[CRITIQUE] : Revivre

Réalisateur : Karim Dridi
Avec : -
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h38min.

Synopsis :
Jour et nuit, deux couples de parents entourent leurs enfants de soin et d’attention, dans l'attente d'un don d’organe. Leur soutien, allié à l'extraordinaire dévouement des soignants, est vital sur le chemin de la guérison. Une célébration de l'espoir, de la résilience et de l'engagement – une véritable histoire d’amour !

Critique :

D'une délicatesse folle, #Revivre célèbre la beauté de la vie sans en masquer sa cruauté glaciale, au cœur d'un hommage plein d'amour et complice autant au corps medical qu'à ses nombreux parents résilients, n'aspirant qu'à voir la chair de leur chair avoir une existence normale. pic.twitter.com/Axm5xWkmon
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 3, 2024

Force est d'admettre qu'il y a un sacré grand écart, presque digne des plus grandes heures de notre JCVD d'amour (non, on ne le cite jamais assez), entre les deux plus récents efforts du cinéaste franco-tunisien Karim Dridi.

Sorti il y a quasiment huit ans, et adoubé par la réunion Cannoise, Chouf, vendu à raison comme un " The Wire à la française " (true story), tant il reprenait avec gourmandise et jusqu'à l'excès, les scènes comme les codes et l'essence du monument de David Simon et Ed Burns, dans un cycle de citation/réappropriation indigeste et cousu de fil blanc; avait sensiblement du mal à marquer la rétine quand bien même il était voulu comme une conclusion authentique et réaliste à sa trilogie marseillaise, initiée par Bye-bye et Kamsa.
Note quite or tempo.

Pas la même limonade avec Revivre, pour lequel il retrouve le giron du documentaire vingt-cinq ans après Cuba Feliz, plongée délicate et bouleversante au coeur du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital de la Timone à Marseille, vissée sur l'intimité pendant une année charnière, de deux couples de parents emprisonnés dans l'attente insoutenable d'une greffe pour leurs bébés malades - un cœur pour Selim, un foie pour Luna -, alors qu'ils viennent d'être difficilement arrachés aux mains de la grande faucheuse, et luttent chaque jour pour survivre.

Un exercice funambule, à la fois détaché dans sa volonté de s'effacer et de laisser respirer chacune des expériences individuelles - sans jamais jouer la carte du voyeurisme putassier -, mais suffisamment proche pour coller à la vérité d'un quotidien tout en résilience aussi angoissé et qu'angoissant, aussi épuisant qu'il est pourtant continuellement frappé par le sceau de l'amour parental inconditionnel, et l'espoir d'un avenir meilleur.

D'une universalité et d'un humanisme incroyable, sensible et immersif autant qu'il est pudique et d'une simplicité renversante, avec Revivre, Karim Dridi célèbre la beauté de la vie sans pour autant en masquer sa cruauté glaciale, au cœur d'un hommage plein d'amour et complice autant au corps medical qu'à ses âmes dignes et résilientes, n'aspirant qu'à voir la chair de leur chair avoir une existence normale.
La séance bouleversante de la semaine - avec Débâcle de Veerle Baetens.

Jonathan Chevrier