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[CRITIQUE] : Marcello Mio


Réalisateur : Christophe Honoré
Acteurs : Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Melvil Poupaud, Benjamin Biolay, Nicole Garcia,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 2h01min

Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2024.

C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Chiara.
Elle est actrice, elle est la fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve et le temps d’un été, chahutée dans sa propre vie, elle se raconte qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père.
Elle s’habille désormais comme lui, parle comme lui, respire comme lui et elle le fait avec une telle force qu’autour d’elle, les autres finissent par y croire et se mettent à l’appeler « Marcello ».



Critique :



Joliment inscrit dans les pas familiers et tutélaires de Gus Van Sant et Gregg Araki, on avait laissé le cinéma du prolifique Christophe Honoré fin 2022 avec Le Lycéen, joli coming of age movie sensible et sensoriel porté par une approche à la fois crue du deuil et heurtée du tumulte adolescent; une bande à la fois imprévisible et littéralement à fleur de peau embaumée dans une ambiance brumeuse et - presque - intemporelle.

Le tout dominé par un solide quatuor Paul Kircher, Vincent Lacoste, Erwan Kepoa Falé et Juliette Binoche, totalement voué à sa cause.

Copyright Jean-Louis Fernandez

De gestion du deuil, il en est à nouveau question avec son nouvel effort, Marcello Mio, pas tant un film sur Marcello Mastroianni que sur la chair de sa chair, Chiara, comédienne solaire et indispensable à un septième art hexagonal qui n'a pourtant de cesse de la réduire, tout comme son talent, au statut de " fille de ".
Toute l'ironie du projet mais également sa beauté, réside alors dans l'expression extrême de cette identification extérieure par Chiara elle-même qui, malgré le désaccord de sa mère face à cette transmutation, commence à se fondre dans la personnalité omniprésente de son père, commence à le mimer et à se perdre derrière lui.

Troublant et fascinant, le quinzième long-métrage du cinéaste voit donc l'une de ses comédiennes fétiches vivre, littéralement, la vie à la place et dans la " peau " de son père (sans tomber dans l'écueil de l'imitation vulgaire, même lorsque l'on titille l'imaginaire des scènes clés de la filmographie de son paternel), assume l'idée d'être son écho à la fois intime et physique pour mieux se retrouver à travers lui, dans une sorte d'incantation cinématographique gentiment logé entre le drame intime, l'hommage sincère et fétichiste mais également la comédie filiale sous fond d'émancipation où, d'une manière assez miraculeuse, Chiara est à la fois Marcello Mastroianni et Chiara Mastroianni dans un même mouvement, fluide et délicat, charmant et bouleversant.

Copyright Jean-Louis Fernandez

Balade rêveuse et fantaisiste au cœur de la mélancolie des souvenirs, qui dessine une réflexion certes légère mais importante sur le métier d'acteur et ses répercussions - sur soi comme sur ses proche -, autant que sur la condition d'actrice, Marcello Mio, certes pas exempt d'un esprit bobo-bourgeois qui en laissera plus d'un sur le carreau, n'en est pas moins un doux et amer moment de cinéma, une belle et poétique déclaration d'amour d'une fille à son fantôme de père.


Jonathan Chevrier


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