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[CRITIQUE] : La Vie de ma mère


Réalisateur : Julien Carpentier
Acteurs : Agnès Jaoui,  William Lebghil, Alison Wheeler, Salif Cissé,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Pierre, 33 ans, fleuriste à succès, voit sa vie basculer lorsque sa mère, Judith, fantasque et excessive, débarque dans sa vie après deux ans sans se voir. Pierre n’a qu’une idée, reprendre le cours normal de sa vie, mais rien ne se passe comme prévu. Leurs retrouvailles, aussi inattendues qu’explosives, vont transformer Pierre et Judith à jamais.



Critique :


Mine de rien, en l'espace de quelques péloches mieux que bien choisies, William Lebghil est gentiment passé du stade de second couteau irritant d'un teen show français embarassant et jamais drôle - SODA - à celui de trublion sympathique et (très) plaisant à suivre du septième art hexagonal, dont on ne peut que louer chacune de ses partitions, quelles  soient au premier comme au second plan (Première Année et Un Métier Sérieux chez Thomas Lilti, Ami-Ami de Victor Saint-Macary, Voyez comme on Danse de Michel Blanc, Yves de Benoît Forgeard, Debout sur la Montagne de Sébastien Betbeder, Grand Paris de Martin Jauvat,...).

On a connu des écarts plus imposant, mais pas beaucoup.

Copyright Silex Films - CPCF 5

À tel point que l'on pourrait presque, même si quelques contre-exemples viendraient évidemment contredire cela (vraiment peu, à la différence de beaucoup), dire que tout produit auquel s'attache le bonhomme, vaut décemment son pesant de pop-corn.
Et ce n'est pas le premier long-métrage de Julien Carpentier, La Vie de ma mère, qui viendra contredire cette vérité, comédie dramatico-familial gentiment décalée qui ne sacrifie jamais ses rires sincères sur l'autel d'une émotion qui l'est tout autant.

À la lisière du buddy movie filial, la narration se fixe sur un jeune trentenaire à la vie plus ou moins tranquille, Pierre, un fleuriste au business florissant (même pas pardon), dont la carrière est en passe de faire un gros bond, le jour même où il apprend que son excessive mère, Judith, de qui il a hérité la passion pour les fleurs, s'est échappée de l'établissement psychiatrique où elle est internée depuis quelques années, elle qui est frappée par une forme musclée de bipolarité.
Évidement, elle vient littéralement bousculer la vie de son fils jusque-là bien rangée, et si celui-ci avait un temps dans l'idée de la ramener dans la clinique où elle est soignée, la proximité nouvelle qu'ils vont cultiver au détour de leurs aventures aussi douces que loufoques, va leur permettre de mieux se comprendre mais surtout, de renforcer l'amour qu'ils se portent l'un et l'autre.

Copyright Silex Films - CPCF 5

Jonglant sur le fil tenu d'un humour complice mais jamais moqueur (qui rit avec l'excentricité de ses personnages, et non de la maladie) et d'une émotion sincère dont la délicatesse nous rattrape dans un dernier tiers infiniment touchant (sans pour autant sombrer dans le pathos de supermarché facile et indigeste), La Vie de ma mère se fait un joli premier effort funambule, drôle et emphatique, juste et d'une sobriété désarmante, où le rire et la mélancolie forment un ballet détonnant et enchanteur, renforcé par la partition exceptionnelle de son casting vedette.

Que ce soit une Agnès Jaoui des grands jours qui incarne une nouvelle fois (une poignée de semaines après sa partition fantastique en mère juive dans Les Derniers Juifs de Noé Debré) une matriarche aussi atypique et fantasque qu'aimante (ou elle pousse le bouchon joyeusement sans se perdre dans les méandres du cabotinage extrême, ou un William Lebghil attachant en trentenaire renfermé qui, en côtoyant sa mère, apprend à s'ouvrir au monde et aux autres (peut-être l'un des rôles les plus exigeants de sa filmographie).
Difficile de ne pas mentionner également Alison Wheeler en love interest petillante - mais pas que -, mais également un excellent Salif Cissé en employé/BFF de Pierre.

Copyright Cloe Harent - Silex Films

Cochant habillement toutes les cases du feel good movie drôle, simple - mais jamais simpliste - et émouvant, tout en compréhension et en acceptation, La Vie de ma mère incarne tout du long une formidablement douce-amère et empathique expérience, plaquée sur l'histoire d'amour complexe mais bouleversante entre une mère et son fils.
Il en faut peut pour être heureux comme le disait Baloo (paye tes références), mais encore faut-il se donner le droit de l'être...


Jonathan Chevrier



Copyright Silex Films - CPCF 5

Tout le monde a déjà traîné une forme de spleen et de questionnement du quotidien. C’est une étape assez régulière pour tout un chacun au vu des nombreuses inquiétudes existentielles qui nous assaillent au quotidien. Cela peut passer par plusieurs points mais le plus souvent, c’est par notre besoin de relations avec nos proches, encore plus avec notre famille. Et si ce sujet pourrait paraître régulièrement abordé, cela n’empêche pas le cinéma d’offrir de petites merveilles, à l’instar de La Vie de ma mère, premier long-métrage de Julien Carpentier qui revient sur une journée passée par une mère fantasque et son fils habitué à un certain quotidien.

Copyright Silex Films - CPCF 5

Très rapidement, le film parvient à poser ses personnages et surtout la relation entre Judith et Pierre. La façon dont Agnès Jaoui et William Lebghil parviennent à développer un lien maternel brisé parvient à émouvoir par sa simplicité mais également la douceur empathique qui caractérise bien le film. De là, Julien Carpentier parvient à maintenir cette direction tout du long, bien aidé en ce sens par sa direction d’acteurs toujours juste dans l’équilibre comique et dramatique. De plus, son rapport aux sentiments approfondit d’autant plus la sensibilité du long-métrage.

C’est ainsi que se confrontent une mère exubérante, qui n’hésite pas à raconter une évasion avec une approche totalement fantasque, et un jeune homme mû un bon moment de la narration d’une colère intériorisée envers son parent. Les regrets s’adressent souvent entre les deux tout en exhortant à une meilleure appréhension de ses émotions pour le personnage de Pierre. Il s’y construit une vulnérabilité masculine assez libératrice, un appel à se confronter à ses blessures tout en renouant à une certaine vérité émotionnelle. Il en ressort alors une direction tonale qui n’hésite pas à rappeler ce besoin de connexion, à soi et aux autres, notamment dans une jolie séquence de karaoké.

Copyright Silex Films - CPCF 5

La Vie de ma mère se fait alors comédie dramatique douce-amère, exhortation à assumer ses sentiments et envies tout en dressant un joli portrait maternel. Agnès Jaoui et William Lebghil sont touchants dans leur façon respective de contrebalancer l’autre et Julien Carpentier parvient à capter cette force bouleversante avec autant de retenue que de justesse. Cela en fait en tout cas un film bien doux méritant un grand soutien en salle, d’autant plus pour un premier long-métrage aussi émotif et chargé d’amour pour ses personnages.

 
Liam Debruel