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[CRITIQUE/RESSORTIE] : L'Enfer des armes


Réalisateur : Tsui Hark
Avec : Lin Chen-chi, Lo LiehAlbert AuPaul Chee,…
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Action, Policier, Thriller.
Nationalité : Hong-Kongais, Chinois.
Durée : 1h35min

Date de sortie : 30 juillet 1985
Date de ressortie : 07 février 2024

Synopsis :
Hong-Kong, 1980. Une jeune fille pousse trois étudiants, responsables d’un meurtre, dans une dérive meurtrière et nihiliste.



Critique :


À ceux qui considère, souvent à raison, que le jeu des comparaisons est plutôt stérile (surtout quand il est réalisé sans vrai fondement), impossible de ne pas voir en celle qui assimile Tsui Hark comme le " Steven Spielberg chinois " (sobriquet également donné à Feng Xiaogang, comme quoi), la meilleure eau qui soit pour alimenter leur moulin.

Sur le papier, difficile de tisser de réels liens solides entre le papa de Jaws et l'une des figures les plus importantes de la nouvelle vague Hongkongaise (son statut de producteur influent ou sa propension à enchaîner les succès imposant au Box-office, et encore), de nouer des atomes crochus entre la folie du génie créatif du papa de Zu, les guerriers de la montagne magique, et le cinéaste américain, de comparer l'éclectisme furieux des deux là où le premier fut quand-même capable de canaliser les kickeries sous coke (saloperie de boisson gazeuse...) de JCVD, entre une comédie romantico-barrée (Tristar) et un polar monumental (Time and Tide).

Copyright Metropolitan FilmExport

Incomparable, et encore plus lorsque l'on s'attarde sur ses débuts savoureusement anarchique, que ce soit Butterfly Murders ou L'Enfer des Armes, un brin charcuté par la censure (on est loin des coupures à la Miike, mais quand-même), plongée violente et nihiliste dans un Hong-Kong dépravé, vissée sur une poignée de gamins bourgeois qui trompent leur ennui et nourrissent leur désir d'excitation dans une violence à la fois folle et sans concession (jusque dans une violence animale proprement dérangeante).

À travers l'odyssée percutante et le portrait psychologique de quatre jeunes adultes passant d'anarchistes à terroristes (dont une incroyable Lin Chen-chi, qui bouffe littéralement l'écran), qui s'épanouissent dans des jeux de plus en plus dangereux, Hark croque une métaphore brutale des ravages d'une désaffection sociale aussi marquée que sauvage, ou une jeunesse irresponsable et immorale, expurgée de toute figure parentale, se confronte frontalement aux maux d'une société anxiogène (xénophobie, violence et incompétence policière, capitalisme, arrogance occidentale,...), jusqu'à un climax toujours aussi pessimiste et dingue, même quatre décennies plus tard.
Une (re)découverte folle, une œuvre radicale ou Hark chorégraphie le chaos comme personne, dans une vision subversive d'une Hong-Kong explosive et au bord de l'implosion.


Jonathan Chevrier