Breaking News

[CRITIQUE] : The Shadow Strays


Réalisateur : Timo Tjahjanto
Acteurs : Aurora RiberoHana Malasan, Ali FikryAdipati Dolken,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Arts Martiaux, Thriller.
Nationalité : Indonésien.
Durée : 2h24min.

Synopsis :
Codename 13, une jeune tueuse de 17 ans, est suspendue à la suite d'une mission bâclée au Japon. Elle rencontre Monji, 11 ans, qui a perdu sa mère, et qui souhaite partir à sa rescousse.



Critique :



Depuis le formidable diptyque The Raid (surtout le second, Berandal) de Gareth Evans, le cinéma Indonésien a pu jouir d'un éclairage amplement mérité lui qui a su, avec une force et une maestria proprement indécente, révolutionné un cinéma d'action qui n'en demandait pas tant.

Clairement de ceux à avoir su se frayer un chemin jusqu'aux cimes d'Hollywood (il vient tout juste de boucler la suite du très chouette Nobody), Timo Tjahjanto, qui avait méchamment su attirer notre attention autant avec le longuet mais jouissif Headshot (avec Iko Uwais), qu'avec le méchant et sanglant The Night Come For Us (toujours avec Uwais mais aussi et surtout avec le tout aussi bondissant Joe Taslim), revient nous rappeler au bon souvenir de son cinéma musclé avec The Shadow Strays - L'ombre rebelle par chez nous, pourquoi pas -, toujours frappé par son sens singulier et brutal du chaos.

Copyright Netflix

Tapant une nouvelle fois dans le mille pour ce qui est de titiller notre penchant régressif pour les bisseries hyper-violentes et limitées qui habitent les songes humides de Tarantino (chacun ses déviances, assumez-les seulement), Tjahjanto pousse les potards encore un peu plus loin que pour ses précédents efforts, en faisant exploser le ratio des excès à un niveau frisant lourdement avec l'indécence du bon goût.
Oui, le lascar est à la fois gourmand et définitivement trop généreux pour son bien (le mot " trop " ne fait absolument pas partie de son vocabulaire, on s'en doutait avant, on en est sur aujourd'hui), sorte d'éternel ado enthousiaste qui donne tout à l'écran mais ne sait jamais où placer ses limites, typiquement le genre de figure attachante capable de concocter des délires certes jubilatoire et orgiaque, mais avant tout et surtout éreintant tant l'exécution ne rejoint jamais assez les (plus où moins bonnes) intentions du départ.

Et avec The Shadow Strays, ça ne loupe pas - le mot est faible.
D'une intrigue supposément simple (les aléas autour de l'expression un peu trop marquée de la lueur d'empathie, d'une membre d'une organisation d'assassins d'élite connue sous le nom des Shadows, censée n'avoir aucune morale et qui, pour le juste prix, tue absolument n'importe qui), plongée dans les méandres d'une Jakarta repeinte très vite en rouge sang (mais visiblement bardée de lieux creux et sans âmes), le cinéaste tisse une odyssée inutilement tentaculaire qui se rêve un peu trop comme une héritière de The Raid 2 (politique, trafic de drogue, quête rédemptrice, kidnapping... où comment confondre expansion d'univers et surcharge narrative maladroite), sans la clarté ni l'écriture ciselée qui doit aller avec (aucun des personnages n'arrivent in fine à se détacher de son archétype).

Copyright Netflix

Bordélique et bien trop étiré pour son bien (quasiment deux heures et demie au compteur), enchaînant tellement les envolées sanglantes sous CGI, qu'on se demande comment le logiciel n'a pas pu planter vingt fois au montage (où comment saccager une bonne frange de l'aura épique de ses empoignades musclées); Tjahjanto, sérieux tel un poète qui réciterait les paroles d'une chanson d'Aya Nakamura comme du Beaudelaire, privilégie tout du long - et encore plus dans son final déglingué - un régime gras à base de gras, sans jamais changer le bain d'huile malgré la prestance tout en grâce d'Aurora Ribero.

Le résultat se fait donc indigeste et pourtant désespérément sympathique dans son authenticité brute, dans sa manière de jouer sur notre usure pour mieux nous faire ressentir (plus que de raison, encore une fois) celle de ses guerriers et guerrières de l'impossible, embaumés par la mort.
Le gars est généreux qu'on vous dit mais parfois, trop de générosité tue (vraiment) la générosité...


Jonathan Chevrier