[CRITIQUE] : Neuilly-Poissy

Réalisateur : Grégory Boutboul
Acteurs : Max Boublil, Mélanie Bernier, Claudia Tagbo, Steve Tientcheu, Malik Amraoui, Gérard Darmon, Gérard Jugnot,...
Distributeur : Paradis Films
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Magouilleur et beau parleur, naviguant entre son entreprise florissante et sa vie de famille épanouie, Daniel est un homme comblé. Mais, à la suite d’une malversation financière, il doit troquer du jour au lendemain son luxueux appartement de Neuilly contre une cellule de 9m2 dans la prison de Poissy. Du costard-cravate au survêt-claquettes, la chute est brutale. Daniel se retrouve perdu dans un environnement dont il ne connait pas les codes. Mais c’est sans compter sur sa tchatche, son humour et son sens inné de la débrouille…

Critique :

Prônant, certes naïvement mais d'une manière essentielle (surtout aujourd'hui), la fraternité et l'amitié comme barrière à la haine, #NeuilkyPoissy se fait une sympathique comédie carcérale et sociale porté par des dialogues affûtés et l'excellent abattage de sa distribution. pic.twitter.com/aL3DDAmJNU
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 7, 2024

Mine de rien, non sans quelques erreurs de parcours qui aurait pu lu être fatale (depuis l'excellent Les Gamins d'Anthony Marciano, on pense avant tout et surtout au ridicule Robin des bois, la véritable histoire... d'Anthony Marciano), Max Boublil est en train de se constituer une jolie filmographie, forte de choix discrets mais essentiels, que ce soit dans un giron de la comédie où il gravite comme un poisson dans l'eau (Adorable de Solange Cicurel, Play, une nouvelle fois d'Anthony Marciano, comme quoi) ou même celui de la romance délicate (Double Foyer de Claire Vassé).

Nouvelle preuve en date avec le gentiment piquant Neuilly-Poissy, premier long-métrage du scénariste Grégory Boutboul (les pas vraiment mémorable Amis Publics et 30 Jours max) petit morceau de cinéma plein d'ambition arpentant un sous-genre très peu ou presque abordé dans l'hexagone : la comédie carcérale.

Pas un petit pari donc, pour une histoire vissé sur les atermoiements d'un magouilleur au bagout exacerbé, Daniel, dont la vie personnelle et professionnelle - il est restaurateur - est sans nuage jusqu'à ce qu'une malversation financière (employé des gens au black) l'amène tout droit par la case prison, un univers carcéral au sein du système pénitentiaire de Poissy dont il ne connait absolument pas les codes (c'est un quarantenaire de confession juive Neuilly, on le place au milieu de musulmans principalement issu de banlieues, soit un cocktail décemment explosif sur le papier) et où pourtant, avec sa tchatche et son sens inné de la débrouille (cacher ses origines comme ses croyances), il va survivre.

Plutôt couillu dans sa manière de s'amuser avec les clichés faciles et éculés, tout en prônant avec plus ou moins de subtilité (ou une insouciance salutaire, c'est selon) un appel à l'ouverture d'esprit, au (bon) vivre ensemble et à une réconciliation communautaire toujours possible, Neuilly-Poissy fait sensiblement mouche par la malice de ses dialogues et la manière affûté qu'à sa jolie galerie de talents, de les asséner face caméra.
Prônant, certes naïvement mais d'une manière essentielle (surtout aujourd'hui), la fraternité et l'amitié comme barrière à la haine, ce premier effort est une solide comédie carcérale et sociale comme on aimerait (vraiment) en voir plus souvent.

Jonathan Chevrier