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[CRITIQUE] : Niki


Réalisatrice : Céline Sallette
Acteurs : Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, John Robinson, Judith Chemla,...
Budget : -
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Genre : Biopic.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min

Synopsis :
Ce film est présenté en sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2024.

Paris 1952, Niki s’est installée en France avec son mari et sa fille loin d’une Amérique et d’une famille étouffantes. Mais malgré la distance, Niki se voit régulièrement ébranlée par des réminiscences de son enfance qui envahissent ses pensées. Depuis l’enfer qu’elle va découvrir, Niki trouvera dans l’art une arme pour se libérer.



Critique :



Il y a toujours quelque chose de profondément intéressant à l'idée de voir un ou une grande comédienne se décider à sauter le pas difficile de la réalisation et  passer derrière la caméra, à l'idée de voir si il où elle laissera s'exprimer une vraie vision de cinéma, de voir si il ou elle laissera parler les influences des cinéastes qui ont jalonnés sa carrière...

Où pas du tout, tant tout peut être motivé également, par un but sincère de pouvoir offrir aux spectateurs, quelque chose sur eux/elles-mêmes qu'ils/elles n'avaient pas pu faire passer au travers de films qui n'étaient pas les leur, de raconter des histoires, des destinées qu'ils/elles jugent importantes et passionnantes à vivre dans une salle jamais trop obscure.

Copyright Wild Bunch

On peut légitimement inscrire la définitivement trop rare Céline Sallette dans cette dite catégorie, à la vue de son premier long-métrage, Niki, mise en images passionnée et passionnante sur près d'une décennie, de l'existence de la plasticienne et artiste peintre Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle - renommée Niki par sa mère à l’âge de quatre ans, d'où le titre -, qui se démarque habilement de la popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque du biopic estampillé moderne, pour dresser un portrait ambitieux et captivant de son sujet, pensé autant pour divertir que pour instruire son auditoire.

Vissé sur le mantra à la fois puissant et essentiel, de montrer l'artiste comme une figure aussi complexe et résiliente que profondément en avance sur son temps, le film fait de Niki, incarnée avec délicatesse et conviction par une exceptionnelle - comme toujours - Charlotte Le Bon (dont l'expressivité extrême du regard, vaut mille mots) une femme inspiré et inspirante à l'équilibre psychologique et émotionnel fragile, mais qui saura trouver dans l'art un véritable moyen d'expression, un formidable exutoire à ces douloureux tourments intérieurs venus du passé qui l'assaillent, autant qu'aux attaques et aux préjugés du présent.
Une expression de l'art, un rapport à la matière que la cinéaste rend toujours palpable (d'autant qu'elle a le bon ton de ne pas montrer les œuvres de l'artiste, juste ses élans créatifs, poussant son auditoire à s'impliquer au-delà de la séance, à la découverte de celle-ci), presque physique même au sein de sa mise en scène particulièrement assurée et dynamique pour un premier effort.

Copyright Wild Bunch

Nouant quête existentielle et créativité dans un balai des sens où désespoir et illuminations artistiques ne font parfois plus qu'un, Céline Sallette célèbre l’importance autant que le talent (reconnu sur le tard) de Niki de Saint Phalle au cœur d'une œuvre soignée et prenante, pas exempt de quelques maladresses (inhérentes à tout premier long-métrage, évidemment), mais incroyablement généreuse et énergique.
Vivement la suite de son pendant cinéaste donc.


Jonathan Chevrier


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