[CRITIQUE] : Borgo
Réalisateur : Stéphane Demoustier
Acteurs : Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.
Critique :
Discrètement mais sûrement, forte de choix qui l'a font explorer toutes les nuances de son jeu d'actrice, au point même d'être capable désormais d'alterner entre la réalisation et le jeu avec une facilité absolument déconcertante, Hafsia Herzi détonne, rayonne mais surtout impressionne sans le moindre effort, imposant un peu plus sa marque au fil des films, au sein d'un septième art hexagonal qui, n'ayons pas peur des morts, n'aurait pas été aussi captivant sa présence lumineuse depuis près de deux décennies désormais, et son explosion du côté du cinéma d'Abdellatif Kechiche (le magnifique La Graine et le mulet).
Un de ses talents rare et précieux, qui peut nous vendre un film et nous pousser à se rendre en salles sur sa seule et unique présence, autant que de ceux capables de relever les menus défauts d'une écriture et/où d'une mise en scène ne les mettant jamais assez en valeur - voire même les deux.
Mais de tels lacunes, tout comme avec le magnifique Le Ravissement de Iris Kaltenbäck (qui lui a valu une nouvelle nomination aux César), il n'y en a point à la vision du nouveau long-métrage de l'éclectique Stéphane Demoustier, Borgo, puissant thriller psychologique et carcéral inspiré de faits réels (celle de Cathy Sénéchal, ancienne surveillante de la prison de Borgo, accusée d'être impliquée dans un double assassinat à l'aéroport de Bastia-Poretta fin 2017, dont le procès est prévu pour mai prochain).
L'histoire, scindée de deux parties bien distinctes (une narration au présent, une autres quelques mois auparavant), suit celle de Melissa, 32 ans au compteur et surveillante pénitentiaire expérimentée, fraîchement débarquée sur l'île de beauté avec ses deux jeunes enfants et son mari.
Un nouveau départ pour une nouvelle vie loin d'être idyllique tant leur intégration personnelle comme professionnelle, est loin d'être rose, elle qui doit désormais travailler au sein du centre pénitentiaire Borgo, prison à ciel ouvert dont on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens, et non l'inverse.
Son intégration se voit, de manière improbable, bientôt facilitée par un jeune détenu influent qui la prend sous son aile, Saveriu, qu'elle a connue sur le continent.
Mais une fois libéré, la jeune femme va vite comprendre que toute faveur à un prix, et une dette réellement coûteuse...
Sombre et captivante plongée dans une spirale infernale à la tension grimpant crescendo, flanquée au plus près d'une figure dont les intentions/motivations s'avèrent tout aussi troubles que ses actes, Demoustier use et s'amuse des codes du thriller à la fois psychologique et carcéral, pour mieux délivrer un solide morceau de cinéma à la vérité savamment complexe, dénuée de tout manichéisme putassier et à la caméra assurée.
Puissant portrait de femme à la fois impénétrable et tout en vulnérabilité, autant qu'auscultation sans esbrouffe d'une Corse loin d'être touristique, entre racisme, violence et criminalité exacerbée (sans que cela soit asséné aux spectateurs comme une diatribe sentencieuse et caricatural digne d'un épisode d'Enquête Exclusive), Borgo en impose, au moins autant que sa merveilleuse interprète vedette.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.
Critique :
Sombre et captivante plongée dans la spirale infernale d'une figure féminine à la fois impénétrable et tout en vulnérabilité, #Borgo se fait un solide thriller psychologique et carcéral au cœur d'une île de beauté loin d'être touristique, dominé par une merveilleuse Hafsia Herzi. pic.twitter.com/E5IRJran7O
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 17, 2024
Discrètement mais sûrement, forte de choix qui l'a font explorer toutes les nuances de son jeu d'actrice, au point même d'être capable désormais d'alterner entre la réalisation et le jeu avec une facilité absolument déconcertante, Hafsia Herzi détonne, rayonne mais surtout impressionne sans le moindre effort, imposant un peu plus sa marque au fil des films, au sein d'un septième art hexagonal qui, n'ayons pas peur des morts, n'aurait pas été aussi captivant sa présence lumineuse depuis près de deux décennies désormais, et son explosion du côté du cinéma d'Abdellatif Kechiche (le magnifique La Graine et le mulet).
Un de ses talents rare et précieux, qui peut nous vendre un film et nous pousser à se rendre en salles sur sa seule et unique présence, autant que de ceux capables de relever les menus défauts d'une écriture et/où d'une mise en scène ne les mettant jamais assez en valeur - voire même les deux.
Copyright Petit Film & France 3 cinema |
Mais de tels lacunes, tout comme avec le magnifique Le Ravissement de Iris Kaltenbäck (qui lui a valu une nouvelle nomination aux César), il n'y en a point à la vision du nouveau long-métrage de l'éclectique Stéphane Demoustier, Borgo, puissant thriller psychologique et carcéral inspiré de faits réels (celle de Cathy Sénéchal, ancienne surveillante de la prison de Borgo, accusée d'être impliquée dans un double assassinat à l'aéroport de Bastia-Poretta fin 2017, dont le procès est prévu pour mai prochain).
L'histoire, scindée de deux parties bien distinctes (une narration au présent, une autres quelques mois auparavant), suit celle de Melissa, 32 ans au compteur et surveillante pénitentiaire expérimentée, fraîchement débarquée sur l'île de beauté avec ses deux jeunes enfants et son mari.
Un nouveau départ pour une nouvelle vie loin d'être idyllique tant leur intégration personnelle comme professionnelle, est loin d'être rose, elle qui doit désormais travailler au sein du centre pénitentiaire Borgo, prison à ciel ouvert dont on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens, et non l'inverse.
Son intégration se voit, de manière improbable, bientôt facilitée par un jeune détenu influent qui la prend sous son aile, Saveriu, qu'elle a connue sur le continent.
Mais une fois libéré, la jeune femme va vite comprendre que toute faveur à un prix, et une dette réellement coûteuse...
Copyright Petit Film & France 3 cinema |
Sombre et captivante plongée dans une spirale infernale à la tension grimpant crescendo, flanquée au plus près d'une figure dont les intentions/motivations s'avèrent tout aussi troubles que ses actes, Demoustier use et s'amuse des codes du thriller à la fois psychologique et carcéral, pour mieux délivrer un solide morceau de cinéma à la vérité savamment complexe, dénuée de tout manichéisme putassier et à la caméra assurée.
Puissant portrait de femme à la fois impénétrable et tout en vulnérabilité, autant qu'auscultation sans esbrouffe d'une Corse loin d'être touristique, entre racisme, violence et criminalité exacerbée (sans que cela soit asséné aux spectateurs comme une diatribe sentencieuse et caricatural digne d'un épisode d'Enquête Exclusive), Borgo en impose, au moins autant que sa merveilleuse interprète vedette.
Jonathan Chevrier