généreux, pétri d'humanité et de tendresse.
Un de ses rendez-vous qui ne se refuse pas, et encore plus aujourd'hui dans un climat où la solidarité et le bon vivre-ensemble ne se cultive plus, et où les gouvernants dans leur tour d'ivoire, sont de plus en plus sourds et aveugle, laissant un hôpital public dans un état de décrépitude qui a depuis longtemps dépassé le stade de l'alarmant...


Jonathan Chevrier