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[CRITIQUE] : Les Trois Fantastiques


Réalisateur : Michaël Dichter
Acteurs : Diego Murgia, Emmanuelle Bercot, Raphaël Quenard, Jean Devie, Benjamin Tellier, Maxime Bailleul,...
Distributeur : Zinc Film
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français
Durée : 1h35min

Synopsis :
Max, Vivian et Tom, 13 ans, sont inséparables. Ce début d’été est plein de bouleversements : la dernière usine de leur petite ville des Ardennes ferme tandis que Seb, le grand frère de Max, sort de prison. Ses combines vont peu à peu entraîner les trois adolescents dans une chute qui paraît inéluctable...



Critique :



À une heure ou la nostalgie des 80s a sensiblement marqué la dernière décennie (et continue encore un peu, même si le fru allumé par Stranger Things s'éteint peu à peu, et pas forcément de ses plus belles étincelles), et que celle des 90s commence gentiment à pointer le bout de son nez, il y a quelque chose d'assez réconfortant dans l'idée de voir le septième art hexagonal laisser transparaître avec autant d'entrain et de générosité, son amour pour les péloches Amblin qui ont bercés nos enfances à tous - ou presque.

Copyright Zinc Film

Une époque bénie mais pourtant longtemps raillée par la cinéphilie bien pensante, ou les enfants/adolescents apprenaient la dure loi du passage à la vie d'adulte, non sans une bonne (grosse) dose de fantastique se présentant sous des atours aussi divers qu'enthousiasmant (extraterrestre, petite boule de poils attachantes, créatures mythiques, une machine à voyager dans le temps,...).
Une voie qu'épouse avec passion Michaël Dichter, à l'instar de Léo Karmann avec La Dernière Vie de Simon, pour son joli premier effort, Les Trois Fantastiques, petite bulle de d'humanisme et de marginalité dont la justesse comme la cohérence narrative n'est jamais remise en cause sur un tout petit peu plus d'une heure trente sensiblement réjouissante.

Tout du long calé dans l'ombre imposante du monument Stand-by me, vissé qu'il est sur une amitié pré-adolescente aux origines et aux personnalités dissemblables, censée survivre à toutes les épreuves, et encore plus à celle de la perte de l'innocence dans un cadre social comme familial, aussi difficile (des Ardennes économiquement et socialement sinistrées) que toxique; la narration enchaîne avec gourmandise les petites maladresses (caractérisation des personnages - surtout adultes -, taillés à la serpe, sa manière d'aborder le harcèlement scolaire,...) dans sa chronique d'une tragédie annoncée, ou un gosse tiraillé entre sa famille de sang (une mère dépassée, un grand frère égoïste qui enchaîne les galères, magistralement incarné par Raphaël Quenard) et sa famille de cœur (deux potes qu'il va trahir malgré lui), plonge lentement mais sûrement dans les limbes du malheur et du désenchantement face à la dureté du monde.

Copyright Zinc Film

Et pourtant, malgré tout, on y croit sincèrement à cette fable mélancolique et singulière sur la fin d'une époque que l'on voulait éternel (comme la douceur d'un été finalement), une ballade douloureuse sur une adolescence traumatisée qui se cherche, qui a un besoin vital d'espoir et d'amour dans un océan de solitude, d'abandon et de douleur contenue.
Charmant et sensible même si maladroit dans ses multiples visages, Les Trois Fantastiques incarne une épopée intime douce-amère et contrastée, un premier essai authentique et étonnamment audacieux, tout simplement.


Jonathan Chevrier